
C’est ce matin qu’ont été annoncé les nominations du 13e gala des
Jutra, qui se déroulera le 13 mars prochain. C’est sans surprise qu’
Incendies de Denis Villeneuve part favori dans la course, avec 10 mentions. Pourtant quelques surprises et de nombreuses aberrations figurent dans ce palmarès qui, année après année, ne fait toujours pas l’unanimité.
Meilleur film10 et demi
Les amours imaginaires
Curling
Incendies
Les signes vitaux
Cela fait beaucoup de bien de voir
Curling et, surtout,
Les signes vitaux. Il est également normal d'avoir retenu
Incendies et
10 et demi. Sans doute que
Les amours imaginaires y est pour la popularité de son cinéaste, même si le film ne fait pas nécessairement le poids lorsqu’on le compare à
Trois temps après la mort d’Anna,
À l’origine d’un cri et
Route 132.
Meilleure réalisationDenis Côté (Curling)
Xavier Dolan (Les amours imaginaires)
Kim Nguyen (La cité)
Podz (10 et demi)
Denis Villeneuve (Incendies)
Villeneuve, Podz, Dolan : des choix logiques et attendus. Mais pas le
Côté qui mérite pleinement d’y être. La présence du talentueux Nguyen s’explique par le fait que
La cité est un très bel objet technique, mais au scénario un peu laborieux. Pourtant il aurait été légitime de lui préférer Podz pour
Les sept jours du Talion, Robin Aubert pour
À l’origine d’un cri et même Rafaël Ouellet pour
New Denmark.
Meilleure actriceLubna Azabal (Incendies)
Suzanne Clément (Tromper le silence)
Mélissa Désormeaux-Poulin (Incendies)
Évelyne Rompré (2 fois une femme)
Guylaine Tremblay (Trois temps après la mort d’Anna)
Ignorer Guylaine Tremblay dans cette catégorie aurait été une insulte, et il est intéressant de voir le combat que se livreront les deux comédiennes d’
Incendies. La présence d’Évelyne Rompré relève de la prise de risques... qui fait beaucoup de bien. Tout le contraire de Suzanne Clément. Pourquoi ne pas avoir opté pour
Marie-Hélène Bellavance, une des révélations de
Les signes vitaux?
Meilleur acteurJay Baruchel (The Trotsky)
Emmanuel Bilodeau (Curling)
Jacques Godin (La dernière fugue)
Claude Legault (10 et demi)
François Papineau (Route 132)
Trois choix logiques sur cinq. Papineau part favori, Bilodeau le seconde et Baruchel est là pour aller chercher une clientèle plus jeune. Claude Legault trouve son meilleur rôle en carrière dans
10 et demi. Mais cela aurait été plus pertinent de le retenir dans la catégorie du meilleur acteur de soutien et de privilégier son jeune collègue
Robert Naylor, déjà retenu aux Génie dans la section du meilleur acteur. La sélection de Jacques Godin est également difficile à saisir. Surtout en considérant les grands compétiteurs délaissés (
Michel Barrette si bouleversant dans
À l'origine d'un cri, Claude Legault pour
Les sept jours du Talion, et même Paul Giamatti si l’on considère que
Barney’s Version est un film québécois…).
Meilleure actrice de soutienDorothée Berryman (Cabotins)
Marie Brassard (Les signes vitaux)
Geneviève Chartrand (Le journal d’Aurélie Laflamme)
Isabelle Miquelon (La dernière fugue)
Danielle Proulx (Reste avec moi)
Sans aucun doute la catégorie la plus aberrante du lot. Mis à part Marie Brassard, à peu près personne ne mérite d’y figurer.
Cabotins et
Reste avec moi ont réussi l’exploit de saborder ses excellentes distributions, alors que les deux autres comédiennes arrivaient difficilement à sortir du lot. Étrangement
Anne-Élisabeth Bossé pour
Les amours imaginaires y est dans cette même catégorie, mais aux Génie. Cela aurait été le bon moment de jouer d’audace. Retenir une des actrices de
Lucidité passagère par exemple, une des jeunes frimousses de
New Denmark, reconnaître que Mélissa Désormeaux-Poulin avait peut-être un rôle moins important dans
Incendies que Lubna Azabal (ou vice-versa), ou même d’y aller d’un doublé Les
signes vitaux en rajoutant la merveilleuse
Danielle Ouimet. N’importe quoi (ou presque, au moins Anik Jean n’y est pas pour
Filière 13), mais pas ça.
Meilleur acteur de soutienMartin Dubreuil (Les sept jours du Talion)
Yves Jacques (La dernière fugue)
Jean Lapointe (À l’origine d’un cri)
Alexis Martin (Route 132)
Gérard Poirier (Reste avec moi)
Alexis Martin et Martin Dubreuil étaient des choix évidents. Comme cette édition des Jutra paye un hommage à Jean Lapointe, sa sélection relevait de l’évidence. Quel dommage que
Patrick Hivon n’y figure pas pour
À l’origine d’un cri. De même que Claude Legault ou Robert Taylor pour
10 et demi et François Papineau pour
Trois temps après la mort d’Anna. Ils sont tous plus habités que Gérard Poirier (qui s’offre un retour à l’écran remarqué) et Yves Jacques.
Meilleur scénarioRobin Aubert (À l’origine d’un cri)
Michael Konyves (Barney’s Version)
Claude Lalonde (10 et demi)
Ian Lauzon (Piché entre ciel et terre)
Denis Villeneuve, avec la collaboration de Valérie Beaugrand-Champagne (Incendies)
Le talent de Robin Aubert est enfin reconnu! Tout comme Claude Lalonde qui a pondu un scénario vraiment supérieur à la/sa moyenne. Ce n’était qu’une formalité pour
Incendies. Les deux autres choix demeurent cependant très questionnables. Le film sur
Barney est particulièrement édulcoré par rapport au livre, alors que
Piché comporte des failles béantes. À ce chapitre
Route 132 est mieux fignolé, tout comme
Les signes vitaux,
Trois temps après la mort d’Anna,
Curling et
Les sept jours du Talion.
Meilleur documentaireLa belle visite
Le cœur d’Auschwitz
Pierre Falardeau
Les porteurs d’espoir
Vous n’aimez pas la vérité : 4 jours à Guantanamo
Dans l’ensemble ce sont des sélections qui se tiennent. Mais est-ce que
Pierre Falardeau est réellement supérieur à
Les Fros de Stéphanie Lanthier? Bien sûr que non!
Alors qu’est-ce qui ressort de ces nominations? De belles surprises avec
Curling et
Les signes vitaux qui sont enfin reconnus à leur juste valeur. Mais également plusieurs aberrations, dont les nombreuses sélections de
Reste avec moi et
La dernière fugue, l’absence remarquée de Robert Naylor, de Michel Barrette et celle de
New Denmark. Sans doute que c’est impossible de satisfaire tout le monde, mais parfois il faut seulement y aller avec le bon sens.