vendredi 31 mai 2024

Film du jour: In a Violent Nature


Acclamé lors de la séance de minuit de Sundance, In a Violent Nature de Chris Nash tente de révolutionner le film de slasher en présentant les événements selon le point de vue du tueur. Une bonne idée sur papier, surtout que le rythme est languissant et la photographie souvent soignée. Sauf que cela devient rapidement un exercice de style maniéré (le cinéaste cite comme inspirations Malick et le Elephant de Gus Van Sant), où les clichés - sur l'histoire, les personnages et les dialogues - façon Friday the 13th sont reproduits. En plus de quelques scènes assez jubilatoires, on se serait attendu à davantage de frissons et un meilleur montage sonore. **1/2

jeudi 30 mai 2024

Entrevue Martin Provost (Bonnard, Pierre et Marthe)


Martin Provost renoue avec la peinture par l'entremise de Bonnard, Pierre et Marthe, qui s'intéresse aux amours tumultueux des peintres impressionnistes. Je me suis entretenu avec le cinéaste français et mon entrevue est à lire sur Cinoche

mercredi 29 mai 2024

Film du jour: Foudre


Sélection de la Suisse aux Oscars, Foudre est le fantastique premier long métrage de Carmen Jaquier. Une oeuvre mystérieuse, lyrique et poétique sur une adolescente coincée dans son époque (le récit se déroule en 1900) qui cherche à découvrir les causes de la mort de sa soeur. Sur le plan esthétique, le film souffle tout sur son passage et sa quête de transcendance élève constamment l'ensemble. Mon avant-plan est à lire dans le magazine Ciné-Bulles. ****

mardi 28 mai 2024

Film du jour: La voiture d'essai noire


Adepte de satires glaçantes, Yasuzo Masumura remet ça avec La voiture d'essai noire (1962), s'intéressant cette fois à la compétition effrénée et l'espionnage industrielle au sein de deux compagnies qui construisent des automobiles. Tendu, le récit passionne dans ses détours psychologiques et captive par sa riche utilisation d'un noir et blanc parsemé d'ombres... à l'image de ses personnages. ***1/2

lundi 27 mai 2024

Film du jour: Le christ s'est arrêté à Eboli


Adapté du roman éponyme de Carlo Levi, Le christ s'est arrêté à Eboli (1979) de Francesco Rosi questionne l'Italie fasciste pendant la Seconde Guerre mondiale. Politique dans son propos, documentaire dans sa façon de s'intéresser au sort de sa population rurale, le récit au rythme lent en est un d'observation et de recueillement. Gian Maria Volonté y trouve pour l'occasion l'un de ses meilleurs rôles. ****

dimanche 26 mai 2024

Film du jour: In Water


La 11e édition du Festival du film coréen du Canada qui se déroule au Cinéma Moderne jusqu'au 31 mai a débuté en grand avec la première québécoise de In Water de Hong Sang-soo. Minimaliste dans son fond, expérimental dans sa forme, le long métrage se veut volontairement flou, autant dans son image que dans ses thématiques. Communiquer n'est jamais facile chez ses personnages et si l'on retrouve son habituel trio mélancolique (un cinéaste qui tente de réaliser un film et ses deux comédiens), la musique opère plus que jamais, sublimant les petits riens du quotidien en rappelant la puissance du cinéma... avec ou sans budget. ***1/2

samedi 25 mai 2024

Film du jour: I Saw the TV Glow


La mélancolie mène le bal dans I Saw the TV Glow, qui relate le malaise de deux adolescents vivant en banlieue dans les années 1990. Sous le filtre du cinéma de genre (l'influence de Lynch est palpable), Jane Schoenbrun propose une oeuvre riche de thèmes (l'identité, le temps qui passe) et d'émotions qui prennent leur temps avant de prendre aux tripes. Malgré une seconde partie un peu plus éparpillée, l'effort séduit amplement par sa musique et son atmosphère unique. ***1/2

vendredi 24 mai 2024

Film du jour: Daaaaaali!


Quentin Dupieux propose avec Daaaaaali! une réflexion brillante sur la création et les affres du tournage, se moquant d'un genre aussi éprouvé que le biopic. Hériter de Bunuel et de Blier, le cinéaste s'en donne à coeur joie en pondant un récit hilarant et faussement ludique tant la proposition regorge de réflexions subtiles et douces-amères. Le fabuleux casting complète la réussite de cette oeuvre qui se plaît à tourner en rond pour mieux se retrouver. ***1/2

jeudi 23 mai 2024

Film du jour: Les tortues


Spécialiste des histoires d'amour qui tournent mal (Hors les murs, Je suis à toi, Troisièmes noces), David Lambert peine à se renouveler sur Les tortues. Ce récit sur le temps qui gangrène tout aurait pu être touchant. Sauf qu'il faut attendre la dernière scène pour palper un semblant d'émotion. Le reste embrasse les clichés les plus éculés, au sein d'une comédie rarement drôle qui arrive même à saboter les immenses talents de Dave Johns et d'Olivier Gourmet. **

mercredi 22 mai 2024

Film du jour: Poem


Akio Jissoji conclut sa trilogie bouddhiste avec Poem (1972), qui relate les frictions entre une riche famille et leur domestique dévoué. Moins hermétique que ses prédécesseurs, ce long métrage confronte ancien et nouveau monde, alors que l'individualité et le capitalisme étendent leurs tentacules sur les traditions et la pureté. Tordu, le récit sexuel et politique déroute allègrement, recourant à une superbe mise en scène aux images inoubliables. À méditer. ****

mardi 21 mai 2024

Film du jour: Rotting in the Sun


Quelle drôle de carrière que celle de Sebastian Silva, qui après des débuts plus que prometteurs avec The Maid, a vite embrassé le gros n'importe quoi. Piquant la curiosité dans sa façon de se moquer de son propre quotidien, Rotting in the Sun (2023) tourne rapidement en rond, ne sachant jamais comment transcender cette folle aventure sous fond de soleil et de drogue. Reste l'humour outrancier qui n'épargne rien ni personne. ***

lundi 20 mai 2024

Film du jour: Spring Night, Summer Night


Classique oublié du cinéma américain, Spring Night, Summer Night (1967) de Joseph L. Anderson emprunte la forme du néoréalisme italien pour exposer les relations ambiguës entre une soeur et son demi-frère. Récit minimaliste, superbe photographie en noir et blanc, interprétation puissante de comédiens non-professionnels: ce film d'exception expose avec virtuosité et poésie la vie de tous les jours. ****

dimanche 19 mai 2024

Film du jour: Irena's Vow


Inspiré d'une histoire vraie sur une Polonaise qui a caché des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, Irena's Vow de Louise Archambault est un film particulièrement conventionnel et consensuel, à la fois dans son écriture (superficielle) que dans sa mise en scène (décorative). Même les interprètes ne sont pas toujours crédibles dans leur façon de livrer les dialogues dans la langue de Shakespeare. Un rythme alerte et une trame sonore émouvante d'Alexandra Stréliski empêche toutefois de bailler aux corneilles. **1/2

samedi 18 mai 2024

Film du jour: Kanaval


Kanaval d'Henri Pardo aurait pu être un autre Ru: les tribulations d'un gamin qui fuit son pays (ici Haïti) pour s'établir au Québec. Si ce choc des cultures - et le récit d’initiation - qui s'ensuit ne brille pas par son originalité, il est magnifié par de superbes scènes oniriques qui font toute la différence. L'interprétation naturelle et la mise en scène expressive font oublier la confusion de certains moments et la trop longue durée de l'entreprise. ***

vendredi 17 mai 2024

Film du jour: Le mal n'existe pas


Après son magnifique Drive My Car, Ryüsuke Hamaguchi quitte la ville pour la nature dans Le mal n'existe pas, un drame écologique aussi fascinant que déconcertant. Ma critique complète est à lire dans le présent numéro de Ciné-Bulles. ****

jeudi 16 mai 2024

Film du jour: L'ouragan F.Y.T.


Quelque part entre Le ring et L'eau chaude, l'eau frette se dresse L'ouragan F.Y.T. d'Ara Ball, qui a adapté son court métrage culte en long. Cette ode à la marginalité et à la famille de reconstitution ne manque pas de clichés et de répétitions. Il est toutefois doté d'un rythme alerte, d'une magnifique photographie et d'interprètes sincères. Un conte punk comme il s'en fait trop peu dans la cinématographie québécoise. ***

mercredi 15 mai 2024

Film du jour: Green Fish


Premier long métrage de Lee Chang-dong, Green Fish (1997) traite de la jeunesse coréenne avec sincérité et brutalité. Reprenant à son compte de film de gangsters à la Scorsese, le récit l'humanise en épaississant la psychologie de ses personnages. Han Suk-kyu s'occupe du reste en offrant une performance assez mémorable. ***1/2

mardi 14 mai 2024

Film du jour: The Coffee Table


Rien ne sera plus comme avant chez une famille depuis que monsieur a décidé d'acheter une table à café. Telle est à la prémisse absurde de The Coffee Table de Caye Casas, une comédie espagnole très noire qui rend rapidement inconfortable. Dommage qu'une fois passé son flash démoniaque, le film tourne en rond. L'interprétation hystérique et la mise en scène suffocante ne sont pas là pour alléger le propos. En dvd et en vidéo sur demande. **1/2

lundi 13 mai 2024

Film du jour: Graver l’homme : arrêt sur Pierre Hébert


Très joli documentaire sur un homme d'exception, Graver l'homme: arrêt sur Pierre Hébert de Loïc Darses plonge dans le processus créatif du cinéaste d'animation pour en créer un portrait touchant et universel, d'une belle virtuosité cinématographique. J'en parle d'ailleurs dans La Presse. ***1/2

dimanche 12 mai 2024

Film du jour: Challengers


Luca Guadagnino (Call Me By Your Name, I am Love) ne cesse de filmer le désir. Pour Challengers, il imagine un triangle amoureux à la Jim & Jim qui se déroulerait dans l'univers du tennis. S'il n'y a rien de très profond au menu, le récit divertissant au possible est gratifié d'une mise en scène explosive (ellipses, ralentis, musique excessive) et d'un trio de comédiens aussi talentueux qu'affriolants. Un exercice de style quelque peu longuet pour les yeux et les oreilles. ***1/2

samedi 11 mai 2024

Film du jour: Madame de Sévigné


Correspondance épistolaire entre une mère et sa fille dans le Paris du 17e siècle, Madame de Sévigné d'Isabelle Brocard distille un certain ennui. Les leçons de féminisme sont tellement soulignées (à la sauce de la modernité, évidemment) et le scénario si soporifique qu'elles finissent par menotter la justesse de l'interprétation et l'élégance de la recréation d'époque. **1/2

vendredi 10 mai 2024

Film du jour: Le retour


Présenté l'année en compétition officielle à Cannes où il a créé une polémique, Le retour de Catherine Corsini est un drame social sur une mère et ses deux adolescentes qui passent l'été en Corse. Bénéficiant de paysages enchanteurs et d'interprètes de talent, le long métrage n'est pas le plus subtil dans son exposition de thèmes importants (le deuil, l'intégration), mais il demeure néanmoins pertinent comme récit d'initiation classique.  ***

jeudi 9 mai 2024

Film du jour: Kingdom of the Planet of the Apes


Après un premier épisode oubliable, la précédente trilogie de Planet of the Apes s'est conclut en beauté avec les excellents Dawn of... et War for... de Matt Reeves. Pourquoi déjà repartir cette licence avec une nouvelle trilogie? Car autant Kingdom of the Planet of the Apes de Wes Ball ne manque pas d'action avec ses effets spéciaux fabuleux, autant le récit s'avère superficiel et prévisible (cela ressemble parfois à une copie d'Avatar), s'échelonnant sur 145 répétitives minutes. En espérant que sa suite puisse freiner cette régression. ***

mercredi 8 mai 2024

Film du jour: La garde blanche


En filmant avec La garde blanche un Mexique qui est en train de tomber entre les mains d'entreprises privées, Julien Elie (Soleils noirs) s'intéresse à la violence ordinaire et à cette résistance qui devient de plus en plus héroïque. Il le fait en soignant sa mise en scène, qui regorge d'images extraordinaires et de fabuleux moments atmosphériques (la musique soignée joue pour beaucoup). ***1/2

mardi 7 mai 2024

Film du jour: Festin boréal


Quel est le destin d'une carcasse d'original? C'est à cette question que répond Festin boréal, un essai contemplatif de Robert Morin qui est à la fois un grand geste humaniste, cinématographique et politique. Évidemment, le plaisir se décuple en vivant l'expérience en salle, tant l'utilisation du son permet l'immersion souhaitée. ***1/2

lundi 6 mai 2024

Quoi voir aux Sommets du cinéma d'animation


La 22e édition des Sommets du cinéma d'animation s'ouvrent aujourd'hui. Pour l'occasion, voici six films ou activités à ne pas manquer. Mes choix sont à lire sur La Presse.
On y retrouve notamment La sirène (***), Adam change lentement (***), White Plastic Sky (***1/2) et Graver l'homme: arrêt sur Pierre Hébert (***1/2).

dimanche 5 mai 2024

Film du jour: Comme par magie


Adepte d'un cinéma à l'ancienne, Christophe Barratier signe avec Comme par magie probablement son pire film: un mélo imbuvable sur une famille éclatée de prestidigitateurs. Les quelques tentatives d'humour sont désespérées, la mise en scène d'une banalité sans nom et le duo formé de Kev Adams et Gérard Jugnot n'attire jamais la sympathie du spectateur. *1/2

samedi 4 mai 2024

Film du jour: Occupied City


Fascinant documentaire sur l'occupation allemande à Amsterdam pendant la Seconde Guerre mondiale, Occupied City permet à Steve McQueen de parler du monde d'hier et de celui d'aujourd'hui. Une puissante méditation sur le passé, qui prend son temps (plus de quatre heures) afin de marquer à jamais les cinéphiles. Ma critique complète sera à lire dans la prochaine édition de Ciné-Bulles. ****

vendredi 3 mai 2024

Film du jour: Un silence


Spécialiste des familles troubles, Joachim Lafosse remet ça avec Un silence, où un célèbre avocat qui défend une cause médiatisée rencontre des problèmes domestiques. Avec ses ellipses et son sujet chaud, le scénario prévisible ne fait pas toujours dans la subtilité. Mais il est défendu par des interprètes puissants (Emmanuelle Devos, Daniel Auteuil...) et il bénéficie d'une mise en scène sobre. Ma critique complète sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ***1/2 

jeudi 2 mai 2024

Film du jour: Jeanne du Barry


Depuis son magnifique Polisse en 2009, la carrière de réalisatrice de Maïwenn s'enlise à chaque nouveau film. La voilà toucher le fond avec Jeanne du Barry, un drame historique conventionnel et plutôt risible, dont les leçons féministes saupoudrent artificiellement un récit longuet et sans apprêt. Il y a même Johnny Depp qui incarne Louis XV! En salle dès demain. **

mercredi 1 mai 2024

Film du jour: Noroît


Film maudit de la riche filmographie de Jacques Rivette, Noroît (1976) apparaît comme un ratage spectaculaire: soigner autant sa mise en scène et son esthétisme pour accoucher d'une oeuvre qui dépasse l'entendement, entre western féministe saupoudré de fantastique et long métrages de pirates. Le cinéphile, d'abord fasciné et rapidement irrité, finit par se perdre dans ce délire théâtral qui semble durer deux éternités et demi. **