La disparition d'un enfant plonge une petite communauté dans l'émoi. Elle aura d'ailleurs des conséquences insoupçonnées sur l'avenir d'Antoine (Jérémie Senez), de sa mère Blanche (Sandrine Bonnaire) et de leur entourage (Charles Berling, Philippe Torreton).
En janvier 2020, nous, nous sommes entretenus dans le cadre des Rendez-vous du cinéma français à Paris avec le cinéaste Nicolas Boukhrief, qui signe l'adaptation cinématographique du roman Trois jours et une vie de Pierre Lemaître.
Tout comme pour Au revoir là-haut
d'Albert Dupontel, c'est l'auteur Pierre Lemaître qui a choisi le réalisateur...
Oui, en effet. On a travaillé ensemble sur l'écriture mais également sur le casting. Je n'ai pas envie de t'imposer des acteurs. C'est quand même tes personnages. Donc on va faire le casting ensemble. Je vais te dire des noms et s'il y en a qui te plaisent pas tu me le dis, et vice-versa...
C'était donc très différent comme démarche, dans la mesure où vous vous
mettiez au service d'un auteur...
Oui. C'est très intéressant d'illustrer le travail d'un auteur et surtout, d'avoir un scénario que vous n'avez pas écrit. De faire que la mise en scène donne du lierre, s'infiltre dans un récit qui n'est pas le vôtre. Il y a des tas d'idées qui apparaissent comme des idées de scénarios dans le film mais en fait, ce sont des idées de mise en scène...
Et puis évidemment, il y a le travail avec les comédiens. Le grand plaisir du cinéma, c'est de travailler avec les comédiens, de faire vivre des caractères. C'est quand même formidable. Ça c'est une chose qui appartient uniquement au metteur en scène.
Quand vous écrivez vos propres histoires, vous avez quand même au fond de vous un espèce de doute. Et si cette histoire n'était pas intéressante? J'ai réussi à embarquer des producteurs, des acteurs et tout ça, mais si au fond, j'étais un grand mythomane escroc qui a réussi à envaper tout le monde? Là, j'étais sûr que cette histoire était intéressante parce que quand je l'ai lu, je l'ai trouvé vraiment intéressante.
La plupart de vos films - Le
convoyeur, Cortex, Gardiens de l'ombre - bifurquent vers le film de genre
et c'est également le cas ici...
Pierre m'a dit « J'aime votre travail parce que c'est du film noir, du polar, mais où les caractères sont toujours avant l'action. Ils sont construits par l'émotion du caractère. » Je ne l'avais jamais vu comme ça, mais il a raison. C'est ce qui l'intéressait dans cette histoire. « Le film noir vous correspond. »
Vous l'avez trouvé comment cet enfant (Jérémie Senez), dont le
personnage est au coeur du film?
J'avais comme références L'enfance d'Ivan de Tarkovski, Requiem pour un massacre d'Elem Klimov. Ce sont des films russes très intenses avec des enfants qui regardent la guerre. Quand on se rappelle de ces films, on se rappelle d'abord des regards de l'enfant. Je cherchais ça, un regard. J'ai vu arriver ce petit enfant un peu timide avec ce grand regard, ces grands yeux, et ça a commencé à me troubler.
Je lui ai demandé pourquoi il voulait jouer et il m'a dit que son père avait fait Nos batailles, le film avec Romain Duris. Comme son père était metteur en scène, il voudrait mieux comprendre son métier et que la place d'acteur lui paraissait être la bonne pour tout voir. J'ai trouvé ça très émouvant.
Vous citiez des films russes. Est-ce que Faute d'amour d'Andreï Zviaguintsev a été une source d'inspiration?
Car il y a plusieurs similarités...
R: Non. Je l'ai vu il y a 15 jours et je me suis dit « C'est marrant, il y a une battue, un enfant qui disparaît...». Il y a beaucoup de coïncidences folles, des convergences au même moment à travers le monde où les gens ont les mêmes idées.
Quand Pierre Lemaître a vu le film, il en a pensé quoi?
R: Il était hyper enchanté. Il a été très heureux de cette aventure. Du fait de pouvoir accompagner le film si loin, en choisissant par exemple les acteurs, en allant voir le village. Le tournage était ouvert et il pouvait venir souvent. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas rêver de mieux. Et comme on continue de se voir, je pense que c'est vrai! (rires)
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