Head-On, le grand gagnant de l’Ours d’or de
Berlin en 2004, est une délicieuse étude de mœurs sur des humains qui feront
tout pour vivre pleinement leur vie.
Les relations humaines sont
houleuses et difficiles dans ce film de Fatih Akin.
D’un côté il y a Cahit (Birol Ûnel), un quadragénaire allemand blasé qui passe
son temps à boire et à se droguer. De l’autre côté du spectre se trouve Sibel
(Sibel Kekilli), une fringante jeune femme turque étouffée par les convictions
religieuses de sa famille. Lorsque ces deux âmes brisées se rencontrent à
l’hôpital après des tentatives de suicide, un pacte est lié : ils vont
organiser un faux mariage afin de s’affranchir de leurs chaînes distinctives et
de toucher cette liberté si désirée. Au départ, l’accord est parfait. Cahit
continue à courtiser une ancienne copine, alors que Sibel peut enfin
expérimenter les joies du sexe et de la promiscuité. Mais lorsque les
sentiments amoureux voient le jour, les cartes risquent de se mélanger à
jamais.
Voilà un film fort
sympathique qui allie humour décapant et drame sensible grâce à un rythme très
soutenu. Le montage, effréné par moment, demeure subtil, car les effets sont
distillés et non utilisés encore et encore. Même si la deuxième partie du long métrage tend à s’essouffler, il y aura toujours une ou deux touches de magie pour
séduire.
Ces éléments sont maximisés
par une trame sonore éclectique exceptionnelle. De la musique world
aux rythmes pop dansants, rien n’est laissé au hasard. Le I Feel You de Depeche Mode,
ode sublime à l’auto-destruction, apparaît comme un leitmotiv évident. Tout
comme ces transitions sur plan fixe d’un orchestre tzigane qui annonce, à
l’aide de différents airs, si les situations sont légères ou tragiques.
Malgré les nombreuses
thématiques abordées (l’affranchissement, le sens de la vie après la perte
d’être chers, la question identitaire au sein d’une nation ciselée de plus en
plus mondialisée, le rôle contesté de la religion, etc.), Akin arrive à
surprendre sans se perdre. En proposant plus qu’en démontrant, l’homme derrière
In July laisse respirer ses personnages. Lorsque la fin, un peu attendue,
survient, le spectateur ne peut rester insensible face aux destins si attachants
de ces êtres non conventionnels.
Tous parfaits, les rôles
secondaires se font toutefois facilement éclipser par les protagonistes
principaux. Birol Ûnel, particulièrement convaincant en individu pathétique,
fait rire aux larmes tant quelques-unes de ses répliques s’avèrent décalées.
Mais c’est surtout la pétillante Sibel Kekilli qui attise l’attention et le
désir dans toutes ses scènes. Sauf qu’il ne faudrait pas se méprendre sur son
joli minois et son jeune âge. Cette fille, découverte dans un centre d’achat,
montre un savoir-faire indéniable dans l’art de bien transmettre les émotions.
En compagnie de son fantastique De l'autre côté, il s'agit clairement de son meilleur en carrière. En espérant que sa nouvelle offrande, The Cut qui met en vedette Tahar Rahim, débarque rapidement sur nos écrans. ****
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