Continuant dans la lignée
fantastique des combats volants engendrés par Ang Lee et Zhang Yimou, le réputé
cinéaste Chen Kaige perd légèrement
de son lustre en offrant Wu Ji, la
légende des cavaliers du vent, un magnifique divertissement baignant un peu
trop dans l’eau sucrée et les morales.
Les ravages de l’amour sont
perceptibles à toutes les époques. Seule et désespérée, la jeune Qingcheng fait
un troc avec la Déesse du Destin Manshen : elle échange ses plaisirs
amoureux futurs contre la richesse, la beauté et la sécurité. À l’âge adulte,
de nombreux conquérants se battent pour son cœur. Il y a le protégé du roi, le
Général Guangming (Hiroyuki Sanada), un être affable et puissant, et le Duc du
Nord Wuhuan (Nicholas Tse), un individu méchant et vil qui n’hésite pas à tout
détruire sur son passage. Entre les combats qui font rage et les nombreuses
trahisons, c’est à se demander comment l’esclave Kunlun (Jang Dong-Gun), qui
vient du Pays des Neiges, pourra faire pour rompre le charme et le sort de la
personne habitant ses pensée : la jolie et énergique Quingcheng (Cecilia
Cheung).
En 2000, Ang Lee a popularisé le Wuxia en Amérique du Nord avec son
acclamé Crouching Tiger, Hidden Dragon.
Cette histoire amoureuse se déroulant à un autre siècle comportait des combats épiques
qui défiaient toutes les lois de la logique pour en mettre plein les yeux et
les sens. Si le public occidental était séduit par ce rythme et ce style hors
norme, ce genre de long métrage était courant en Chine. Une fois la porte de
Pandore ouverte, un peu tout le monde exploitait la recette sans réel savoir
faire, mais des artistes mondialement connus pour leurs drames empruntaient
cette voix pour surprendre au passage. C’est le cas de Zhang Yimou avec son
superbe Hero. Aidé par un casting
époustouflant, il cherchait à atteindre la perfection en alliant lyrisme
philosophique et décors poétiques. Un coup de maître qu’il n’a pas totalement
réussi à reproduire avec son plus léger House
of Flying Daggers.
Au sein de cette galère,
l’empressement de retrouver Chen Kaiger derrière une œuvre du même type pouvait
surprendre. Qu’est-ce que ce réalisateur d’exception, créateur d’ouvrages
mémorables comme Adieu ma concubine
et Terre jaune, pouvait bien y
gagner? Sauf qu’en regardant ses derniers projets (Killing me Softly, Together),
il est évident que l’homme derrière Roi
des enfants cherchait à se racheter. À travers un divertissement honnête,
il pouvait séduire. Mais son Wu Ji, la
légende des cavaliers (en version originale Mo Gik et en anglais The
Promise) n’est rien d’autre qu’un fantastique feu d’artifices pour les yeux
sans réel intérêt pour le cerveau.
Visuellement, son dernier joujou est
un chef-d’œuvre, quoique nettement inférieur à Hero. Les couleurs demeurent vives, les pétales sont de tous les
instants et la qualité des effets spéciaux est plus qu’appréciable. La rétine
est sans cesse dorlotée au fil de situations incroyables et de revirements qui
laissent béats. La musique transpose parfaitement les émotions et les scènes
d’action sont chorégraphiées de mains de maîtres. De ce côté, difficile de
demander mieux.
C’est plutôt au niveau de l’histoire
que Wu Ji, la légende des cavaliers du
vent manque d’attrait et de saveur. Elle est sommaire, sans grande
originalité et très linéaire. Le film semble souvent s’adresser aux enfants
avec ces divinités et ces fantômes provenant des contes d’Homère ou de Ji Yun.
La trame narrative manque de souplesse, l’importance accordée aux sentiments
amoureux est encore plus horripilante que dans House of Flying Daggers et ces messages apparaissant à tous les
tournants (le destin peut être changé) sont à peine supportables. Il y a également
ces acteurs qui jouent un peu n’importe comment et qui n’arrivent pas à insuffler
assez de magie ou de mystère à leurs personnages.
Le dernier Chen Kaige ressemble donc
par moment à une version simplifiée et encore plus édulcorée de son précédent The Emperor and the Assassin. Ça crie,
ça bouge dans tous les sens et il est difficile de s’ennuyer tant les sens sont
exploités. Un gros divertissement à regarder avec beaucoup de
pop-corn tout en prenant soin de laisser son cerveau à l’entrée de la salle. **1/2
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