Nouveau long métrage d’exorcisme à prendre l’affiche au cinéma, «The
Possession» se détache quelque peu du lot en se rapprochant du chef-d’œuvre de William
Friedkin et non de toutes ces imitations fauchées qui abondent sur le marché.
Ce n’est pas une suite à «The Devil Inside» – un des pires navets de 2012 – et
c’est tant mieux.
L’histoire respecte les conventions du genre. Un couple séparé (Jeffrey
Dean Morgan, Kyra Sedgwick) découvre que leur plus jeune fille (Natasha
Calis) est possédée par un esprit maléfique. Pour la sauver, il faudra
peut-être l’exorciser…
Cette prémisse – ou la bande-annonce et l’affiche du film – ne rend pas
honneur à ce nouvel effort d’Ole Bornedal, qui en avait impressionné plus d’un
avec son excellent «Deliver Us From Evil». Le voilà de retour avec une
production plus formatée qui n’empêche pas son talent de rejaillir. Il
s’exprime au sein de cette photographie majestueuse, de cette partition musicale
particulièrement trépidante et de cette réalisation réglée au quart de tour,
dont les fondus au noir accompagnés de piano forment des leitmotivs angoissants.
Plus qu’un exercice de style, le récit se démarque par la présence de
thèmes coutumiers qui sont abordés avec finesse (tous les changements liés à l’arrivée
de l’adolescence et à la difficulté d’accepter l’éclatement de la cellule
familiale) et d’une forte interprétation de très bons comédiens qui
transcendent les stéréotypes en place. Les deux enfants (Natasha Calis et Madison
Davenport) sont excellents et Jeffrey Dean Morgan prouve qu’il est bien plus
qu’un simple croisement entre Robert Downey Jr. et Javier Bardem.
Doté d’un ton grave qui ne se prend pas totalement au sérieux (il y a
par exemple quelques scènes volontairement ridicules qui laissent l’humour
éclater au grand jour), l’effort arrive à développer un suspense efficace et
une atmosphère suffocante sans jamais se perdre dans de trop nombreux sursauts
gratuits. Au contraire, une grande place est accordée à la frayeur
psychologique qui prend notamment forme par un combats d’ombres entre le Bien
et le Mal.
Produit par Sam Raimi, «The Possession» s’avère l’antithèse de son
surprenant «Drag Me to Hell». Il ne s’agit plus d’une comédie hallucinante dans
l’esprit d’«Evil Dead», mais d’un drame souvent efficace qui captive malgré ses
revirements attendus, ses effets spéciaux pas toujours réussis et sa conclusion légèrement décevante. Pour une surprise,
cela en est une bonne. Les amateurs de «Insidious» et «The Box» risquent d’apprécier.
3/5
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