Ben Stiller trouve un de ses meilleurs rôles en carrière dans Greenberg (2010),
une comédie dramatique grinçante truffée de dialogues incisifs qui médite –
rien de moins – sur le sens de la vie et celui des valeurs.
Roger Greenberg
(Ben Stiller) vient s’installer quelques temps chez son frère à Los Angeles
alors que celui-ci est en voyage au Vietnam. Fragile émotionnellement, le
célibataire aimerait passer ses journées à ne rien faire pour, ainsi, ne pas heurter
les sentiments des gens qui l’entourent. Il n’est toutefois pas insensible à la
jolie assistante de son frérot, Florence (Greta Gerwig), dont son existence se
trouve également à la croisée des chemins. Rien n’est pourtant simple chez ce
quarantenaire qui chiale trop souvent pour des riens.
Affirmant son style
corrosif après son acidulé The Squid and
the Whale et son beaucoup plus ordinaire Margot at the Wedding, le cinéaste Noah Baumbach continue à faire
du cinéma centré sur les individus et leurs proches. Le réalisateur a concocté
un scénario d’une simplicité désarmante qui passe en revue les maux qui séparent
les gens, dont l’égoïsme et la peur de vivre dans le présent en fuyant vers le
passé. Les répliques, extrêmement mordantes, font mouche tout en demeurant dans
l’inconscience tant le récit, au demeurant humoristique, se veut également une
réflexion pertinente sur l’état des choses avec ses malaises proéminents.
Roger Greenberg est
un être de contractions et le choix de Ben Stiller s’avère une illumination
formidable. Pour une rare fois, le comédien s’éloigne de ses mimiques pour
camper un personnage complexe, aussi attachant que détestable. Sa façon de
vouloir lutter contre les modes de vie est passionnante tout comme sa
propension à se mettre dans le pétrin et à toujours dire la mauvaise chose. Son
jeu nuancé cadre parfaitement avec celui de Greta Gerwig, superbe actrice qui
utilise sa voix et son corps pour laisser une grande impression. Lorsque la
romance est dans l’air, rien ne semble vouloir l’arrêter, si ce ne sont ces
individus périphériques qui amènent une autre dimension à l’ensemble, dont le
meilleur ami délaissé campé avec justesse par Rhys Ifans et ce chien qui
symbolise à lui seul la fragilité de l’antihéros.
À la fois drôle,
songé et interprété par un Ben Stiller qui est admirablement bien dirigé, Greenberg est un plaisir aussi divertissant
qu’intelligent. Sans doute que l’idée de départ aurait pu être davantage
explorée, sauf que le résultat demeure une belle réussite qui risque de plaire
à un large public qui veut voir autre chose que des comédies stupides et
inutiles. ***1/2
À la Cinémathèque québécoise.
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