Film du jour: Wolves, Pigs and Men

Premier film personnel de Kinji Fukasaku, Wolves, Pigs and Men (1963) est une véritable claque. Cette satire du Japon de l'après-guerre utilise la tragédie familiale afin de créer un superbe film de criminels, des années avant ceux de Kitano, Woo et To. La mise en scène rythmée et jazzée est au service d'une oeuvre férocement divertissante, campée par des comédiens qui possèdent tous la gueule de l'emploi. À (re)découvrir en vidéo sur demande gràce à Film Movement. ****

Film du jour: Sugarcane

Les films - documentaires ou de fictions - sur les conséquences des pensionnats autochtones ne manquent pas. Qu'est-ce qui permet à Sugarcane de Julian Brave NoiseCat de sortir du lot? Un récit respectueux, attentif aux silences. Des personnages dignes et poignants. Ainsi que des images sublimes, capables de panser les blessures et d'amener un peu d'espoir. ***1/2

Film du jour: Amal - un esprit libre

Une enseignante lutte contre la radicalisation des âmes dans Amal - un esprit libre, un film courageux signé par Jawal Rhalib. Le sujet d'une importance capitale est traité avec doigté et intelligence, laissant la parole triompher. Et bien que le ton demeure parfois trop didactique et démonstratif, l'apport de tous les interprètes - avec à sa tête l'excellente Lubna Azabal - en fait une oeuvre à voir en famille afin d'élargir la discussion. ***1/2

Film du jour: Megalopolis

La critique est loin d'être une science exacte. La meilleure preuve est Megalopolis, qui est vilipendé depuis sa première mondiale à Cannes en mai dernier. Il s'agit pourtant d'une oeuvre complètement cinglée, ambitieuse à souhait, qui permet à Francis Ford Coppola de délirer comme jamais auparavant. Il n'y a probablement rien de plus beau qu'un artiste libre, qui n'en fait qu'à sa tête. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. ****

Film du jour: Le dernier repas

Par l'entremise d'un homme en fin de vie, sa fille découvre les horreurs de la dictature de Duvalier à Haïti dans Le dernier repas. Puissante, cette fiction signée Maryse Legagneur permet de faire oeuvre utile, surtout que les interprètes sont généralement bouleversants et que la mise en scène ne manque pas de sobriété. Quelques répliques plus didactiques et un traitement inégal de la temporalité (le passé est nettement plus intéressant que le présent) limitent toutefois la portée du récit. Présenté ce soir au Festival international du film black de Montréal et à l'affiche demain. ***

Film du jour: Sing Sing

Il faut parfois se méfier des critiques trop enthousiastes. Joli petit film qui utilise le théâtre afin de libérer des prisonniers, Sing Sing de Greg Kwedar manque de peu d'être une oeuvre marquante. En cause, un scénario trop écrit qui aurait mieux fonctionné par le biais du documentaire, et une musique trop accaparante qui tente de manipuler l'émotion. Dommage, parce que les scènes fortes ne manquent pas et les interprètes - autant Colman Domingo que les non-professionnels - sont tous foudroyants de vérité. Dans le même genre, César doit mourir des frères Taviani était largement supérieur. ***

Film du jour: Autobiography of a Princess

Un homme et une femme évoquent le souvenir de l'Inde dans Autobiography of a Princess (1975) de James Ivory. Court en durée (presque une heure), cette création ne l'est pas en idées, se servant de vieux films pour se replonger dans un passé historique, politique, social et personnel. En émane une réflexion mélancolique tangible qui ouvre le dialogue. ***1/2

Film du jour: The Runner

Que serait le cinéma iranien sans ses enfants? The Runner (1984) d'Amir Naderi préfigure les grands opus de Kiarostami, présentant son jeune garçon courageux qui tente de survivre seul dans la rue. Réaliste tout en demeurant d'une grande beauté plastique, implacable sans verser dans le misérabilisme, le récit ne manque pas de lumière et il est porté par un héros épatant qui passe son temps à courir. ****

Film du jour: Last Shadow At First Light

Une adolescente part à la recherche de sa mère disparue pendant un ouragan dans Last Shadow at First Light (2023). Voilà un premier long métrage sensible et évocateur de la part de Nicole Midori Woodford, qui se révèle douée dans la direction d'acteurs (tous impeccables) et dans la création d'une atmosphère mélancolique (mise en scène soignée). Tout ce qui lui manque, c'est peut-être un style propre, elle qui navigue dans les eaux de Kore-Eda et autres Kiyoshi Kurosawa. Sur IndiePix. ***1/2

Film du jour: The Substance

On s'amuse follement devant The Substance de Coralie Fargeat, une satire sanglante du culte de la beauté. Demi Moore trouve le plus grand rôle de sa carrière et l'ensemble explose lors d'une finale mémorable. Ma critique est à lire sur Cinoche. ****

Film du jour: Eureka

Magnifique voyage à travers l'espace et le temps, Eureka (2023) est le retour en force de Lisandro Alonso, une décennie après son superbe Jauja. Le voilà explorer le western, le film noir et le drame anthropologique, livrant une réflexion essentielle sur la difficulté des autochtones d'habiter leur territoire. Le récit passe son temps à se renouveler, obligeant sans cesse le cinéphile à interpréter et réévaluer ce qui se déroule sous leurs yeux. À voir au cinéma via Film Movement (vivement une sortie québécoise!). ****

Film du jour: En bonne compagnie

Sorte d'Annie Colère se déroulant en Espagne dans les années 1970, En bonne compagnie prend également la tangente du récit d'apprentissage lesbien. Bien que prévisible et non sans clichés, le récit est défendu avec force par ses interprètes (Alicia Falco est magnétique dans le rôle principal) et il bénéficie d'une mise en scène soignée de la part de Silvia Munt. ***

Film du jour: 499

Que penserait Cortés s'il arpenterait aujourd'hui le Mexique? C'est cette question que tente de répondre le fascinant documentaire 499 de Rodrigo Reyes, qui traite des conséquences du colonialisme. Brillant, cette objet hybride ne cesse d'étonner, et c'est lorsqu'il plonge dans les tragédies contemporaines qu'il s'avère le plus douloureux et nécessaire. ****

Film du jour: Coup de chance

Ce n'est pas parce que les films de Woody Allen n'arrivent plus sur nos écrans de cinéma que le réalisateur a pris sa retraite. Pour Coup de chance, son 50e long métrage, il retrouve la ville de Paris afin de mener une nouvelle réflexion sur l'amour et le hasard. Tirée par les cheveux, l'intrigue s'enlise rapidement et les dialogues ne sont pas aussi spirituels ou amusants qu'avant. Les comédiens (Lou de Laâge, Melvil Poupaud, Valérie Lemercier, Niels Schneider...) n'ont cependant rien à se reprocher et sa mise en scène ponctuée de longs plans demeure plutôt agréable à regarder. **1/2

Film du jour: Trois frères

Inspiré d'une nouvelle russe, Trois frères permet à Francesco Rosi de parler de l'Italie à la croisée des chemins par l'entremise de ces trois hommes qui reviennent enterrer leur mère. Très symbolique, le récit tour à tour réaliste et onirique bénéficie d'une mise en scène riche de sens et d'interprètes sentis. Et si l'ensemble demeure sombre, il n'est pas pour autant dénué d'espoir. ****1/2

Film du jour: Themroc

Quel film étrange que ce Themroc (1973)! Afin de manifester le manque de communication entre l'individu et la société, Claude Faraldo ponctue son long métrage de dialogues intelligibles! Michel Piccoli se donne corps et âme à cet exercice unique, dont les éléments satiriques ne manquent pas de malaises. La charge n'est pas très subtile et la progression fera sourciller à notre époque, mais il s'agit d'une véritable expérience cinématographique. ***1/2

Film du jour: Tous toqués!

Clichés à revendre, bons sentiments nauséabonds, personnages mièvres, ton bon enfant, réalisation qui s'apparente à une publicité des produits du terroir: il sera difficile de supporter Tous toqués! jusqu'à la fin tant le nouveau long métrage de Manon Briand ne prend absolument aucun risque. Entre la nécessité de faire des films «différents», en suivant la seule logique des «sentiments» et en évacuant d'emblée tous jugements «critiques» (le méchant journaliste n'existe que pour se faire acheter), le projet se sait déjà condamné d'avance. Ironiquement, seul Edouard Baer s'en sort sans trop boire la tasse... lui qui vient d'être emporté par un scandale d'ordre sexuel. *1/2

Film du jour: Cohabiter

À la fois social et humain, Cohabiter est un documentaire bien de son époque de la part de Halima Elkhatabi, qui se sert de l'observation afin de créer des liens entre des gens. Le processus, toujours le même, est basé sur l'échange entre un ou des locataires qui cherchent la perle rare afin de partager leur appartement. L'ensemble s'avère vite redondant, mais il est ponctué de moments révélateurs. ***

Godzilla x Kong: The New Empire

Sorti plus tôt cette année en salle, Godzilla x Kong: The New Empire d'Adam Wingard est le maillon faible de nos deux monstres préférés: histoire sans intérêt, dialogue risible, tentative d'humour déplorable, interprétation négligeable, effets spéciaux pitoyables, scènes d'action interchangeables. C'est déjà mieux quand les deux entités se livrent des combats féroces, mais même là, le récent Godzilla Minus One a montré qu'il était possible de faire un excellent film de kaiju. **

Film du jour: For Ever Mozart

Réflexion sur l'art et la guerre, For Ever Mozart reste trop enfermé sur sa théorie... même pour un film de Jean-Luc Godard. Si l'essai n'est pas exempt de ses fabuleuses transgressions, il s'avère souvent lourd dans sa démonstration... et même douteux dans son exposition. **1/2

Film du jour: Birth

Boudé à sa sortie en 2004, Birth mérite pourtant d'être reconsidéré. Nicole Kidman y trouve un de ses meilleurs rôles dans la peau d'une mère qui reconnaît l'âme de son défunt mari dans un garçon de 10 ans. Même s'il n'est pas totalement au point, le script ménage de belles surprises (entre suspense et comédie noire, il prend la direction du conte et de l'amour éternel) et la réalisation élégante de Jonathan Glazer n'annonçait que le meilleur. ***1/2

Film du jour: Le fils de la jument blanche

Quand vient le temps d'établir une liste des meilleurs créateurs d'animations, on ne peut passer à côté du Hongrois Marcell Jankovics. Son chef-d'oeuvre Le fils de la jument blanche (1981) continue de marquer les esprits par la force de ses images, la puissance de ses thèmes, l'omniprésence de ses symboles et la façon assez unique d'envelopper sa narration d'une poésie onirique. ****

Film du jour: L'ange rouge

Parmi les meilleures créations de Yasuzö Masumura, il ne faudrait pas oublier L'ange rouge (1966), un film anti-guerre d'une grande beauté - et d'une grande violence - sur une infirmière qui tente de soigner des soldats japonais blessés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le climat d'oppression ressort aisément des images soignées et le propos humaniste qui n'est pas sans ambiguïté résonne encore dans le monde d'aujourd'hui. ****

Film du jour: The Front Room

Sorte de satire de Rosemary's Baby, The Front Room de Max et Sam Eggers tente à la fois d'être une comédie noire, un suspense horrifiant et un drame social sous fond de racisme. Malgré toutes ses bonnes intentions et des interprètes qui se donnent sans compter, le mélange peine à prendre forme. En cause: un scénario qui verse dans la facilité, des personnages unidimensionnels et une mise en scène trop souvent inégale. **1/2

Film du jour: Fairytale

Présenté toute la fin de semaine au Cinéma du Parc, Fairytale est une oeuvre étonnante, même de la part d'Alexandre Sokourov. Continuant son exploration des figures du pouvoir, on retrouve cette fois Hitler, Staline, Mussolini et Churchill au purgatoire à déblatérer avec leurs doubles! Le récit statique et répétitif n'est pas le plus enlevant, mais il sera facile de se perdre dans l'éblouissante esthétisme en place, qui utilise des images d'archives comme aucun film auparavant. ***

Film du jour: Fermer les yeux

Disparu des écrans depuis plus de trois décennies, Victor Erice est enfin de retour avec Fermer les yeux, une formidable oeuvre testamentaire sur la vie et le cinéma. Il n'y a aucune scène inutile dans ce long métrage de trois heures et le film fascine amplement. Mon avant-plan sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ****1/2

Film du jour: Les rois de la piste

Famille de criminels à la façon des Dalton, celle présentée dans Les rois de la piste de Thierry Klifa ne fait pas dans la subtilité tant les comédiens jouent gros, question de faire oublier l'intrigue télégraphiée qui est inopérante sur le plan comique et dramatique. De quoi saboter le talent de Fanny Ardant, Mathieu Kasovitz et autres Laetitia Dosch. En salle ce vendredi. **

Film du jour: Shaolin Soccer

En 2001, le public nord-américain faisant la connaissance de Stephen Chow qui débarquait avec Shaolin Soccer, l'ultime film de foot. En s'inspirant des plus gros succès de l'heure (comme The Matrix et Tigre et dragon), le long métrage décoiffait tout sur son passage, mélangeant les genres les plus outranciers. Si l'histoire n'est qu'un prétexte à une enfilades de gags inégaux, le facteur divertissant, lui, était atteint haut la main. ***

Film du jour: Smoke

Que l'on soit fan ou non de Paul Auster, il est difficile de résister à Smoke dont le romancier a écrit le scénario. Les dialogues pétillants, les personnages attachants, les interprètes épatants et la mise en scène sensible de Wayne Wang confère à ce petit film verbeux, où il ne semble rien se dérouler, une sorte d'hymne à la vie. Présenté aujourd'hui à la Cinémathèque québécoise. ****

Film du jour: Strange Darling

En morcelant son récit, JT Miller parvient à soutirer de nombreuses surprises de Strange Darling, une série B que n'aurait pas renié Tarantino. Avec sa réalisation soignée et ses nombreux éclats de violence, l'exercice de style fonctionne à plein régime. Et même si le récit tombe au neutre après une introduction endiablée, la forte chimie entre Willa Fitzgerald et Kyle Gallner maintient constamment l'intérêt. ***1/2