Film du jour: Orpheline

Portrait d'une femme à quatre moments importants de son existence, Orpheline (2016) d'Arnaud des Pallières ne manque pas d'ambition. Surtout que sa mise en scène en ellipses demeure intéressante et que l'interprétation s'avère toujours appropriée. C'est toutefois sur le plan du scénario que cela se gâche. Les segments sont souvent inégaux et le désir de profondeur et de complexité est abandonné pour favoriser le suspense et le mystère. ***

Film du jour: Thelma

Une femme de 93 ans victime d'une arnaque téléphonique cherche à se venger dans Thelma, le premier long métrage de Josh Margolin. Porté par la performance haute en couleur de June Squibb, ce film charmant et faussement léger parle de la vieillesse et la famille sans se dérober. Et si l'intrigue aurait pu être soutenue et la mise en scène plus variée (elle est ici en mode ironique en se moquant de Mission: Impossible), les excellents comédiens font toute la différence. ***

Film du jour: Rétro thérapie

L'Alzheimer de grand-maman lui permet de se rapprocher de sa petite-fille dans Rétro thérapie, une comédie dramatique signée Elodie Lélu. Charmante mais naïve, parsemée de bonnes intentions tout en étant souvent appuyée, ce premier long métrage traite de féminisme et de transmission sans grande subtilité. Les personnages attachants (la jeune Fantine Harduin ira loin) excuse la mise en scène approximative et platement illustrative. **1/2

Film du jour: Mudbound

Nommé pour quatre Oscars (dont la qualité exceptionnelle de sa photographie et le jeu subtil de Mary J Blige), Mudbound (2017) de Dee Rees traite de racisme et de traumatismes dans les États-Unis de la Seconde Guerre mondiale. Des thèmes importants qui se révèlent toutefois didactiques, surtout lorsqu'ils sont accompagnés d'une voix hors champs explicative. Mais l'interprétation plus que satisfaisante et quelques moments forts rachètent ce manque de nuance. ***

Film du jour: BlackBerry

Ayant tout raflé aux prix Écrans canadiens (les Oscars canadiens), BlackBerry de Matt Johnson s'avère un biopic particulièrement divertissant sur l'ascension et la chute de ce moyen technologique. Une satire virulente qui se situe quelque part entre The Social Network et The Office, et qui permet aux comédiens de changer de registre avec brio. Sauf qu'après s'être bidonné pendant deux heures, on ne retient absolument rien de ce film étonnamment superficiel. ***

Film du jour: The American Society of Magical Negroes

The American Society of Magical Negroes de Kobi Libbi aurait pu être une brillante satire du cinéma afro-américain, démolissant les clichés des relations noirs/blancs avec sarcasme et ironie. Sauf que cette prémisse est rarement explorée en profondeur, étant vite remplacée par une histoire d'amour sans intérêt qui dilue le plaisir. Dommage... parce que les interprètes se donnent sans compter, et que l'édition blu-ray, autant sur le plan technique que des suppléments, est loin d'être négligeable. (Universal) **

Film du jour: Banel & Adama

Présenté en compétition officielle à Cannes en 2023, Banel & Adama est un premier long métrage éclatant de la part de Ramata-Toulaye Sy. Le récit en forme de conte se veut tortueux, obscur et pas toujours cohérent. Mais la mise en scène s'avère de toute beauté avec ses échappées lyriques et poétiques. Puis il y a la performance incendiaire de Khady Mane, qui fait de l'ombre au jeu plus monolithique de ses camarades. ***

Film du jour: La ligne

Ursula Meier tourne peu. Elle propose toutefois avec La ligne son meilleur film. Une oeuvre forte et bouleversante conjuguée au féminin sur une famille déchirée, ponctuée d'interprètes épatantes. Mon avant-plan est à lire dans le numéro d'été de Ciné-Bulles. ****

Film du jour: Inside Out 2

Toucher à Inside Out - la meilleure animation de Pixar - est un risque. Sa suite réalisée par Kelsey Mann le sait très bien et elle reproduit le schéma de l'original. L'histoire en mode «crise de puberté» est donc similaire, tout comme ses développements, sa façon de traiter des thèmes importants et sa conclusion qui rappelle la complexité de chaque être humain. Si c'est pour le mieux (les personnages - même les nouveaux - sont toujours aussi attachants et l'humour coule à flot), il n'y a rien d'aussi mémorable au menu, tandis que l'émotion tarde à se manifester. ***

Film du jour: Longing

En adaptant en anglais son propre film Longing, Savi Gabizon n'y ajoute pas grand-chose de significatif. Si l'on pouvait s'ennuyer du trop rare Richard Gere qui incarne brillamment cet homme qui va de surprises en surprises, le récit qui débute en force fait rapidement du sur-place. Les intentions sont plus prononcées et la mise en scène plus froide et formatée (peut-être parce que l'action se déroule cette fois à Toronto). De quoi vouloir découvrir l'excellent long métrage original. **1/2

Film du jour: Journal d'un père

Dans la lignée de son précédent et excellent essai Une femme, ma mère, (Paul) Claude Demers utilise la poésie et l'immense beauté de ses images pour parler de sa famille. Et si Journal d'un père est si poignant malgré son traitement qui n'est plus nouveau, c'est qu'il sait être à la fois personnel et universel, baignant dans une mélancolie lancinante. En salle dès vendredi. ***1/2

Film du jour: Au fil des saisons

Les membres d'une famille finissent par se rapprocher dans Au fil des saisons, un récit extrêmement conventionnel d'Hanna Ladoul et Marco La Via, qui ne brille ni par sa mise en scène (purement fonctionnelle) ni par son scénario (souligné et démonstratif). C'est à se demander ce que Catherine Deneuve (en grand-maman à l'esprit libre) et Martin Scorsese (producteur exécutif) ont trouvé d'excitant à cette histoire. Au cinéma à partir de vendredi. **

Film du jour: Heroes Shed No Tears

Avant qu'il ne soit connu, John Woo a réalisé le film de guerre Heroes Shed No Tears (1986). Si le scénario n'a pratiquement aucun intérêt (le montage retenu n'est pas celui du réalisateur), les scènes d'action sont particulièrement explosives et divertissantes, annonçant déjà son style qui allait faire date. Disponible exclusivement sur Film Movement Plus. ***

Film du jour: L'enlèvement

Féroce charge politique et religieuse, L'enlèvement rappelle que Marco Belloccio, à 84 ans, n'a pas dit son dernier mot. Même si son plus récent long métrage aurait pu être moins académique (la musique pompeuse vient parfois près de tout gâcher), il n'en demeure pas moins enlevant et supérieur à la plupart des sorties ciné hebdomadaires. ***1/2

Film du jour: The Watchers

Difficile de faire un suspense fantastique et horrifique lorsqu'on s'appelle Ishana Shyamalan. Si The Watchers ressemble à un film de papa (pour le meilleur comme pour le pire), il est quelque peu élevé par une mise en scène maîtrisée, qui laisse seulement imaginer le mieux pour l'avenir. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Robot Dreams

Nommé à la dernière cérémonie des Oscars dans la catégorie du meilleur film animé, Robot Dreams est un joyau de la part de Pablo Berger (à qui l'on doit le merveilleux Blancanieves). Sans recourir à la moindre parole, ce dessin animé sur l'amitié entre un chien et un robot dans le New York des années 1980 va droit au coeur, faisant rire et pleurer. Le scénario fécond sait renouveler une intrigue qui aurait facilement pu faire du surplace (notamment à l'aide de clins d'oeil à Shining, Gremlins et autres The Big Lebowski) et les personnages s'avèrent particulièrement attachants. Pixar n'aura pas fait mieux. ****

Film du jour: Adam change lentement

Rare animation québécoise s'adressant à un public «mature», Adam change lentement de Joël Vaudreuil est une satire assez réjouissante de l'adolescence. Si la qualité esthétique ne casse rien et que l'ensemble manque de surprise, les thèmes sont abordés avec doigté, entre absurdité et mélancolie. J'en parle davantage dans La Presse. ***

Film du jour: Kung Fu Panda 4

À force d'étirer la sauce, elle finit par ne plus rien goûter. C'est le cas de Kung Fu Panda 4 qui est une copie carbone des précédents épisodes, le charme en moins. Même si l'humour fait encore mouche et que les vedettes se plaisent à prêter leur voix aux personnages, l'intrigue prévisible n'intéressera même plus les enfants et la qualité de l'animation est loin d'être transcendante. Reste une édition soignée sur le plan visuel et sonore, qui ne manque pas de suppléments, dont un cocasse court métrage sur un duel de dumplings. **1/2 (Universal)

Film du jour: The Crow 4K

En attendant de découvrir son remake plus tard cette année, on voudra revoir The Crow, le film culte qu'Alex Proyas a réalisé en 1994. La version 4K est la meilleure façon de se replonger dans cette oeuvre gothique qui a coûté la vie à sa vedette Brandon Lee. Tout sur le plan visuel est un véritable délice. Si l'intrigue n'est pas nécessairement la plus cohérente, les choix esthétiques et musicaux - ainsi que les nombreux suppléments assemblés sur cette édition -  en font un classique à posséder. ***1/2 (Paramount)

Film du jour: Silent Land

Si Ruben Östlund et Jessica Hausner avaient réalisé un film ensemble, cela aurait sans doute ressemblé à Silent Land (2022) d'Aga Woszczynska. Lorsque les vacances d'été tournent mal, c'est toute la relation d'un couple qui en pâtit. Superbement photographié, le long métrage minimaliste utilise les silences pour installer les malaises glaçants, développant au passage un humour qui fait souvent mouche. Disponible exclusivement via Film Movement Plus et Amazon Prime Video. ***1/2

Film du jour: Bonnard, Pierre et Marthe

Après une Bonne épouse moins convaincante, Martin Provost revient à la peinture qui a fait sa renommée avec son sublime Séraphine. Sauf que Bonnard, Pierre et Marthe est davantage un drame sentimental, d'une grande beauté plastique, mais trop superficiel et anecdotique pour convaincre réellement. Vincent Macaigne et Cécile de France se révèlent excellents, mais étrangement, quelque part, la chimie n'opère que difficilement entre eux. ***

Film du jour: Handling the Undead

Les films de zombies se suivent et se ressemblent. Handling the Undead de Thea Hvistendahl prend le genre à rebrousse-poil en y insufflant mélancolie, austérité et lenteur, rappelant que la véritable horreur ne se dresse pas nécessairement là où on l'attend. Si le traitement singulier ne plaira pas à tous (on est plus près d'un Dreyer que d'un Boyle), la démonstration ne manque pas de convaincre, autant sur le plan de la mise en scène (extrêmement soignée, avec ses nombreuses zones d'ombres) que de l'interprétation. ***1/2