Entre deux films violents bourrés d’hémoglobine et de testostérone,
Robert Rodriguez aime bien faire une
pause en concoctant des longs métrages qui s’adressent directement aux enfants.
C’est ce qu’il fait dans Shorts, une fable encore plus allumée et divertissante
que son triptyque Spy Kids qui offrira un bonheur instantané à quiconque est
âgé de six ans d'âge mental.
Dans une ville bizarre contrôlée par un riche mégalomane (James Spader)
qui cherche à améliorer sa dernière invention, la présence d’une pierre magique
exauçant des vœux va créer de nombreux tumultes. Cela va permettre à Toe (Jimmy
Bennett) de se faire des amis, à son camarade de classe Loogie (Trevor Gagnon)
de manifester le moindre de ses désirs et à Nose (Jake Short) d’être surpris
par son occupation principale : se jouer dans le nez! Ce seront toutefois
les adultes et les grandes personnes qui devront vivre avec les conséquences,
ce qui implique des transformations inusitées et une course contre la montre
pour sauver la petite localité.
Robert Rodriguez ne fait jamais rien comme les autres. Pour ce récit,
qui rappelle encore une fois une bande dessinée sur l’acide, il a décidé de
scinder plusieurs histoires indépendantes dans un processus non chronologique
qui réserve son lot de surprises. En partant d’un synopsis plus ou moins
inspirant, il s’est permis d’offrir de la fantaisie, de l’action et du rire au
mètre cube, qui fera la joie des enfants, à tel point qu’ils exigeront
rapidement une suite.
Contrairement à ce type de proposition à sens unique, les adultes ne
seront jamais laissés de côté. Au contraire, ils risquent rapidement d’adhérer
à ce fil conducteur si fou et original, qui traite de nombreux thèmes
importants par la bande du second degré, tâchant de ne jamais faire trop la
morale. L’humour, gentil et généralement inoffensif, fonctionne par ses
répétitions et sa légèreté, son regard rafraîchissant et authentique sur des
situations qui auraient facilement pu être traitées par le mauvais goût.
Bien que Rodriguez ne semble jamais être capable de réaliser un film qui
se tient totalement de A à Z (il préfère continuellement juxtaposer des courts
sketchs ou des idées qui nécessitent un développement limités, comme dans Planet Terror, Four
Rooms, Sin City, etc.) et que cet essai peut s’essouffler avant la fin, il
est impossible de remettre en question son esprit cinéphile. À l’instar de
l’hilarant CJ7 de Stephen Chow, l’inspiration parfois kitch provient
directement des années 1980, lorgnant autant vers les ouvrages de Joe Dante que
les premiers travaux de Tim Burton (dont le flamboyant Beetlejuice), en plus d’avoir des corrélations avec le populaire Jumanji.
Sans parler de classique du genre, Shorts
est le type de film que les parents aimeraient voir avec leur progéniture, et
vice-versa. Il y a suffisant de magie et d’imprévisibilité pour ne pas voir le
temps passer, et si la profondeur n’est pas toujours de mise, le metteur en
scène est un expert du divertissement sans effet secondaire. Encore une fois,
mieux vaut ne pas poser trop de questions et se laisser transporter dans une
réalité parallèle, tellement plus amusante que celle de tous les jours. ***
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