Extension plus comique et plus explosive du premier volet, Hellboy 2 : The Golden Army
mélange les préoccupations poétiques de son auteur à une sauce spectaculaire purement
estivale. Rien pour révolutionner les films de super-héros comme The Dark Knight, mais beaucoup plus de
plaisir que chez Hancock ou The
Incredible Hulk.
Hellboy (Ron Perlman), sa flamme Liz (Selma Blair) et leur comparse
aquatique Abe (Doug Jones) reprennent du service. Ils doivent cette fois se
frotter à des jumeaux vieux comme le monde dont le Prince Nuada (Luke Goss)
aimerait bien mettre la main sur une couronne afin de faire revivre une armée
dorée invincible. Une nouvelle confrontation épique se tiendra et le gagnant
pourra choisir de sauvegarder ou de détruire la planète.
Entre deux projets plus personnels, le cinéaste Guillermo del Toro aime bien réaliser une
superproduction qui se différencie nettement des autres projets hollywoodiens.
Sorte de suite qui n’a presque rien à voir avec l’original, Hellboy 2 : The Golden Army arrive à
une époque où les affrontements entre les bons et les méchants font rages. Sans
rien bouleverser, le créateur du très bon L’échine
du diable offre un scénario
reprenant des concepts éprouvés : la sauvegarde de l’humanité et des
gentils démons qui ne se sentent pas toujours appréciés de l’espèce humaine.
Contrairement à Spider-Man ou
à X-Men, l’humour est une des
dirigeantes du récit. Sans ces touches comiques, l’effort ne serait pas aussi
réussit. Hellboy mitraille ses jeux
de mots et ses répliques sarcastiques à un rythme d’enfer. Habitué de la
dérision, Ron Perlman s’en sort sans broncher. Son duo avec Abe atteint des
sommets lors d’une improbable séance de beuverie et d’un chant à l’unisson!
Face à eux, la jolie Selma Blair ne fait pas toujours le poids et son
personnage s’éclipse graduellement. C’est l’inquiétant Luke Goss qui prend
beaucoup de place grâce à son flamboyant jeu physique.
L’action est bien entendu au rendez-vous. Elle est présente par les
attaques d’insectes malins et les séances de destructions, mais également par
des duels à l’épée. Un peu à la façon d’un Hero,
les corps se frôlent en mettant la gravité à l’épreuve. Des scènes
spectaculaires qui se veulent cependant répétitives. À mi-chemin, l’alternance
entre le rire et les séquences musclées finissent par être mécaniques, et la
prémisse plus ou moins inspirée n’arrive pas à insuffler de la nouvelle eau au
moulin.
Le style particulier de del Toro amène cependant de la personnalité et
de l’authenticité à l’effort final. Son obsession pour les bibittes de tout
genre est connue et il laisse son imagination le guider. Quelques fois, le
résultat ressemble à une variation de son sublime Le labyrinthe de Pan et
ce n’est pas plus mal. Très souvent, il surprend en offrant des surprises
poétiques et philosophiques. De ce côté, difficile ne pas se rappeler cette
formidable fleur qui explose un peu de la façon que l’âme suprême dans le
grandiose Princesse Mononoke d’Hayao Miyazaki.
Surtout que les décors gothiques sont toujours à la hauteur. Le monde
des hommes est froid, alors que celui des bêtes se veut doré. Ce mélange entre
le bleu et l’or met la jolie photographie à l’épreuve, tout comme les milliers
de détails au sein des images généralement fastes. Les contrastes sont
également primordiaux avec ce règne de la pénombre qui se veut habituellement
homogène. Ce n’est pas sans tache comme dans l’attrayant et mésestimé Speed Racer, mais l’atmosphère déployée s’avère tout à fait adaptée au genre. La
musique est propre à l’univers fantaisiste de Danny Elfman qui, contrairement à
ses efforts réalisés sur l’incroyable Standard
Operating Procedure, n’arrive pas ici à créer plusieurs tours de magie.
Tout cela fait donc de ce deuxième Hellboy
un long-métrage de super-héros un peu supérieur à la moyenne. Sans doute pas
aussi tonitruant qu’Iron Man, mais
nettement plus stylisé que l’affreux monstre vert. Lorsque le cinéma populaire
rime avec qualité. ***1/2