Film du jour: Good One

Une fin de semaine de camping changera à jamais le regard d'une adolescente sur son entourage dans Good One. Ce premier long métrage d'India Donaldson prend son temps avant de dévoiler ses charmes, confrontant la beauté de la nature aux dialogues incessants des humains. Et lorsque le drame survient, le récit d'apprentissage a l'intelligence de laisser triompher les silences et les non-dits. La mise en scène minimaliste et les interprètes d'un naturel confondant confèrent à l'ensemble beaucoup de justesse. ***1/2

Film du jour: La dernière danse

Un veuf se met à la danse dans La dernière danse de Delphine Lehericey, une comédie dramatique qui doit beaucoup à la performance de François Berléand. Loin de la scène, le film s'enfarge les pieds dans le tapis avec ses gags ordinaires et ses personnages stéréotypés. Mais lorsque les corps se redressent, le récit devient enfin intéressant et la mise en scène s'active enfin. **1/2

Film du jour: N'avoue jamais

Une infidélité survenue il y a quatre décennies risque de ruiner un couple dans N'avoue jamais, la nouvelle comédie dramatique d'Ivan Calbérac (La dégustation). Chiche en émotions et en gags réussis, mis en scène sans style particulier, le film vaut seulement pour ses acteurs: André Dussollier, Sabine Azéma et Thierry Lhermitte. Ce n'est évidemment pas suffisant. **

Film du jour: Evolution

Réflexion sur les traumas de l'Holocauste qui sont légués de génération en génération, Evolution (2021) de Kornel Mundruczo est composé de trois plans séquences qui jouent astucieusement des ellipses temporelles. Un véritable tour de force (surtout l'inoubliable premier tronçon), qui tend toutefois à faire de l'ombre à son sujet, subordonné à l'esthétisme en place. Tous les sujets prennent rigoureusement place dans cette impressionnante danse technique. ***1/2

Film du jour: Ghostbusters: Frozen Empire

Après avoir reparti la série en misant sur la nostalgie, Ghostbusters s'écrase lamentablement le nez dans le mur avec Frozen Empire. Dans cet épisode oubliable, les effets spéciaux s'avèrent pitoyables, l'histoire sans intérêt et les personnages sous-utilisés. Spécialiste du film de fantômes (Monster House, le remake de Poltergeist), Gil Keenan n'a plus rien de nouveau à dire et à montrer, et la licence mérite d'être ensevelie sous les glaces. *1/2

Film du jour: Luzifer

Si Werner Herzog faisait un drame fantastique environnementaliste, cela ressemblerait sûrement à Luzifer. Dans ce conte ultra bizarre signé Peter Brunner, un jeune homme religieux est convaincu que le diable se matérialise dans la nature. De plus en plus éclaté jusqu'à en devenir grotesque, le film n'en demeure pas moins un superbe objet de cinéma tant les images sont soignées et la trame sonore de Tim Hecker toujours appropriée. Franz Rogowski livre une prestation phénoménale dans le rôle principal. ***1/2 

Film du jour: Ababouiné

La magie d'André Forcier opère toujours dans Ababouiné, où des gens se battent pour un état laïc dans le Québec religieux de la fin des années 1950. Malgré un scénario brouillon, quelques gags touchent la cible et les interprètes s'amusent beaucoup. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Blink Twice

Sorte de Get Out féministe, Blink Twice est un premier long métrage extrêmement maîtrisé de la part de l'actrice Zoë Kravitz, qui aborde des thèmes chauds avec beaucoup de style. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. ****

Film du jour: The Crow

Trois décennies après sa sortie, voici que prend l'affiche une nouvelle version de The Crow, qui s'inspirerait davantage de la bande dessinée originale. Le résultat en place, particulièrement indigeste, ressemble à un long clip d'Evanescence avec son histoire d'amour ultra kitsch, ses personnages peu crédibles, ses développements laborieux et sa rage gothique inoffensive. Le tâcheron Ruper Sanders a passé sa carrière à reprendre des oeuvres cultes et il ne possède ni le talent ni le style d'Alex Proyas. Encore une fois, mieux vaut revoir l'original. *1/2

Film du jour: Le tableau volé

Avec son plus récent film Le tableau volé, le réalisateur et scénariste Pascal Bonitzer invite le spectateur dans le fascinant milieu du commerce de l'art. Bien que l'intrigue révèle au final peu de surprises, il est mené avec savoir-faire, rappelant toutes les luttes sociales qui se trament dans l'ombre. D'excellents comédiens donnent vie à des personnages parfois schématisés. ***

Film du jour: Dream Scenario

Quelque part entre Adaptation et A Nightmare on Elm Street se situe Dream Scenario de Kristoffer Borgli, un film extrêmement original sur un homme qui se retrouve dans les rêves de nombreuses personnes. Sauf que le scénario ne semble pas toujours savoir quoi faire de sa brillante idée et il fait rapidement du surplace. Nicolas Cage s'avère toutefois parfait dans la peau du héros dépassé par les événements. ***

Film du jour: L'île rouge

Présenté à Cinemania l'année dernière, L'île rouge de Robin Campillo vient de prendre l'affiche... aux États-Unis, mais pas au Québec! L'histoire se répète pour les bons films français et ce récit d'initiation enveloppe par sa sensibilité et sa sensualité. Évidemment, il sera impossible pour le cinéaste de répéter l'exploit de son précédent et excellent 120 battements par minute, sauf qu'à l'aide de comédiens épatants et d'une intelligente reconstitution historique, rien n'est impossible. ***1/2

Film du jour: Crossfire

Nommé pour cinq Oscars, Crossfire (1947) d'Eward Dmytryk est un drame social déguisé en film noir. Le scénario puissant et toujours contemporain traite des conséquences de la guerre et de l'intolérance du quotidien, alors qu'une enquête policière tente d'élucider une mort mystérieuse. La mise en scène sobre et la vigueur de l'interprétation élèvent élégamment le récit qui aurait toutefois pu être moins verbeux. ****

Film du jour: Yintah

Les membres d'une Première Nation cherchent à prendre leur avenir en main dans Yintah de Jennifer Wickham, Brenda Michell et Michael Toledano. Inspirant, le film fait vivre plein émotions et s'il traîne en longueur, il séduit aisément par la beauté de sa photographie et la grandeur de ses sujets. ***1/2

Film du jour: Le Comte de Monte-Cristo

Autant le diptyque sur les Trois mousquetaires séduisait par son énergie et ses fabuleux plans séquences, autant Le Comte de Monte-Cristo finit par ennuyer par son romantisme à deux sous et cette façon de tout expliquer. Surtout que la transposition, sage est lisse, est aux antipodes de celle de Dumas. La photographie soignée et la distribution de classe en font de la belle poudre aux yeux. Ma critique est à lire sur Cinoche. **1/2

Film du jour: Jour de chasse

Effet de groupe et masculinité toxique forment un cocktail explosif dans Jour de chasse, le premier long métrage d'Annick Blanc. Bien que le scénario ne soit pas toujours convaincant, la mise en scène l'est avec son soin considérable apporté aux images. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Alien: Romulus

C'est un retour aux sources pour la série Alien avec Romulus, qui se déroule tout juste après le premier épisode de la série en conservant son ton et son esthétisme. Comme toujours dans ce type de projet, la nostalgie fonctionne à plein régime et si le film réalisé avec panache par Fede Alvarez déçoit (le scénario prévisible fait peu de sens, les personnages manquent de chair et de charisme, les dialogues s'avèrent souvent débiles et la finale particulièrement consternante), quelques images fortes et certains moments tendus font grande impression. **1/2

Film du jour: Buongiorno, notte

En s'intéressant au kidnapping d'un homme politique par les Brigades Rouges, Marco Bellocchio n'est pas tant porté par une retranscription fidèle du réel qu'une sublimation onirique de l'activisme. Avec Buongiorno, notte (2003), il propose une oeuvre foisonnante et contrastée sur la condition humaine, qui fascine à chaque nouveau visionnement. ****

Film du jour: Lucy Grizzli Sophie

Il y a un sujet brûlant d'actualité derrière Lucy Grizzli Sophie, l'adaptation de la pièce de Catherine-Anne Toupin. Dommage que le scénario cumule les invraisemblances les plus élémentaires. Car la mise en scène d'Anne Émond s'avère alerte et les comédiens se donnent sans compter. **1/2

Film du jour: Rewind & Play

En offrant un nouveau montage d'une entrevue télévisuelle entre le musicien Thelonious Monk et un intervieweur français, Alain Gomis parle à travers Rewind & Play de racisme et de patriarcat. Si la star jazz aimerait décidément être ailleurs, les images lui offrent enfin de l'espace pour exister, lui et sa merveilleuse musique. Et ça, c'est précieux. ****

Film du jour: Only the River Flows

Les bons films noirs ne courent pas les rues. Voilà pourquoi il ne faut pas manquer Only the River Flows de Wei Shujun qui détourne avec bonheur les archétypes du genre. L'ambiance est glauque (superbe 16 mm!), le récit tortueux à souhait et Zhu Yilong s'avère complètement investit. ****

Film du jour: Tatouage

Inspiré de deux nouvelles de Jun'ichirö Tanizaki, Tatouage (1966) est un film subversif de Yasuzö Masumura, plongeant des amants dans l'univers de la violence, de la prostitution et du meurtre. Habilement mené même s'il se révèle prévisible, le récit doit beaucoup à la fouge de ses interprètes et à la mise en scène précise de son auteur, qui sait camper l'univers approprié afin d'étouffer progressivement ses personnages. ***1/2

Film du jour: Libertad

Présenté à Cannes en 2021, Libertad est un joli premier film de l'Espagnole Clara Roquet. Si ce récit d'apprentissage centré autour de deux adolescentes ne brille pas par son originalité, plusieurs considérations sociales et économiques font toute la différence. Surtout que le projet bénéficie d'une mise en scène sensible et d'une interprétation juste. À voir en ligne via Film Movement Plus. ***1/2

Film du jour: O Fantasma

Dès son premier long métrage O Fantasma (2000), Joao Pedro Rodrigues abordait les thèmes majeurs de son oeuvre - errance homosexuelle, mélancolie ambiante, fuite par le désir - en recourant à un climat onirique particulièrement envoûtant. De quoi transporter le spectateur dans une odyssée imprévisible, parfois frustrante, presque toujours stupéfiante, jusqu'à sa conclusion étonnante. ***1/2

Film du jour: The Bohemian

Compositeur largement oublié, Josef Myslivecek comptait parmi ses admirateurs un certain Mozart. Petr Vaclav offre avec Il Boemo (2022) un biopic à son honneur. Quoique classique et longuet, le film demeure solide sur les plans de l'interprétation, de la réalisation et du scénario, puissant à même la décadence de l'époque pour en offrir un portrait sincère. À découvrir en vidéo sur demande, gracieuseté de Music Box Films. ***

Film du jour: Crossing

Révélé sur la scène internationale avec le surestimé And Then We Danced, le Géorgien Levan Akin signe avec Crossing son meilleur film en carrière. Une oeuvre subtile, mature et d'une grande finesse sur l'identité et toutes ces grandes villes qui permettent de mieux s'y perdre. Malgré son sujet dramatique, cette virée à Istanbul ne sombre jamais dans le mélodrame. Mieux encore, elle est portée par de belles performances d'acteurs, une mise en scène vivante et un scénario déchirant centré autour de l'humain. ****

Films du jour: Rita, Confession (Fantasia)

Fantasia s'est terminé hier avec la présentation d'Abadouiné d'André Forcier (nous allons y revenir lors de sa sortie en salle, à la fin du mois). Si cette 28e édition ne passera pas à l'histoire, de jolis films ont séduit... et d'autres, prometteurs, ont laissé de glace.

On retrouve dans la première catégorie Rita de Jayro Bustamante. Bien que mineur en comparaison de ses précédents Ixcanul, Tremblements et La Llorona, le long métrage guatémaltèque utilisait savamment le conte afin de décrire une horrible réalité. ***1/2

Tout le contraire de Confession de Nobuhiro Yamashita qui sabote sa prémisse prometteuse (un secret mène à un huis-clos sanglant) au profit d'un suspense sans queue ni tête, à l'humour noir grotesque, et dont le revirement final laisse de glace. **1/2

Film du jour: The Missing (Fantasia)

Fantasia se termine avec The Missing de Carl Joseph Papa, une animation en rotoscopie particulièrement intrigante sur un homme incapable de parler. Renvoyant au film culte Mysterious Skin de Greg Araki, ce drame existentiel sous fond de passé trouble et d'extraterrestres prend son temps avant de révéler tous ses secrets. ***1/2

Film du jour: Making Of

Après son magistral Le procès Goldman, Cédric Kahn propose un film sur le cinéma. Plus léger, Making Of est une fiction amusante sur les déboires d'un cinéaste qui est incapable de compléter son nouveau long métrage. Ludique et sans doute autobiographique, cette production s'avère sympathique même si elle ne brille pas par sa subtilité ou son originalité (Nanni Moretti vient de passer par là avec son supérieur Vers un avenir radieux). La distribution d'ensemble offre toutefois un plaisir communicatif. ***1/2

Entrevue Cédric Kahn (Making Of)

Les cinéaste finissent presque invariablement par faire un film sur le cinéma. C'est au tour de Cédric Kahn avec Making Of, qui raconte l'envers d'un tournage qui ne se déroule pas nécessairement comme prévu. Je me suis entretenu avec le réalisateur français et mon entrevue est à lire sur Cinoche.

Film du jour: Twilight of the Warriors: Walled In (Fantasia)

Immense succès à Hong Kong, Twilight of the Warriors: Walled In est un film d'action aussi spectaculaire que violent, sur un étranger qui ravive de vieilles rancunes dans une citadelle. Autant les scènes d'action en mettent plein la vue, autant elles ne sont pas toujours originales, alors que la mise en scène énergique et musclée de Soi Cheang aurait pu être moins générique. La distribution de classe ne sauve en rien la faiblesse du scénario qui aimerait tant être social mais qui, au final, se révèle bien mince et, surtout, incohérent. **1/2