Auteur d'une filmographie inestimable qui comporte des films aussi importants que Z, Missing et Amen., Costa-Gavras mène depuis plus d'un quart de siècle une croisade afin de créer un cinéma nécessaire. J'ai rencontré le cinéaste grec de 87 ans lors de son plus récent long métrage Adults in the Room (mon entrevue) et je lui ai demandé quelle oeuvre cinématographique l'a le plus influencée.
« Je pense toujours à mes premiers
films, qui étaient importants. Je venais d'un pays où il y avait toujours des
films d'action. Il y avait une censure énorme après une guerre civile. J'arrive
tout à fait par hasard, je suis à la Sorbonne, et des collègues me disent qu'ils
vont voir un film à la Cinémathèque. Tout d'un coup, je vois un film, Henri
Langlois annonce un film de 3h15 et c'est Greed.
Je suis stupéfait qu'au cinéma on puisse faire des tragédies comme au théâtre.
Je me suis dit "Voilà, il y a quelque chose d'intéressant."
C'est comme ça que je suis entré.
Après, j'en ai vu plein des films à la Cinémathèque, j'ai passé toutes mes
soirées-là. J'ai découvert un monde que je n'imaginais pas. Et c'est là que
j'ai décidé, au lieu d'apprendre le français et apprendre à écrire parce que
j'étais en lettre, je me dis "voilà, on peut raconter des histoires avec des
images". C'était un choc. Quand je sortais d'un film, je passais ma nuit à penser à cela. »