lundi 9 juin 2025

Film du jour: Demon Pond


Certainement le film le plus étrange de Masahiro Shinoda, Demon Pond (1979) convoque le théâtre Kabuki à travers une réflexion encore d'actualité sur le passé et le présent, comment les croyances peuvent enchanter - ou au contraire détruire - les relations entre les gens. La fantaisie explose à mi-chemin, rendant ivre avec ses images à couper le souffle et bien que le mélange de genres ne sera pas pour tous les appétits, le long métrage comporte son lot de scènes fulgurantes. ***1/2

dimanche 8 juin 2025

Film du jour: Fountain of Youth


Croisement générique entre Indiana Jones et Da Vinci Code, Fountain of Youth recycle l'ADN des films d'aventure en oubliant l'ingrédient principal: le plaisir. La mise en scène de Guy Ritchie a beau être réglé au quart de tour, les scènes d'action souvent époustouflantes et le charisme de John Krasinski indéniable, le temps finit par être long au sein de cette production répétitive où ni l'humour ni les enjeux, encore moins les personnages sans intérêt, s'avèrent digne de mention. Sur Apple TV+. **

samedi 7 juin 2025

Film du jour: La pie voleuse


Le sentiment est toujours noble dans les films de Robert Guédiguian. La pie voleuse ne fait pas exception, réunissant sa valeureuse troupe de comédiens au sein d'une réflexion émouvante sur la famille, la vieillesse et l'art. Le ton n'est pas nécessairement subtil, mais ce qui en ressort vaut son pesant d'or, rappelant les drames doux-amers de Yasujiro Ozu. Ma critique complète sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ***1/2

vendredi 6 juin 2025

Ballerina (critique)


Dérivé de John Wick, Ballerina de Len Wiseman est facilement l'épisode le plus faible de la franchise, répétant une formule à la lettre au lieu d'y insuffler un souffle nouveau. Ma critique est à lire sur Cinoche. **

Film du jour: Le plein potentiel


À une époque où il faut livrer la meilleure version de soi-même, le documentaire Le plein potentiel d'Annie St-Pierre s'intéresse au phénomène des coachs de vie. À la fois empathique, sarcastique et plus critique, l'essai séduit par sa forme (de longs plans généreux) mais finit quelque peu par tourner en rond au fil de ses répétitions. En salle. ***

jeudi 5 juin 2025

The Phoenician Scheme (critique)


Retour en forme pour Wes Anderson avec The Phoenician Scheme qui, après quelques films maniérés, semble enfin s'amuser. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Dan Da Dan: Evil Eye


Ce n'était qu'une question de temps avant que la populaire animation Dan Da Dan soit adaptée au cinéma. Evil Eye n'est pas tant un film qu'un dérivé qui se déroule entre la première et la seconde saison. Il faut d'ailleurs connaître la série pour y soutirer le moindre plaisir, car le récit brouillon et sans queue ni tête se veut rapidement inintelligible. Dommage car la qualité des images et le rythme trépidant de certains combats piquent la curiosité. Sauf que l'ensemble est si redondant qu'il en devient rapidement lassant. En salle. *1/2

mercredi 4 juin 2025

Ciné-Bulles printemps 2025


Que le beau temps soit là pour rester ou pas, le magasine Ciné-Bulles ne déçoit jamais. Dans le numéro du printemps, j'y signe un avant-plan sous fond d'entrevues pour le film Jouer avec le feu, ainsi qu'une critique du gigantesque The Brutalist. Le numéro est à lire ici.

Film du jour: Dangerous Animals


L'homme est le plus dangereux des animaux. Cette vérité de la Palisse éclate encore au grand jour dans Dangerous Animals de Sean Byrne (The Loved Ones), qui vient tout juste d'être présenté à Cannes. Sans payer de mine, cette délicieuse série B présente un méchant en or, de pauvres victimes ensanglantées et des requins qui ont faim. Le tout est orné d'une mise en scène alerte, capable de faire oublier la minceur du propos et les répétitions du scénario. En salle dès vendredi. ***

mardi 3 juin 2025

Film du jour: Saturday Night

Retraçant les 90 minutes avant la mise en onde du premier épisode de Saturday Night Live, le film souvent très drôle de Jason Reitman capte parfaitement son époque et la fébrilité du moment. À tel point que la mise en scène survitaminée, qui n'est pas sans rappeler celle de Birdman, éclipse totalement le propos, nostalgique et doux-amer. Des interprètes doués campent des figures stéréotypées qui allaient devenir célèbres. ***1/2

lundi 2 juin 2025

Film du jour: By a Man's Face Shall You Know Him


Film de yakuzas se déroulant dans l'après Seconde Guerre mondiale, By a Man's Face Shall You Know Him (1966) de Tai Katô aborde le racisme entre la population japonaise et les communautés coréennes. Bien que le scénario ambigu fait dans l'esbroufe en abusant des ellipses, la mise en scène sophistiquée ne déçoit pas et l'interprétation demeure généralement appropriée. À découvrir en vidéo sur demande ou sur Film Movement+. ***1/2

dimanche 1 juin 2025

Film du jour: Les gants magiques


On s'amuse toujours beaucoup dans les films de Martin Rejtman. Dans Les gants magiques (2003), il joue encore avec ses personnages attachants et leurs humeurs changeantes, créant des scènes à la fois comiques et mélancoliques. Les situations cocasses se multiplient et si l'ensemble tarde à se conclure, on en ressort le sourire aux lèvres. ***1/2

samedi 31 mai 2025

Film du jour: Shall We Dance?


Immense succès populaire à sa sortie en 1996, le film japonais Shall We Dance? de Masayuki Suo reprend l'affiche dans les salles nord-américaines dans son montage original. Si cela n'améliore pas nécessairement ce feel good movie extrêmement sympathique (quelques longueurs se font même ressentir ici et là), cela donne davantage d'espace aux numéros dansés. Conventionnel dans sa structure, le récit qui regorge de personnages caricaturaux vaut encore le détour pour la composition sensible de Koji Yakusho. À redécouvrir en 4K sur quelques écrans grâce à Film Movement. ***1/2

vendredi 30 mai 2025

Bring Her Back (critique)


Encore plus maîtrisé que leur surprenant Talk to Me, les jumeaux Philippou proposent avec Bring Her Back une oeuvre horrifique particulièrement malsaine, où la toujours joyeuse Sally Hawkins se transforme en Ange de la Mort. L'histoire surprend par sa profondeur et quelques scènes fortes marqueront l'esprit pendant longtemps. Ma critique est à lire sur Cinoche. ****

Film du jour: The Lord of the Rings: The War of the Rohirrim


Se déroulant 183 ans avant la trilogie The Lord of the Rings, The War of the Rohirrim de Kenji Kamiyama est une animation honnête mais oubliable qui recycle l'essence de l'oeuvre de Tolkien. Si les jolis dessins flirtent avantageusement avec l'animation japonaise, l'histoire qui croise The Two Towers et Princesse Monoke n'est pas la plus surprenante ni la plus divertissante. ***

jeudi 29 mai 2025

Film du jour: April


Dea Kulumbegashvili est une des cinéastes les plus fascinantes du moment. Après son splendide Au commencement, la réalisatrice géorgienne propose un autre magnifique portrait de femme avec April. Cette oeuvre implacable sur l'avortement est égayée de flashs oniriques façon Under the Skin, et si l'ensemble s'avère hermétique (est quelque peu maniéré), le spectateur attentif sera récompensé d'une interprétation impeccable de son héroïne et d'images inoubliables, dans la lignée de celles de Tarkovski. ****

mercredi 28 mai 2025

Woman in the Yard (blu-ray)


Une mystérieuse femme en noir harcèle une mère et ses deux enfants dans Woman in the Yard de Jaume Collet-Serra. La première partie longuete et sans grand intérêt laisse la place à un film d'horreur convenu sur le deuil. Si Danielle Deadwyler s'avère convaincante en héroïne dépassée par les événements, l'ensemble peine à effrayer ou susciter la moindre réaction. L'édition blu-ray demeure toutefois soignée (contrastes élaborés, son particulièrement immersif) et bénéficie de documentaires potables. (Universal) Ma critique est à lire sur Cinoche. **

Film du jour: Le lendemain


Dès son premier long métrage Le lendemain (2015), Magnus von Horn (La jeune femme à l'aiguille) traitait de violence sociale, alors qu'un ado au passé trouble devient le souffre-douleur de sa communauté. En retenant volontairement l'information et en développant une mise en scène d'une froideur étouffante, le récit frôle le maniérisme qui est évité de justesse par le soin apporté au scénario et la vigueur de son héros. ***1/2

mardi 27 mai 2025

Black Bag (Blu-ray)


Lorsque Steven Soderbergh s'attaque au film d'espionnage, c'est surtout un prétexte pour parler des relations amoureuses, faisant de Black Bag une suite non-officielle à Sexe, Lies and Videotape. Son plus récent film plonge une distribution cinq étoiles au sein d'une intrigue inutilement complexe où le dialogue est roi. L'édition blu-ray bénéficie d'images soignées et d'un son immersif à souhait, mais également de quelques documentaires (sur le casting et le design) et de scènes supprimées. (Universal) Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: Joker: Folie à deux


Joker: Folie à deux méritait-il tant de haine? C'est sûr qu'après un épisode exceptionnel, cette suite surprend et déconcerte. Surtout que son réalisateur Todd Phillips semble se plaire à déjouer les attentes, se mettant régulièrement les fans à dos. Mais il fallait beaucoup d'audace pour virer le tout en musical sentimental. Et si l'ensemble traîne en longueur et manque parfois de panache, sa prise de risques demeure indéniable, jouant avec le genre comme jamais auparavant. ***

lundi 26 mai 2025

Film du jour: Revoir Paris


Les films sur le deuil sont nombreux. Il n'y en a pourtant pas un qui ressemble à Revoir Paris d'Alice Winecour qui est à la fois intime/personnel tout en abordant le plan collectif. Le scénario complexe regorge de trouvailles lyriques et ingénieuses, la mise en scène séduit amplement (soin minutieux apporté aux images et au son) et Virginia Efira véhicule à la perfection toutes les émotions du genre humain. Et dire que le long métrage n'a jamais pris l'affiche en sol québécois... ****

dimanche 25 mai 2025

Film du jour: Black God, White Devil


Oeuvre importante du cinéma brésilien, Black God, White Devil (1964) de Glauber Rocha est une véritable hallucination, à la fois politique et cinématographique. Empruntant à de nombreux genres (dont le western), se permettant notamment la chanson descriptive, le récit au noir et blanc sublime en est un d'élévation, faisant fi d'un rythme parfois chancelant et d'une interprétation inégale pour offrir une méditation mythique sur la condition humaine. ****

samedi 24 mai 2025

Film du jour: Le dernier souffle


Est-ce qu'il y a un sujet plus politisé que les choix concernant la fin de vie? Ce n'est donc guère surprenant de retrouver Costa-Gavras aux commandes du film Le dernier souffle, où le chef d'un service de soins palliatifs et un philosophe discutent de la façon d'envisager et d'accueillir la mort. Quoique verbeux, ce lumineux hymne à la vie va droit au coeur et il bénéficie de l'apport d'excellents comédiens. En salle. ***1/2

vendredi 23 mai 2025

Mission: Impossible - The Final Reckoning (Critique)


La franchise Mission: Impossible se termine en grand avec The Final Reckoning, sans doute l'épisode le plus épique de la série. Les scènes d'action sont tellement spectaculaires qu'elles éclipsent les quelques faux pas (trop d'explications, émotions sirupeuses) de l'ensemble. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: The Old Woman With the Knife


Une assassine vétérane est prise pour cible par un nouveau venu qui n'a pas froid aux yeux dans The Old Woman With the Knife. La mise en scène exemplaire de Min Kyu-dong réserve des scènes de combats à rendre jaloux la série John Wick. En revanche, le scénario prévisible ne fait pas toujours de sens (ellipses omniprésentes, personnages manichéens) et l'interprétation demeure souvent chargée, à l'exception de Lee hye-young, actrice fétiche de Hong Sang-soo, qui surprend dans un contre-emploi sanglant. À découvrir dans quelques salles de cinéma via Well Go USA. **1/2

jeudi 22 mai 2025

Film du jour: Billy


Traitant de la maladie mentale à travers le portrait d'un camarade cinéaste emprisonné pour meurtres, Billy permet à Lawrence Côté-Collins de délaisser la fiction pour embrasser le documentaire. Intéressant malgré ses redondances, bénéficiant d'une forme agréable et souvent éclatée, l'ensemble aurait toutefois mérité un traitement plus objectif tant les victimes sont presque totalement délaissées, au profit de cet ami (amoureux?) malade. En salle dès demain. ***

mercredi 21 mai 2025

Film du jour: 21 nuits avec Pattie


Faire revivre les corps gelée. Voilà l'objectif de 21 nuits avec Pattie, une comédie de moeurs intrigante et souvent hilarante des frères Larrieu. Une distribution d'enfer erre dans un lieu incroyable, parlant de désirs et de sexe sans retenue. Une invitation au plaisir, ludique et délectable. ***1/2

mardi 20 mai 2025

Film du jour: La structure de cristal


Connu grâce à La constante et L'année du soleil calme, Krzysztof Zanussi proposait en 1969 son premier long métrage. Cette confrontation entre deux conceptions de la vie qui est au coeur de La structure de cristal n'est pas banale. Il fallait seulement un scénario moins verbeux et plus étoffé pour tenir la route jusqu'à la fin. Car tout ce qui dépasse du cadre dramaturgique - la Pologne de l'époque, les escapades enneigées, la photographie et les mélodies soignées - est annonciateur du meilleur à venir. ***

lundi 19 mai 2025

Film du jour: Les reines du drame


Issu du vidéoclip, Alexis Langlois offre avec Les reines du drame un hommage vitaminé aux vedettes pop, utilisant des formes esthétiques variées qui ont fait la gloire de l'Internet. Si le propos, bien mince, tourne rapidement en rond, la fraîcheur des interprètes et, surtout, la qualité des mélodies, donnent le goût de se déhancher. En salle. *** 

dimanche 18 mai 2025

Film du jour: Relic


Mais que se passe-t-il dans la maison de grand-maman, qui réapparaît après avoir mystérieusement disparue pendant quelques jours? C'est ce qu'on va savoir en regardant Relic (2000), le premier long métrage de Natalie Erika James. La première partie, longuette et classique, met lentement la table à la seconde, beaucoup plus concluante, où l’Alzheimer devient la métaphore de l'horreur en place. La finale poétique et l'interprétation impeccable apportent un supplément d'âme à cette modeste production. ***

samedi 17 mai 2025

Final Destination: Bloodlines (critique)


On s'amuse beaucoup devant Final Destination: Bloodlines, le sixième - et meilleur épisode - de la série. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: Le ventre de Bassima


Débutant comme une oeuvre des frère Dardenne, cette histoire sur une Syrienne sans-papier qui tire le diable par la queue dans les rues montréalaises devient de plus en plus dramatique - et invraisemblable- lorsqu'elle désire devenir mère-porteuse. La morosité en place s'accompagnent de décisions douteuses et si Le ventre de Bassima doit beaucoup à la performance convaincante et convaincue de Maxine Denis, le film signé par Babek Aliassa peine à convaincre. En salle. **1/2

vendredi 16 mai 2025

Film du jour: Hurry Up Tomorrow


Hurry Up Tomorrow n'est pas tant un film qu'une infopub pour le musicien The Weeknd. Le tout débute par un véritable vidéoclip (eh oui), puis ensuite un spectacle du chanteur tourmenté (Abel Tesfaye, horrible comédien) qui finit par se faire rattraper par ses démons. Le récit narcissique et prétentieux, d'un intérêt très limité, embrasse rapidement l'exercice de style vide et maniéré. C'est là que le doué cinéaste Trey Edward Shults (Waves) se transforme en émule de Gaspar Noé, cherchant à choquer et à en mettre plein la vue, mais en vain. C'est à se demander ce que les excellents Barry Keoghan et Jenna Ortega sont venus gagner dans toute cette galère. Reste la musique, qui est tout de même loin de faire l'unanimité. *1/2

jeudi 15 mai 2025

Film du jour: Des jours meilleurs


S'intéressant à un thème déchirant (l'alcoolisme au féminin), Des jours meilleurs d'Elsa Bennett et Hippolyte Dard finit par noyer son sujet dans une sorte de retour à la vie qui prend la forme d'un rallye ridicule. Malgré la présence de bons interprètes, ce sont les clichés qui mènent le bal, tandis que la mise en scène, tantôt de type documentaire, tantôt plus cinématographique, se veut surtout calculée et anonyme. En salle ce vendredi. **

mercredi 14 mai 2025

Film du jour: Fragments de glace


Constitué des archives vidéos tournées par son père patineur dans les années 80 et 90, Fragments de glace de Maria Stoianova est un documentaire révélateur sur la fin de l'URSS, la naissance de l'Ukraine et les tentations occidentales. Si le schéma peut paraître répétitif et limité (surtout face aux cinq dernières minutes qui ouvrent la discussion sur des domaines philosophiques), l'ensemble ne manque pas de fasciner. Le travail de montage force l'admiration et le propos touche à l'universel. En salle dès vendredi. ***1/2

mardi 13 mai 2025

Film du jour: Bananas


Renouer avec les premiers films de Woody Allen, c'est constater à quel point le cinéaste américain était fasciné par le cinéma muet. Malgré sa structure lâche, Bananas (1971) s'avère souvent d'une drôlerie inouïe tant les gags osent en allant loin. Tout n'est peut-être d'égale mesure, mais il y a des moments cultes qui n'ont pas pris une ride. ***1/2

lundi 12 mai 2025

Film du jour: Drift


Depuis qu'il a mis la main en 2013 sur la Caméra d'Or pour son superbe film Ilo Ilo, le cinéaste Anthony Chen mène une jolie carrière, ayant accouchée d'oeuvres puissantes (The Breaking Ice, Wet Season). Pour son premier long métrage en langue anglaise, Drift (2023), il s'intéresse au parcours d'une réfugiée en Grèce. Superbement filmé et interprété avec sobriété, l'effort ne manque pas d'intérêt. Dommage que le scénario - le premier que ne signe pas Chen - ne soit pas plus subtil, dévoilant à l'aide de retours dans le passé ce qui n'aurait pu qu'être évoqué. L'émotion n'en aurait été que plus grande. ***

dimanche 11 mai 2025

Film du jour: Paradis: Amour


Paradis: Amour est probablement le film le plus clivant d'Ulrich Seidl, le maître autrichien des malaises. D'un côté, il dénonce les relations de pouvoirs fondées sur l'argent entre les pays riches et les nations africaines en utilisant le désir et le sexe à travers une touriste attachante qui cherche naïvement l'amour. De l'autre, il offre un regard complaisant et parfois abject sur ses personnages, recourant à des scènes chocs qu'il étire afin de rendre inconfortable les spectateurs. Dans tous les cas, c'est mission accomplie pour cette oeuvre dérangeante, qui sera impossible à oublier. ***1/2

samedi 10 mai 2025

Clown in a Cornfield (critique)


Slasher méta qui s'inscrit parfaitement dans l'ère Trump, Clown in a Cornfield d'Eli Craig amuse et surprend malgré son manque d'originalité. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Fanny


Cela ne s'améliore pas pour Yan England qui après les débâcles de 1:54 et Sam, demeure dans le film pour adolescents avec Fanny. Cette adaptation du roman de Stéphanie Lapointe aurait pu être un honnête long métrage d'aventure dans la lignée des Goonies. Sauf que le scénario sans queue ni tête, plombée par des dialogues insipides, et la mise en scène sans personnalité, qui vient constamment souligner l'émotion avec de la musique au piano avant de se prendre pour Terrence Malick lors d'une finale indigeste, insulte l'intelligence du spectateur. La talentueuse Milya Corbeil Gauvreau domine une distribution de qualité qui aurait mérité à être moins stéréotypée. En salle. **

vendredi 9 mai 2025

Film du jour: Les feux sauvages


Filmé sur une période de plus de 20 ans, Les feux sauvages est un projet hors norme de la part du cinéaste Jia Zhang-ke. En plus de suivre l'évolution de la Chine, cette oeuvre magistrale plonge dans le processus de création et de mémoires des images: le réalisateur utilisant parfois des plans de ses précédents films. Non seulement la grande Histoire rencontre la petite, mais ce pensum se veut également une histoire d'amour inoubliable dans la façon de filmer la magnifique actrice - et muse du metteur en scène - Zhao Tao qui vieillie à l'écran. En résulte une fresque mélancolique sur la quête du bonheur et la fuite du moment présent. En salle dès demain. ****

jeudi 8 mai 2025

Film du jour: À la lumière du soir


À 97 ans, Fernand Dansereau continue à s'interroger sur la vie, la mort, la vieillesse et la spiritualité avec À la lumière du soir. Si ces réflexions étaient déjà tangibles sur ses précédents documentaires et que la forme ne casse rien (hormis ces échappées à la peinture), la réunion des têtes parlantes demeure intéressante et le ton toujours rassembleur. En salle dès vendredi. ***

mercredi 7 mai 2025

Film du jour: Magnificent Obsession (1954)


Remake d'un film de 1935, Magnificent Obsession permet à Douglas Sirk de tâter brillamment le mélo en conviant Jane Wyman et Rock Hudson, une année avant son chef-d'oeuvre All That Heaven Allows. Malgré ses lourdes parabole religieuses et ses détours qui évoquent le conte, le film séduit et enchante, principalement grâce à la dévotion de ses interprètes et au soin apporté à la mise en scène qui brille de mille couleurs. ***1/2

mardi 6 mai 2025

Film du jour: Plaisir d'amour


Nelly Kaplan signe avec Plaisir d'amour (1991) une fable amusante mais au final assez quelconque sur un poète qui tente de séduire trois femmes d'une même famille. Les décors enchanteurs et le ton ludique n'arrivent pas à faire oublier la faiblesse du scénario et l'interprétation en roue libre de comédiens talentueux (Pierre Arditi, François Fabian...). **1/2

lundi 5 mai 2025

Film du jour: Silvia Prieto


Difficile de ne pas tomber en amour avec Silvia Prieto (1999), le délicieux film de Martin Rejtman sur les péripéties d'une jeune femme - et de son entourage - qui part à la recherche de femmes qui ont le même nom qu'elle. Les personnages sont attachants, l'humour joyeusement absurde et la méditation sur l'existence est loin d'être banale. ****

dimanche 4 mai 2025

Film du jour: Dim Sum: A Little Bit of Heart


Les plus beaux films de Wayne Wang sont ceux qui sont intimistes. Pensons à Chan is Missing, Smoke et plus récemment Coming Home Again. Dim Sum: A Little Bit of Heart (1985) fait partie du lot, dressant le portrait d'une famille d'immigrants chinois à San Francisco. Le ton et le style s'apparentent à celui d'Ozu, toute en finesse et en contemplation, où le quotidien se veut révélateur des liens qui unissent ses membres. Bien que l'intrigue puisse paraître ténue, l'ensemble ne manque pas de charme, d'humour et d'émotion. ***1/2

samedi 3 mai 2025

Entrevue: Patricia Mazuy (La prisonnière de Bordeaux)


Depuis la sortie de Peaux de vaches en 1989, Patricia Mazuy s'inscrit comme l'une des cinéastes les plus passionnantes de l'Hexagone, son art atteignant des sommets avec le délirant Paul Sanchez est revenu! (2018).

Dans La prisonnière de Bordeaux, elle s'intéresse à l'amitié entre deux femmes (Isabelle Huppert et Hafsia Herzi) d'origines différentes qui se rencontrent dans le parloir d'une prison. Discussion avec la réalisatrice lors de son passage à Montréal dans le cadre de Cinemania.

Tous les personnages semblent emprisonnés dans votre long métrage...

En effet. Les héroïnes ne sont pas derrière les barreaux, mais elles sont tout de même en prison. Il y a très peu de scènes extérieurs dans le film. C'est pour ça que j'aimais bien le titre. On sait qu'elles sont à Bordeaux, même si on ne voit jamais Bordeaux.

Le récit naît dans le réel pour transiter vers la fiction et le romanesque...

Oui. Plusieurs femmes qu'on voit dans le film sont des véritables femmes de parloir. Leur vitalité et leur résilience m'a aidé à entrer dans le film.

La prisonnière de Bordeaux pourrait être le miroir de votre précédent Bowling Saturne...

Tout à fait. Il a été fait avec la même équipe. On avait exploré la noirceur et la violence sur Bowling Saturne et là, je voulais explorer la lumière et la douceur.

Il s'agit d'une comédie dramatique à la Chabrol sur la bourgeoisie et les rapports de classes...

Notamment. Ce qui est marrant, c'est qu'il y a la femme de l'assassin et la femme du voleur. Et l'assassin est celui qui empile les tableaux et fait les investissements. C'était intéressant d'affronter le cliché de la bourgeoisie et de la mère courage des banlieues.

Face à l'adversité, les héroïnes décident de créer un cocon féminin, ce qui est beau et stimulant...

C'est une parenthèse d'amitié qui est presque de l'amour non sexuel très fort et qui va les porter toute leur vie. Le personnage d'Isabelle prend celui d'Hafsia chez elle parce qu'elle s'ennuie et qu'elle est dans le vide, mais leur relation est ultra sincère. C'est ça qui était flippant au tournage. Ça tiendra si on croît à leur amitié.

Les actrices font souvent le film...

J'avais déjà tourné avec Isabelle dans Saint-Cyr. Et Hafsia était incroyable dans Tu mérites un amour. Elle a pris cinq kilos pour mon film. J'avais envie de les filmer toutes les deux ensemble et de les mettre dans une voiture. Mais je n'ai pas vraiment pu le faire, car trois mois avant le tournage, j'ai appris à ma grande surprise qu'Isabelle n'avait pas le permis. Il y avait plein de scènes en voiture que j'ai dû abandonner. Elle a fait 300 films, mais elle n'a pas de permis de conduire!

Avec ce film, vous avez travaillé l'émotion et la comédie comme jamais auparavant...

Il fallait qu'il ait de l'émotion. Ce sont deux petits destins et deux femmes qui se transforment en héroïnes. Hafsia est de base très émouvante. Elle a une telle véracité intérieure. Là, on voulait que ça soit extériorisé plus que dans ses autres films. Je lui disais qu'elle devait jouer comme Marcello Mastroianni dans les comédies. Il fallait qu'elle soit burlesque. Alors qu'avec Isabelle, on est plus dans le registre du dialogue comique et de l'autodérision. Le défi pour elle, c'est d'être à la fois larguée, gentille et drôle.

À quoi ressemblent les influences du film?

J'ai beaucoup pensé à Break-up, érotisme et ballons rouges de Marco Ferreri. Il y a d'ailleurs un hommage. Ferreri m'a beaucoup aidé pour ce film. Il faisait des histoires fragiles et timbrées en même temps. C'est un film assez inconnu et Mastroianni est génial là-dedans!

Qu'est-ce que vous recherchez au cinéma?

Il y a plein de films qui m'emmerdent, car je vois comment ils vont se finir. Au cinéma, j'aime bien être cueillie. C'est ça le truc vivant qui reste, car il ne faut pas oublier que c'est une aventure.

Film du jour: Matimekush


Guillaume Sylvestre prend le pouls d'enseignants qui transmettent leur savoir aux élèves de la communauté innue dans Matimekush, un documentaire bien attentionné mais plutôt flou dans ses enjeux. Les sujets sont nombreux et l'ensemble, bien qu'intéressant, demeure malheureusement en surface. En salle. **1/2

vendredi 2 mai 2025

Film du jour: La prisonnière de Bordeaux


Isabelle Huppert et Hafsia Herzi forment un duo étincelant dans La prisonnière de Bordeaux, le nouveau film de la trop rare Patricia Mazuy. Mêlant le drame social et la comédie de moeurs, l'ensemble se savoure avec délectation tant l'ouvrage conjugué au féminin traite de sujets épineux sans tomber dans la facilité. À voir au cinéma. ***1/2

jeudi 1 mai 2025

Film du jour: La vie devant moi


Relatant le quotidien d'une famille juive qui s'est cachée pendant plus de 700 jours dans une demeure parisienne lors la Seconde Guerre mondiale, La vie devant moi de Niels Tavernier débute plutôt bien. L'interprétation est respectable et la réalisation minimaliste plutôt adéquate. L'ensemble superficiel et assez mince se dérègle toutefois à mis chemin lorsque le récit commence à tourner en rond et que le sentimentalisme d'usage fait son entrée avec sa trame sonore appuyée. En salle ce vendredi. **1/2