lundi 14 avril 2025

Film du jour: Heretic


Hught Grant est magnifique dans Heretic de Scott Beck et Bryan Woods, un suspense horrifique où il incarne un homme qui s'amuse au dépend de deux jeunes mormones. La première partie offre une brillante joute oratoire, alors que la seconde se dégonfle quelque peu en accumulant les effets chocs attendus. Mais le long métrage est à découvrir, seulement pour sa vedette qui n'aura jamais paru aussi menaçante. ***1/2

dimanche 13 avril 2025

Film du jour: Time to Love


Un homme tombe amoureux de la photo d'une inconnue dans Time to Love (1965), le magnifique film de Metin Erksan. Sur le plan esthétique, le long métrage atteint des sommets et s'il vient bien près de verser dans le maniérisme, le ton solennel, le rythme langoureux et l'interprétation détachée en font une oeuvre unique. ****

samedi 12 avril 2025

Critique: The Amateur


Rami Malek est parfaitement dans son élément dans The Amateur de James Hawes, un thriller d'espionnage efficace et faussement classique qui recèle des réflexions probantes sur la vengeance et la condition humaine. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: Les courageux


Une mère courage affronte l'adversité dans Les courageux de Jasmin Gordon, un premier long métrage à saveur sociale qui n'évite pas les lieux communs (ceux dessinés par exemple par les frères Dardennes et Ursula Meier). La fraîcheur de tous les interprètes et le récit plus énigmatique que la moyenne en font toutefois un petit film louable. En salle. ***

vendredi 11 avril 2025

Critique: Drop


Dans la foulée du récent Heart Eyes, Drop de Christopher Landon mélange suspense, romance et un soupçon d'horreur, alors qu'une mère doit obéir à un être diabolique qui menace de s'en prendre à son fils. La mécanique bien huilée et le jeu convaincu de son héroïne en font un divertissement intense, qui finit toutefois par se dégonfler légèrement dans le dernier droit. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Autobiography


Remarqué en festivals en 2022, Autobiography est un premier long métrage passionnant de la part de Makbul Mubarak, qui relate les rapports parfois troubles entre un général à la retraite et le fils de son gouvernant. Jouant à fond la carte de l’ambiguïté, cette relation père/fils peut également être prise sur le plan politique, confrontant la jeunesse indonésienne à son passé. Bien que le récit lent et posé propose peu de surprises, il est mené avec doigté, bénéficiant de la présence de solides comédiens. À voir sur Film Movement +. ***1/2

jeudi 10 avril 2025

Film du jour: 1 + 1 + 1 La vie, l'amour, le chaos


Une semaine au chalet est le moment idéal à une mère à l'aube de la quarantaine afin de remettre son existence dans le chemin. Adapté du roman de Grégory Lemay, 1 + 1 +1 La vie, l'amour, le chaos de Yanie Dupont-Hébert souffre d'une écriture extrêmement maladroite où chaque dialogue est appuyé, encore et encore, obligeant les comédiens à en mettre plus que nécessaire. Cela finit par peser lourdement sur le récit, flou et sans grand intérêt, surtout que la mise en scène s'avère incroyablement limitée. **

mercredi 9 avril 2025

Film du jour: Une part manquante

Après le déchirant Nos bataille, le réalisateur Guillaume Senez et l'acteur Romain Duris s'intéressent à nouveau à la paternité absente par l'entremise d'Une part manquante qui se déroule au Japon. Sensible et interprété avec conviction, le récit qui bénéficie d'une élégante trame sonore souffre d'un scénario prévisible et schématisé, qui vient appuyer chaque case au bon moment au lieu de laisser respirer l'ensemble. ***

mardi 8 avril 2025

Film du jour: A Quiet Place: Day One


Après deux films réussis, A Quiet Place est gratifié d'un antépisode complètement inutile intitulé banalement Day One, qui mise tout sur l'action et le sentimentalisme kitsch. Les personnages ne sont que des faire-valoir pour rappeler la beauté de la vie - et du partage - lorsque l'apocalypse cogne à la porte. La mise en scène de Michael Sarnoski (Pig) s'avère peut-être solide et le chat manipulera tous les coeurs, mais l'ensemble n'existe que pour profiter d'une recette éprouvée. **1/2

lundi 7 avril 2025

Film du jour: The Feeling That the Time for Doing Something Has Passed


Produit par Sean Baker, The Feeling the Time for Doing Something Has Passed (2023) est l'excellent premier film de Joanna Arnow. Face à une existence morne où elle n'a aucun contrôle, notre héroïne (superbe Arnow) décide de reprendre le contrôle dans ses relations sexuelles. À la fois hilarant et tristounet, l'essai parle du monde d'aujourd'hui avec une grande clairvoyance, bénéficiant d'une mise en scène appropriée, à la fois souple et... contrôlée! ****

dimanche 6 avril 2025

Film du jour: Hola Frida


La coproduction québécoise Hola Frida de Karine Vézina et André Kadi présente l'enfance de la célèbre peintre. L'animation colorée et les leçons de courage risquent de plaire à un jeune public. En revanche, le ton didactique, lourd et démonstrateur empêche le dessin animé de transcender ses fonctions éducatives. En salle. ***

samedi 5 avril 2025

Film du jour: Soundtrack to a Coup d'Etat


Nommé aux Oscars plus tôt cette année, Soundtrack to a Coup d'Etat est un superbe documentaire de Johan Grimonprez qui mélange musique et politique. Ce récit sur le colonialisme africain est dynamité par un montage extraordinairement limpide et des mélodies imparables qui permettent de mieux comprendre l'impérialisme du 20e siècle. En salle. ****

vendredi 4 avril 2025

Critique: A Minecraft Movie


Nouvelle adaptation d'un jeu vidéo à succès, A Minecraft Movie de Jared Hess ne brille pas par la qualité de son scénario que par sa façon de rendre accessible à tous un univers qui n'était pas nécessairement évident à rendre tangible à l'écran. Surtout que le duo formé de Jack Black et de Jason Momoa fonctionne à plein régime. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: The Oldest Profession


Maître du «roman porno» japonais, Noboru Tanaka propose avec The Oldest Profession (1974) une plongée dans l'univers de la prostitution. Rappelant les films sociaux de Mizoguchi, le film alterne le désir de liberté de son personnage principal qui se heurte à un monde absurde, violent et de plus en plus déshumanisé. La mise en scène étudiée à la photographie soignée en noir et blanc évite la sordide étude de milieu, tandis que la composition nerveuse de la protagoniste en fait une magnifique héroïne tragique. À découvrir dans quelques salles de cinéma, en vidéo sur demande ou sur Film Movement Plus. ***1/2

jeudi 3 avril 2025

Film du jour: Brief Encounters


Brief Encounters (1967) n'est pas un remake du chef-d'oeuvre de David Lean. Il s'agit plutôt du premier grand film de Kira Muratova, une importante cinéaste ukrainienne trop peu connue. Censuré par l'URSS, le long métrage traite de devoirs et de liberté, critiquant la bureaucratie en place. Quelque peu verbeux et entièrement centré autour de ses beaux personnages, l'effort nage comme un canard sur l'eau, en apparence délicatement (la musique, la photographie et la mise en scène s'avèrent superbes) mais dont le désarroi se fait clairement ressentir. ****

mercredi 2 avril 2025

Film du jour: Dog Man


Cette adaptation décontractée des populaires livres pour enfants Dog Man se veut assez agréable et divertissante. Sans rien révolutionner, le scénario mise sur ses personnages attachants avant leurs péripéties incroyables, tandis que la réalisation de Peter Hastings mélange humour, tendresse et action avec un savoir-faire évident. L'édition blu-ray (Universal) réunit des suppléments assez cocasses et ne déçoit jamais sur le plan audio et vidéo. ***

mardi 1 avril 2025

Film du jour: Love Hurts


Après avoir remporté un Oscar, Ke Huy Quan obtient son premier rôle principal au cinéma. Dommage qu'il ait choisit Love Hurts, un embarrassant navet qui mélange romance et action violente à la John Wick. Le mariage de genre ne tient jamais la route, les acteurs cabotinent, la mise en scène de Jonathan Eusebio ne se veut guère inspirée et le scénario recycle tous les clichés du genre alors qu'il aurait tout simplement pu être une variation joyeuse sur les vieilles productions de Jackie Chan. Cela dit, sur le plan technique, l'édition blu-ray (Universal) offre la qualité vidéo et sonore souhaitée, tout comme d'agréables suppléments. *1/2

lundi 31 mars 2025

Film du jour: Julie se tait


Sélection de la Belgique aux Oscars, Julie se tait (Julie Keeps Quiet) est l'étonnant premier long métrage de Leonardo Van Dijl qui se déroule dans l'univers du tennis. Promise à un brillant avenir, l'héroïne adolescente tombe des nues en apprenant que son entraîneur vient de se faire suspendre. Privilégiant les silences introspectifs, le film minimaliste à souhait en dit long sur l'époque du #metoo, rendant graduellement la parole à sa protagoniste qui est incarnée avec aplomb par Tessa Van den Broeck. À découvrir dans quelques salles via Film Movement. ***1/2

dimanche 30 mars 2025

Film du jour: Darkest Miriam


Se déroulant dans un Toronto loin de la carte postale, Darkest Miriam de Naomi Jaye traite d'aliénation et de solitude urbaine. Un peu trop littéraire, le récit au rythme parfois chancelant trouve toute sa pertinence non pas dans le quotidien de la protagoniste (le monde de la bibliothèque est quelque peu stéréotypé), mais dans sa façon de se lier avec un inconnu aussi perdu qu'elle. Les excellents comédiens possèdent une chimie indéniable et après quelques errances, l'effort se termine avec des scènes puissantes. ***

Critique: Death of a Unicorn


Des licornes s'attaquent aux riches de ce monde dans Death of a Unicorn d'Alex Scharfman, une satire horrifique qui malgré son vent de fraîcheur, devient de plus en plus conventionnel, finissant par se transformer en un ersatz de Jurassic Park. Ma critique est à lire sur Cinoche. **1/2

samedi 29 mars 2025

Critique: The Woman in the Yard


Le cinéaste Jaume Collet-Serra (Orphan, House of Wax, The Shallows) devrait lâcher le film d'horreur, car cela ne s'arrange vraiment pas avec The Woman in the Yard, une oeuvre dénuée de frisson qui est aussi prévisible qu'ennuyante. Ma critique est à lire sur Cinoche. **

Film du jour: Rapado


Porte-étendard du nouveau cinéma argentin, Martin Rejtman proposait dès son premier long métrage Rapado (1992) une oeuvre rafraîchissante et mélancolique. Sorte de variation ironique sur Le voleur de bicyclette, le récit s'articule sur les obsessions d'un jeune homme pour les motocyclettes. Minimaliste et volontairement répétitif, le dispositif ne manque pas de charme, étant porté par des comédiens attachants. ***1/2

vendredi 28 mars 2025

Film du jour: Finalement


Claude Lelouch a toujours fait du Claude Lelouch, pour le meilleur (ses premiers films) et pour le pire (les autres). Dans ce qui est possiblement son ultime tour de piste, il revisite sa carrière, se payant tellement d'hommages narcissiques que le récit de Finalement n'a aucune raison d'être tant il est confus et rétrograde, appartenant à une époque révolue. Comme toujours, les interprètes de talent sont coincés dans la peau de personnages sommaires esquissés, tandis que les mélodies omniprésentes versent dans le sucre le plus kitsch et collant. Overdose assurée. **

jeudi 27 mars 2025

Film du jour: Grand Tour


Miguel Gomes (TabouLes 1001 nuits) est un conteur hors-norme et il fascine à nouveau avec Grand tour, qui relate la virée en Asie d'un couple qui va bientôt se marier. Récit dédoublé, soin apporté aux contes et légendes, formats d'images divers, immense travail sur le son: l'ensemble enchante et déstabilise allègrement, perdant régulièrement le cinéphile dans cette aventure ludique d'une folle originalité. ****

mercredi 26 mars 2025

Film du jour: Miséricorde


Le désir mène le bal dans Miséricorde d'Alain Guiraudie, un drame hors de l’ordinaire à la fois suspense à la Chabrol et comédie très noire, où la disparition d'un homme sème l'émoi au sein de son entourage. Le scénario ne va jamais là où on s'entend, la mise en scène automnale séduit amplement et les beaux personnages se succèdent au tournant, avec une mention spéciale pour cette figure religieuse. ****

mardi 25 mars 2025

Film du jour: Wolf Man

 


Après s'être intéressé à The Invisible Man avec brio, Leigh Whannell manque d'inspiration avec Wolf Man (2025). Si le film demeure judicieux sur le plan thématique (il s'agit d'une métaphore des traumas du passé et de la masculinité toxique), son traitement ne l'est guère tant le scénario s'avère trop explicatif, l'interprétation inégale et la frousse complètement absente. Reste quelques moments de tension et une utilisation efficace des ombres et de la lumière, qui est maximisée dans cette édition blu-ray aux suppléments de qualité (piste de commentaires, documentaires divers). **

lundi 24 mars 2025

Film du jour: Model Shop


Échec à sa sortie en 1969, Model Shop mérite d'être reconsidéré. Non seulement le long métrage clôt la trilogie de Jacques Demy entamée avec Lola et Les parapluies de Cherbourg, mais il permet au cinéaste français de filmer différemment Los Angeles et d'y insuffler sa mélancolie habituelle. L'artificialité des situations et des interprètes fait ainsi office de moteur aux sentiments endormis qui n'attendent que l'Amour pour prendre sens. ***1/2

dimanche 23 mars 2025

Film du jour: Santosh


Le cinéma indien indépendant est en vogue. Après l'excellent All We Imagine as Light, c'est au tour de Santosh de séduire. Il s'agit également d'un premier long métrage de fiction réalisé par une femme (ici Sandhya Suri) sur la difficulté d'être dans un immense pays hiérarchisé où le clivage se fait selon son sexe, sa religion, son métier et sa caste. Lorsqu'une veuve devient flic, sa première enquête - sur le viol et le meurtre d'une adolescente - devient la radioscopie d'un lieu gangrené par la corruption et l'incompréhension. La mise en scène devient de plus en plus sombre à mesure que le récit avance et malgré quelques détours plus didactiques, le suspense policier alimente parfaitement le drame social. L'interprétation des deux actrices principales ajoutent une couche supplémentaire d’ambiguïté dans un monde où rien n'est blanc ou noir. À voir au cinéma. ****

samedi 22 mars 2025

The Alto Knights (critique)


Robert De Niro n'incarne pas un mais deux chefs de la mafia dans The Alto Knights. Si la star livre des partitions intéressantes, il est incapable de sauver le film de Barry Levinson qui croule sous les clichés. Qui n'est pas Casino qui veut. Ma critique est à lire sur Cinoche. **

Film du jour: Habiter la maison


Nouveau film québécois à traiter de la figure du père, Habiter la maison de Renée Beaulieu réunit de très bons interprètes (François Papineau en tête) autour d'un scénario lourdement écrit, dont la musique vient tout souligner. Superficiel, le récit ne manque pas de lieux communs et si la photographie retransmet bien les superbes paysages, la mise en scène manque parfois de personnalité. En salle. **1/2

vendredi 21 mars 2025

Film du jour: Vingt Dieux


Récompensé de deux Césars (meilleur premier film et meilleur espoir féminin), Vingt Dieux de Louise Courvoisier est un véritable vent de fraîcheur sur le cinéma français. Non seulement le long métrage traite de nombreux thèmes importants avec subtilité, mais il est doté d'une mise en scène assurée, faisant la part belle aux magnifiques paysages du Jura. Tous les acteurs s'avèrent parfaits, surtout Clément Faveau et Maïwène Barthelemy. En salle. ****

jeudi 20 mars 2025

Film du jour: Jouer avec le feu


Que peut un père lorsque son fils rejoint un groupe d'extrême-droite? C'est à cette épineuse question que tente de répondre Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin. Cruellement d'actualité, le film confronte les discours sans oublier de demeurer cinématographique. Bien que certains détours pourront paraître plus didactiques, l'ensemble ne manque pas d'intérêt et Vincent Lindon livre une nouvelle prestation bouleversante. Au cinéma dès demain. ***1/2

mercredi 19 mars 2025

Film du jour: L'empire


Sans doute le film le plus imprévisible de Bruno DumontL'empire mélange sa fibre sociale/transcendantale et sa branche comique/absurde. En résulte un soap opera déjanté, capable du meilleur comme du pire, mais surtout de surprendre dans sa façon de déjouer les attentes, par exemple en reprenant à son compte la superproduction hollywoodienne façon Star Wars. Sa photographie exquise ensorcelle et ses interprètes complices jouent le jeu même si l'ensemble finit par traîner en longueur. Au cinéma dès vendredi. ***1/2

mardi 18 mars 2025

Film du jour: No Other Land


Lauréat de l'Oscar du meilleur documentaire, No Other Land de Basel Adra, Hamdam Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor relate la résistance et la résilience du peuple palestiniens face à l'armée israélienne. Le long métrage fondé sur la répétition multiplie les images de destructions et d'indignation, ne laissant personne indifférent. Si un rapprochement finit par se faire entre les deux frères ennemis, un sentiment de résignation souffle sur l'essai qui, composé harmonieusement à l'aide de différentes sources vidéo, constitue un plaidoyer implacable d'une existence muselée. En salle. ****

lundi 17 mars 2025

Entrevue Jonathan Millet (Les fantômes)


Membre d'une organisation secrète qui traque les criminels de guerre, Hamid (Adam Bessa) se lance à la poursuite de son bourreau dans Les fantômes de Jonathan Millet, lauréat du prix Louis-Delluc du meilleur premier film. Je me suis entretenu avec le cinéaste lors de son passage à Montréal dans le cadre de Cinémania.

Vous pouvez me parler de votre parcours atypique? Seul avec votre caméra, vous avez traversé et filmé dans une cinquantaine de pays...

Quand j'avais 18 ans, j'étais sûr que je voulais faire du cinéma. Les réalisateurs que j'aimais n'ont pas étudié le cinéma: ils ont tous creusé leurs propres voies pour amener qui ils étaient à l'intérieur du cinéma. J'avais envie de découvrir le monde et de me découvrir moi. Je suis parti seul avec ma caméra vers l'Est. J'ai fait des petits films pour des ONG, des images d'illustrations dans les pays fermés. Je devais raconter en un plan l'atmosphère d'un pays. Ce fut la meilleure école de cinéma.

Qu'est-ce qui vous a amené vers Les fantômes?

C'est un film qui retrace mon parcours. Je suis resté très longtemps en Syrie. C'est un pays qui m'a donné envie de faire mes premiers documentaires sur la question de l'exil. J'ai commencé à écrire un documentaire sur les réfugiés de guerre et les traumas: ce qu'on garde au plus profond de son corps quand on vit une guerre, de la torture ou un deuil. Je voulais raconter cette invisibilité-là.

La forme du suspense paranoïaque s'est rapidement imposée?

Lorsque je vais au cinéma, j'ai envie d'être complètement emporté par un film. Je veux être bousculé, bouleversé, que les personnages vivent des grandes questions intenses. Quand un réfugié syrien a commencé à me raconter cette histoires, je me suis dit que je n'avais rien entendu d'aussi puissant et incroyable. Je voulais rendre hommage à l'héroïsme tragique de mes personnages.

Le film est particulièrement sensoriel, misant sur le hors champ afin de participer à l'immersion en place...

Après trois années de recherches, j'avais des montagnes d'informations. Je pouvais écrire des livres théoriques dessus. Mais ce n'est pas du tout ce qui m'intéressait. Comme mon sujet principal est ce qui se passe dans le corps, les traumas, la manière qu'un simple bruit réveille des émotions, je me suis dit que ça devait être la ligne du film. Par le travail sur le son et le montage, on a essayé de provoquer chez le spectateur du ressenti physique pour que le film soit une réelle expérience.

Adam Bessa porte le film sur ses épaules. Il offre un jeu toute en subtilité et en non-dit. Tout se joue dans son regard, ses gestes, son calme douloureux...

C'était important d'avoir un visage neuf. Au départ, je voulais un comédien syrien, mais ceux que j'ai rencontré m'ont dit que c'était trop dangereux pour eux, car ils avaient toujours des proches au pays. J'ai fait un casting pendant un an dans tous les pays arabes et j'ai finalement rencontré Adam. J'ai senti qu'il avait l'intensité intérieure que je recherchais. Ce qui me faisait le plus peur dans toutes ces questions de torture et de souffrance, c'est que le comédien en fasse trop. Lui, au contraire, il pouvait complètement se retenir. Il a travaillé trois mois sur la langue et l'accent.

À quoi ressemblent vos films ou cinéastes de chevet?

Ce qui me parle, ce sont des cinéastes qui font des films qui ne ressemblent qu'à eux et qui nous surprennent. Ce qui m'ennuie au cinéma, ce sont les films qui sont tellement bien faits.  J'ai envie d'un film escarpé, un peu audacieux. Des cinéastes comme Werner Herzog et Paul Thomas Anderson m'ont donné le goût de faire du cinéma.

Pour Les fantômes, j'ai vu beaucoup de films de type thriller ou d'espionnage. Je sentais bien qu'il y avait toujours des passages obligés, des scènes ou codes qui m'ennuyaient. Parfois, des réalisateurs s'emparaient de ça et ils faisaient des films uniques. Celui que j'ai le plus envie de citer est The Conversation de Coppola. Il fait quelque chose d'énorme avec une oeuvre très minimaliste. C'est un film de solitude et d'obsession qui est à la fois très personnel pour l'auteur et universel pour le spectateur.

Film du jour: The Protagonists


Dans son premier long métrage The Protagonists (1999), Luca Guadagnino conviait Tilda Swinton à un faux documentaire dans le style «true crime». La satire qui s'épuise rapidement prend par moments des avenues insoupçonnées qui apportent un peu de fraîcheur à cet exercice quelque peu stérile. **1/2

dimanche 16 mars 2025

The Electric State (critique)


Malgré un budget de 320 millions, l'indigeste The Electric State des frères Russo semble avoir été conçu par une intelligence artificielle de bas étage. Sur Netflix (ceci explique sans doute cela). Ma critique est à lire sur Cinoche. *1/2

Film du jour: Soudain seuls


Rare film de survie français, Soudain seuls de Thomas Bidegain souffle par ses paysages austères et les performances convaincantes de ses têtes d'affiche Mélanie Thierry et Gilles Lellouche. Dommage que quelques invraisemblances, des dialogues trop écrits et une trop grande prévisibilité empêche le récit de briller comme il devait. ***

samedi 15 mars 2025

Novocaine (Critique)


Les amateurs de films d'action seront comblés avec Novocaine, une comédie bien sanglante qui risque de lancer la carrière de Jack Quaid. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Un héros très discret


S'il y a un cinéaste qui est difficile à cerner, c'est bien Jacques Audiard, tant le réalisateur s'amuse à changer de genres et de registres. Que l'on apprécie ou pas sa démarche, il a mis en scène de grands films, son meilleur étant certainement Un héros très discret (1996). Dans cette fabuleuse comédie dramatique qui n'est pas sans rappeler Zelig de Woody Allen, un arriviste ne fait que mentir afin d'inscrire son destin anonyme dans la marche du Temps. En résulte une oeuvre fascinante et brillante sur la façon dont on construit les gens et l'histoire. La mise en scène inventive et la performance parfaite de Mathieu Kassovitz en font une oeuvre indémodable. ****1/2

vendredi 14 mars 2025

Black Bag (Critique)


Steven Soderbergh s'attaque au film d'espionnage avec Black Bag, un suspense verbeux où brille une distribution jouissive. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: Sisi & Me


Biopic imagé dans la lignée de Marie Antoinette, Sissi & Me de Frauke Finsterwalder séduit d'abord par ses hilarants éléments satiriques et sa riche trame sonore féminine. Sandra Hüller et Susanne Wolff y forment d'ailleurs tout un duo. Mais lorsque la comédie se transforme en drame, l'intérêt vacille et ce trop long film (132 minutes) finit par laisser complètement indifférent. Surtout qu'il n'arrive pas à la cheville du récent Corsage. À découvrir via Film Movement. **1/2

jeudi 13 mars 2025

Film du jour: Les fantômes


Une victime du régime syrien part à la recherche de son bourreau dans Les fantômes, l'excellent premier long métrage de fiction de Jonathan Millet. Mêlant suspense d'espionnage et drame paranoïaque sous fond de traumas, le récit passionne et captive. La mise en scène sensorielle et l'interprétation impeccable d'Adam Bessa en font une réussite totale. En salle demain.  ****

mercredi 12 mars 2025

Film du jour: Marcello Mio


Fiction méta où Chira Mastroianni se prend pour son célèbre père Marcello, Marcello Mio débute comme un simple film sur le cinéma avant de devenir une réflexion mélancolique sur l'identité et la famille. Comme toujours chez Christophe Honoré, l'écriture minutieuse est au service des beaux personnages et la mise en scène vivante alterne les hommages (un peu trop évidents) et les chansons (du bonbon!). On en ressort de bonne humeur. En salle ce vendredi. ***1/2

mardi 11 mars 2025

Film du jour: Annie Hall


Annie Hall représente la quintessence du cinéma de Woody Allen. Des répliques hilarantes qui font mouche à chaque fois, un scénario brillant qui alterne légèreté et gravité, des acteurs parfaits dans leur rôles, etc. On ajoute à cela ici une mise en scène d'une rare inventivité et on obtient un classique instantané, toujours aussi drôle aujourd'hui qu'à sa sortie en 1977. *****

lundi 10 mars 2025

Film du jour: Charles et Lucie


Road movie sur un vieux couple qui cumule les ennuis, Charles et Lucie (1979) de Nelly Kaplan est une charge contre le capitalisme, utilisant un humour souvent irrésistible afin de personnifier le malaise politique et économique. Les redondances ne sont pas rares, mais la chimie entre Daniel Ceccaldi et Ginette Carcin atteint des sommets. ***1/2

dimanche 9 mars 2025

Film du jour: 7 Beats Per Minute


Une plongeuse en apnée confronte ses traumas dans le très beau documentaire 7 Beats Per Minute de Yuqi Kang. Ce sport est la métaphore idéale afin de plonger au plus profond de soi et d'en ressortir transformé. Les images magnifiques donnent le goût de voir l'effort sur le plus grand écran possible et le récit, non sans redites, questionne la relation qui se forme entre l'être qui filme et le sujet filmé. ***1/2

samedi 8 mars 2025

Film du jour: Seven Veils


Atom Egoyan fait-il toujours le même film? Même s'il se déroule dans l'univers de l'opéra Salome (qui est superbement filmé), Seven Veils traite à nouveau des secrets du passé et des désirs inavoués, le tout à grand coups d'ellipses, de jeux de miroirs et de mises en abyme. Sur papier, le récit est complexe est passionnant. Mais à l'écran, l'intrigue tarabiscotée s'éparpille (avec un détour peu convaincant vers le #metoo) et Amanda Seyfried ne sait plus où donner de la tête. **1/2

vendredi 7 mars 2025

Film du jour: Maurice


Tout a déjà été dit sur le Rocket? Non. Le documentaire Maurice montre des images inédites du célèbre joueur de hockey, parlant à la fois de la grande Histoire (le Québec) et de la petite (Richard, évidemment, mais également le parcours du réalisateur Serge Giguère). L'ensemble hybride a tendance à s'éparpiller et à se répéter, mais l'intérêt demeure constant. ***

jeudi 6 mars 2025

Mickey 17 (Critique)


À quoi ressemble la vie après Parasite pour Bong Joon-ho? À Mickey 17, une satire de science-fiction où Robert Pattinson doit affronter son propre clone! Bien que poussif et peu subtil, cet essai mineur n'en demeure pas moins hilarante et très divertissante. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2