Où va le monde? Alors que
d’excellents films sortent directement en DVD (comme Pieta de Kim Ki-duk, en juillet prochain), que des œuvres des plus
grands cinéastes de la planète (Abbas Kiarostami, Hong Sang-soo, Bruno Dumont
et la liste est longue) trouvent difficilement un distributeur ou ne restent
qu’une petite semaine à l’affiche, le public attend avec une impatience
démesurée des superproductions américaines où les chars, la violence gratuite
et l’exploitation du corps de la femme sont à l’honneur. En fait, Fast & Furious 6 est un des longs
métrages les plus attendus de cet été 2013. Il fallait voir les gens crier et
s’extasier devant les péripéties rocambolesques de nos personnages stéréotypés,
hurler et pratiquement jouir devant leurs morceaux de bravoure.
Pourtant, qu’est-ce qu’il y a de
si attrayant dans cet énième volet qui ressemble tant aux précédents? Bonne
question. Cette fois, Vin Diesel, Dwayne Johnson, Paul Walker et leurs nombreux
amis doivent mettre la main sur un méchant et ses hommes de main qui sont à un
doigt de posséder une technologie destructrice. L’intrigue ne peut que renvoyer
à James Bond ou à Mission : Impossible, même s’il
s’agit davantage d’un dérivé d’Ocean’s
Eleven.
La série est tellement populaire
que le scénario n’a plus besoin d’exister. Ni la mise en scène conventionnelle
et sans personnalité du tâcheron Justin Lin. Tout ce qui compte, ce sont les
affrontements interminables, les poursuites redondantes, ces corps qui se
cognent et ces balles qui sifflent. La sensation de vitesse laisse rapidement
la place à une sensation d’ivresse, un mal de tête lassant et proéminent,
devant plus de deux heures souvent infernales où le montage épileptique
rappelle que parfois, moins c’est mieux.
Les rares oasis où il est
possible de reprendre sa respiration sont, ironiquement, les endroits les plus
supportables. Pourquoi ne pas troquer l’action pour la comédie? Car ce sont les
segments où les comédiens s’en tirent le mieux. Et de loin. Non, l’effort ne se
prend pas au sérieux. Il est volontairement kitch, sirupeux, moralisateur et
platement prévisible. Ce n’est cependant pas une raison pour tomber au neutre
au bout de 15 minutes, de faire du surplace et de frapper le mur à la moindre
occasion.
On ne demande pas à Fast & Furious 6 d’être aussi
élaboré et intelligent qu’Inception, Skyfall ou même The Avengers. Mais seulement de divertir, de faire passer un bon
moment et de faire oublier cette eau momentanément souillée de Montréal. Rien
de tout cela n’arrive, bien au contraire. Le sentiment de se faire abrutir est
grand et le public en redemande, ce qui est le comble. Pour un bon film
d’action, mieux vaut se tourner vers le mésestimé The Last Stand qui mettait en vedette Arnold Schwarzenegger. Ça, au
moins, c’est décoiffant et déridant.
Note : 2/5
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