dimanche 31 mai 2015

Film du jour: Intimidation

Tout le monde passe son temps à se manipuler dans Intimidation, ce très bon suspense de la part de Koreyoshi Kurahara. Malgré une psychologie des personnages qui est esquissée un peu trop sommairement, il se trouve plein de choses intéressantes, donc cette description du Japon après la Seconde Guerre mondiale, cette magnifiques images en noir et blanc et cette réalisation qui tend à sortir des sentiers battus. ***1/2

samedi 30 mai 2015

Film du jour: Le marchand des quatre saisons

Présenté aujourd'hui sur les ondes de TFO, Le marchand des quatre saisons est possiblement le film où Rainer Werner Fassbinder est passé de réalisateur prometteur à cinéaste essentiel. Cette chronique du couple qui ne trouve pas le bonheur se veut évidemment satirique et politique et derrière la placidité des êtres et des situations se trouvent une création vivante qui a beaucoup de coeur et de personnalité. ****

vendredi 29 mai 2015

Sorties au cinéma : Transatlantique, Iris, The Wanted 18, I’ll See You in My Dreams, Ce qu’il ne faut pas dire, Survivor, Debug, Aloha

En omettant volontairement de voir le film catastrophe San Andreas avec The Rock, je me suis concentré sur toutes les autres sorties de la semaine. Alors, qu'est-ce qui mérite l'attention?

Pourquoi pas Transatlantique de Félix Dufour-Laperrière? Il s'agit d'un essai expérimental muet et en noir ou blanc où le spectateur s'amuse à détecter ce qu'il veut, à créer sa propre histoire. C'est beau et hypnotisant tout à la fois. ***1/2

Plus conventionnel dans sa forme, Iris d'Albert Maysles demeure un documentaire extrêmement intéressant sur une vieille femme excentrique qui a un don inné pour la mode. La voir déambuler est un grand plaisir. ***1/2

Autre documentaire passionnant qui porte cette fois sur des vaches qui appartiennent à des Palestiniens mais qui se trouvent en territoire israélien, The Wanted 18 de Paul Cowan et Amer Shomali y intègre avantageusement des éléments d'animation. Cela aurait pu être encore plus mémorable, sauf que ça demeure très recommandable. ***

Film de "vieux" qui, ô miracle, ne se perd pas dans les clichés, I'll See You in My Dreams de Brett Haley tient la route grâce aux excellents comédiens et à cette façon - moralisatrice, mais pas trop - de vouloir aborder l'existence au quotidien. Et ça fonctionne! ***

Financé sans l'aide des institutions, Ce qu'il ne faut pas dire de Marquise Lepage n'a pas toujours les moyens de ses ambitions, mais il arrive malgré tout à dessiner une rigolote comédie romantique tout en faisant découvrir le grand talent d'Annick Fontaine. **1/2

Action et espionnage sentent la formule dans le Survivor de James McTeigue, le récit efficace d'une experte en sécurité qui se fait poursuivre par tout le monde. Ça ne lève pas haut, si ce n'est la présence de Pierce Brosnan en méchant renfrogné. **1/2

Sorte de 2001 cheap qui serait mélangé à un mauvais jeu vidéo, Debug de David Hewlett envoit des jeunes hackers dans l'espace pour débrancher un système qui, évidemment, n'a pas dit son dernier mot. C'est ennuyant à mourir et les décès brutaux n'ont rien de spectaculaire ou de sanguinolent. *1/2

Cameron Crowe détruit littéralement sa carrière dans Aloha, une production qui n'est ni une comédie et encore moins une romance. Il s'agit plutôt d'un ratage spectaculaire où une prestigieuse distribution paraît complètement mauvaise et dépassée par les événements. C'est triste à voir. *1/2

Film du jour: La flûte enchantée

Transposer du théâtre au cinéma, c'est possible. Ingmar Bergman le démontre brillamment avec sa majestueuse adaptation de La flûte enchantée de Mozart, où il respecte les conventions de la scène tout en offrant quelque chose de réellement cinématographique. L'oeuvre peut surprendre dans sa filmographie, mais sa fausse naïveté ne doit pas cacher la noirceur qui s'y trouve. Vraiment du grand art. ****1/2

jeudi 28 mai 2015

Entrevues Ce qu'il ne faut pas dire

Pour la sortie du film québécois Ce qu'il ne faut pas dire qui porte sur la peur d'engagement d'une trentenaire, je me suis entretenu avec sa cinéaste Marquise Lepage et son actrice Annick Fontaine.

Mon entrevue se trouve dans l'édition de vendredi du Journal Métro.

Film du jour: Vive l'amour

Tsai Ming-ling aime filmer les silences, la solitude de l'urbanité et les gens qui ont de la difficulté à communiquer. Dans Vive l'amour, il se prend pour un Antonioni des temps modernes, s'intéressant à trois jeunes âmes qui trouvent refuge dans un appartement inoccupé. Avec ses longs plans révélateurs et sa sensualité à fleur de peau, le cinéaste montre tout avec une économie de moyens qui est tout simplement épatante. ****

mercredi 27 mai 2015

Film du jour: The Shining

Revoir au moins une fois par année l'illustre The Shinning de Stanley Kubrick, c'est se rappeler que le film d'épouvante peut être à la fois ingénieux, effrayant et psychologique. Surtout que ce soir, à la Cinémathèque québécoise, la projection sera commentée par Kim Nguyen, qui s'y connaît en oeuvres de genre (Rebelle, Le marais, La cité, Truffe). Une référence inusable, bien plus grande que le livre dont elle est tirée. *****

mardi 26 mai 2015

Nouveautés en DVD/Blu-ray : 3 cœurs, Da Sweet Blood of Jesus, Seventh Son

Après le sacre à Cannes du dernier Audiard, on prend le temps de laisser la poussière retomber avec les sorties DVD et Blu-ray qui sont étonnamment peu nombreuses cette semaine.

On retient seulement 3 coeurs de Benoît Jacquot, ce drame sentimental classique mais assez satisfaisant d'un homme qui est déchiré entre deux femmes. C'est plutôt solide et joliment interprété. ***

Est-ce que Spike Lee devrait se limiter au documentaire? Oui, s'il faut se fier au pénible Da Sweet Blood of Jesus, une série B ratée et beaucoup trop longue sur un homme qui se nourrit de sang. **

Plus indigeste encore est Seventh Son de Sergei Bodrov, une superproduction désastreuse où des comédiens connus (Jeff Bridges, Julianne Moore) oublient qu'ils ont du talent. Ce n'est pas beau à voir. *1/2

Film du jour: L'Aveu

Disponible dès aujourd'hui dans la prestigieuse collection Criterion, L'Aveu est un des grands films politiques de Costa-Gavras. Impossible de rester de marbre devant ce suspense angoissant où un homme haut-placé n'a aucun autre choix de s'accuser de crimes qu'il n'a pas commis. La tension est à son comble, la mise en scène surprend pas son inventivité, Yves Montand livre une performance éblouissante et si l'ensemble n'atteint pas les sommets de Z, il y a suffisamment de matériel pour multiplier les liens avec différents faits qui se sont déroulés ici comme ailleurs. ****

lundi 25 mai 2015

Film du jour: The Young One

Bunuel parle de racisme et de pédophilie dans The Young One, une satire cinglante de la société américaine qui se déroule dans le Sud profond des États-Unis. Sans une psychologie fouillée, il est plutôt difficile de s'intéresser aux personnages et même s'ils demeurent en surface, le récit qui démarre très lentement surprend aisément dans sa seconde moitié, beaucoup plus maîtrisée et provocante. ***

dimanche 24 mai 2015

Film du jour: Creature from the Black Lagoon

Alors que son remake - avec Scarlett Johansson? - est en chantier, on revoit le Creature from the Black Lagoon de Jack Arnold avec ce même sentiment de fébrilité et d'humour. Il n'y a pas grand-chose à prendre au sérieux dans cette aventure où un monstre marin (parfois drogué!) s'en prend à des chercheurs, si ce n'est ce soin et ce respect de faire de la série B correctement. Les acteurs respectent le registre donné, la créature ne donne pas sa place et dans la musique utilisée, on reconnaît déjà l'endroit où s'est inspiré Jaws. ***

samedi 23 mai 2015

Film du jour: Carmen Jones

Il fallait beaucoup de talent et d'audace pour adapter Carmen en format jazz. Otto Preminger a réussi son pari avec Carmen Jones, une transposition riche où tous les personnages sont incarnés par des afro-américains. Parfois redondant et superficiel, le récit n'en demeure pas moins passionnant, et les comédiens s'acquittent de la tâche avec un réel talent. ***1/2

vendredi 22 mai 2015

Sorties au cinéma : Saint Laurent, Les mondes de Vincent, Welcome to Me, Poltergeist, Tomorrowland

S'il n'y a que cinq nouveautés au cinéma cette semaine au Québec, il y a un film à voir absolument et un autre à éviter de toute urgence.

Aux antipodes de la version de Jalil Lespert, Saint Laurent de Bertrand Bonello est une véritable oeuvre d'art qui contourne sans cesse le biopic usuel, utilisant ses images magnifiques qui ressemblent à des tableaux pour projeter le spectateur à cette époque de tous les excès (les années 70) et ainsi capter ces âmes humaines à la déroute. Oui, il y a bien quelques longueurs, sauf qu'elles sont utilisées pour exprimer le vide et les répétitions qui affligent le créateur vampirique, incarné avec justesse par Gaspard Ulliel. ****

Touchant documentaire sur la maladie mentale, Les mondes de Vincent de Rozenn Potin est un exercice sensible d'une soeur envers son frère. S'il y a quelques moments d'égarement, il est impossible de rester de marbre devant cet objet qui ne se sent pas le besoin de sortir de sa sphère intime et personnelle. ***

Kristen Wiig est hilarante dans le Welcome to Me de Shira Piven, satire cocasse de la télé-réalité. Le sketch s'étire un peu et son impact finit par se dégonfler avant la fin, sauf qu'il en fera rire plus d'un. ***

Davantage une comédie stupide qu'un suspense horrifique, le remake de Poltergeist par Gil Kenan et le producteur Sam Raimi sabote presque tout ce qui avait de bon dans la version originale, devenant un long métrage générique bien pâle à côté d'un Insidious. **

Premier échec du cinéaste Brad Bird (Iron Giant, Ratatouille, The Incredibles, Mission: Impossible 4), Tomorrowland est un ambitieux conte de science-fiction qui cherche à vendre un vieux manège du studio Disney. George Clooney tombe amoureux d'un enfant, les gags y sont extrêmement répétitifs et ringards et le scénario en forme de propagande religieuse s'avère extrêmement dangereux. Et oui, il est question de lavements de cerveaux, où les élus qui ont la foi/l'espoir sont les seuls à pouvoir accéder au royaume éternel qui est, évidemment, invisible aux yeux... *1/2

Film du jour: Limelight

Disponible chez Criterion depuis peu, Limelight est le dernier grand film de Charlie Chaplin. Oeuvre douce et mélancolique sur le passage du temps, le succès et les échecs, cette création un peu longue mais éblouissante a tôt fait de chavirer le coeur. Une lettre d'amour au cinéma ludique des années 20 et 30 où Chaplin et Buster Keaton s'offrent même un duo incroyable! ****1/2

jeudi 21 mai 2015

Film du jour: Spring

Présenté ce soir seulement à l'Excentris, Spring de Justin Benson et Aaron Moorhead ressemble beaucoup au Before Sunrise de Richard Linklater qui comporterait des éléments surnaturels et horrifiques. Un jeune homme en voyage en Italie trouve ainsi l'amour, mais sa nouvelle flamme n'est pas comme les autres... Très verbeux, peuplé de longs plans de marche et de réflexions sur le temps qui passe, le récit tient la route et intéresse plus souvent qu'autrement même s'il aurait pu être beaucoup plus profond et réussi. ***

mercredi 20 mai 2015

Film du jour: Tropical Malady

Peut-être bien le film le plus accessible d'Apichatpong Weerasethakul, Tropical Malady s'apparente à un récit en deux temps: une histoire d'amour entre deux jeunes gens et la quête d'un de ces hommes dans la forêt où rôdent les bêtes sauvages. Intense, fascinant, hypnotisant, avec son rythme unique et son atmosphère qui ne fait pas de quartier, voilà un long métrage qui a tout pour séduire longtemps et qui donne le goût de voir ce que le maître cinéaste a fait d'autre (et qui est, bien souvent, encore plus majeur). Sur les ondes de TFO aujourd'hui. **** 

mardi 19 mai 2015

Nouveautés en DVD/Blu-ray : Leviathan, D’où je viens, Bà Nôi, What We Do In the Shadows, Samba, American Sniper, Strange Magic

Entre Cannes et le nouveau Mad Max, les sorties en DVD et Blu-ray battent leur plein encore cette semaine avec un excellent film et plusieurs documentaires pertinents.

Superbe satire politique de la Russie contemporaine, Leviathan d'Andrey Zviaguintsev est un exercice fascinant, autant au niveau du scénario dantesque que de la mise en scène si soignée. ****

Effort personnel et magique sur Verdun, D'où je viens de Claude Demers enchante malgré une certaine naïveté et une technique qui laisse un peu à désirer. ***

Cela prend un peu de temps avant de percer Bà Nôi de Koha Lê. Mais lorsque c'est le cas, on ne peut qu'être hypnotisé par cet essai sur une grande-mère pas comme les autres. ***

On rit beaucoup devant What We Do In the Shadows de Jemaine Clement et Taika Waititi, un faux documentaire sous fond de vampires qui s'essouffle toutefois un peu avant la fin. ***

Moins mémorable qu'Intouchables, Samba d'Éric Toledano et Olivier Nakache demeure un conte social plus que potable, qui doit beaucoup à ses talentueux interprètes. *** 

Clint Eastwood mélange film d'action et réflexions pompeuses sur la guerre avec son American Sniper, qui a fracassé le box-office en début d'année. Bradley Cooper y est superbe, mais politiquement, c'est plus que douteux. **1/2

Strange Magic de Gary Rydstrom n'est pas une animation comme les autres. Il y a tellement de musique et de messages horripilants que toute la famille voudra aller voir ailleurs. *1/2

Film du jour: Going Clear : Scientology and the Prison of Belief

Intéressant documentaire sur l'Église de Scientologie, Going Clear: Scientology and the Prison of Belief d'Alex Gibney captive avec ses histoires et ses intervenants incroyables. Reste que malgré ses deux  heures, plusieurs aspects ne sont abordés que partiellement et la réalisation manque un peu d'audace. Mais il y a ce sujet, si fascinant au demeurant. ***

lundi 18 mai 2015

Film du jour: Nightcrawler

Sorte de Network contemporain, Nightcrawler de Dan Gilroy est une charge cynique, très peu subtile mais assez efficace du journalisme spectacle, où Jake Gyllenhaal trouve le rôle de sa carrière en vautour cameraman en quête de sang. Quelques scènes foudroyantes ne peuvent que donner des frissons dans le dos. ***1/2

dimanche 17 mai 2015

Film du jour: Pushover

Un flic s'amourache de la petite amie d'un malfrat. Ce schéma classique du film noir se retrouve dans l'efficace Pushover de Richard Quine. Sans marquer le genre, le long métrage un brin superficiel tient la route grâce à son intrigue parsemée de rebondissements et la performance truculente de Fred MacMurray et de Kim Novak dans les rôles principaux. ***

samedi 16 mai 2015

Sorties au cinéma : Respire, Mad Max : Fury Road, Dancing Arabs, Good Kill, La rançon de la gloire, L’œuvre des jours, Les gazelles

Pendant que le Festival de Cannes bat son plein, les sorties intéressantes se succèdent dans un cinéma près de chez vous.

Mélanie Laurent n'est pas seulement une excellente actrice. C'est également une très bonne réalisatrice. Elle le prouve avec son superbe Respire, qui débute comme La vie d'Adèle pour aller ailleurs. Sa direction de comédiennes est étonnante, tout comme le soin apporté à sa mise en scène. ***1/2

Révolutionner le film d'action est possible. George Miller l'a fait avec son très attendu Mad Max: Fury Road. Si tout n'est pas encore parfait (c'est un peu long, trop bourrant par endroit et Tom Hardy n'a pas le charisme de Mel Gibson), plusieurs poursuites et séquences explosives sont seulement hallucinantes. ***1/2

Après La fiancée syrienne et Les citronniers, Eran Riklis est de retour avec Dancing Arabs, un drame sur la vie difficile des Arabes en Israël. Très accessible, posant d'intelligentes questions et s'amusant à jouer avec les genres et la gravité, l'ensemble séduit malgré sa naïveté qui peut ressortir des situations. ***1/2

Suite à une série de mauvais films, Andrew Niccol se reprend d'une belle façon avec Good Kill, un drame intense sur un pilote de drones qui remet en question son engagement. Passant de la satire à la tragédie, cette oeuvre bien de son temps représente ce qu'aurait dû être American Sniper.

La comédie n'est pas un genre que maîtrise totalement Xavier Beauvois, ce qui ne l'empêche pas de captiver à parcimonie à travers La rançon de la gloire qui relate le rapt incroyable de deux amis sans le sous. C'est tendre, gentil, pas toujours au point mais bien interprété. *** 

Documentaire inspirant sur la création et le temps qui passe, L'oeuvre des jours de Bruno Baillargeon pose sa caméra dans un atelier de peintures et de gravures. Le sujet peut paraître mince, sauf que les sujets embrassent la vie à belles dents. ***

Production plutôt ennuyante et révolue sur l'amitié féminine et le désir de ne pas passer à côté de son existence, Les gazelles de Mona Achache ne lésine pas sur les stéréotypes et les clichés. À tel point que l'intérêt finit par s'estomper au bout d'une demi-heure. **

Film du jour: Vivre est facile avec les yeux fermés

Sélection de l'Espagne pour les Oscars, Vivre est facile avec les yeux fermés de David Treba est un road-movie classique et touchant sur trois êtres qui se cherchent et se trouvent à une époque de grands changements où même John Lennon envisage quitter les Beatles. Gentil, inoffensif mais spirituel à ses heures, il s'agit d'un récit universel qui ratisse large. ***

vendredi 15 mai 2015

Retour sur Trois couleurs

Ce soir, le 22 mai et le 29 mai, TFO repasse la sublime trilogie des couleurs Bleu, Blanc et Rouge de Kieslowski. Comme j'adore ces films et que le premier avec Juliette Binoche m'a particulièrement marqué en bas âge, je vous offre quelques réflexions sur le sujet. Mon texte se trouve ici.

Film du jour: La loi du désir

Les gens qui ne connaissent Pedro Almodovar que pour ses derniers films seront scandalisés par La loi du désir, un film noir assez corrosif et sexuel sur les péripéties d'un réalisateur homosexuel. Les clichés sont revus et corrigés et si le récit capricieux sombre plus souvent qu'autrement dans la grosse farce kitsch, il y a amplement de quoi pour passer un bon moment. ***

jeudi 14 mai 2015

Film du jour: Blackhat

Critique assassine, désastre financier: Blackhat serait-il le film maudit de Michael Mann? Si cette histoire d'attentats cybernétiques est trop longue, invraisemblable, assez convenue et qu'elle frise même le ridicule, les amateurs du cinéaste risque tout de même d'apprécier. On retrouve encore une fois ce héros torturé face à un ennemi invisible et cette réalisation implacable qui sait créer la parfaite atmosphère à partir de la lumière et de la musique. Cela n'en fait peut-être pas un bon long métrage pour autant, mais un objet à découvrir en laissant ses attentes au vestiaire. **1/2 

mercredi 13 mai 2015

Film du jour: The Last Emperor

Avec son grandiose The Last Emperor, Bernardo Bertolucci a accouché d'une fresque intimiste sur le dernier empereur chinois. Conviant le passé et le présent, bénéficiant de moyens imposants et d'une solide structure dramatique (et d'interprètes convaincus), le long métrage s'élève des clichés et du biopic conventionnel et il impressionne de bout en bout. Vraiment remarquable. ****1/2

mardi 12 mai 2015

Nouveautés en dvd/blu-ray : Félix et Meira, Still Alice, The Cobbler, Tracers, REC : Apocalypse, Fifty Shades of Grey, Battlestar Galactica

Avec le Festival de Cannes qui débute cette semaine, les sorties intéressantes ne se succèdent pas en format DVD et Blu-ray. Il y a pourtant deux titres qui sortent du lot.

Oeuvre la plus accessible de Maxime Giroux (Demain, Jo pour Jonathan), Félix et Meira est une très belle romance entre deux jeunes gens qui viennent d'environnements complètement différents. Sensible et éclairant. ***1/2

Julianne Moore crève l'écran dans Still Alice de Richard Glatzer et Wash Westmoreland, un mélo classique mais efficace sur une mère qui perd de plus en plus ses capacités à vivre normalement. ***1/2

Pour une fois, ce n'est pas Adam Sandler le problème The Cobbler de Thomas McCarthy, un conte qui débute sur des chapeaux de roue pour se noyer dans la guimauve, le sirop et les morales. **1/2

Il y a de l'action à revendre dans Tracers de Daniel Benmayor, où Taylor Lautner cherche à sauver sa carrière. Mais le scénario est tellement nul et déjà-vu qu'on n'a pas le goût d'embarquer. **

Quatrième épisode d'une série à succès qui n'amène strictement rien de nouveau, REC: Apocalypse de Jaume Balaguero sent la redite à plein nez. Définitivement le tome de trop. **

Gris, lisse et laissant complètement indifférent, Fifty Shades of Grey de Sam Taylor-Johnson ressemble à une visite au cimetière. Cela se veut émoustillant, sauf qu'il n'y a aucune complicité entre les héros. **

Les fans de la saga de science-fiction Battlestar Galactica seront heureux de découvrir la nouvelle édition en Blu-ray avec une image et un son améliorés. Toutes les raisons sont valables pour y retourner!

Film du jour: Lost River

Pour sa première réalisation qui suit une famille dans un lieu hostile et menaçant, Ryan Gosling sait comment développer une ambiance et une atmosphère, soignant à outrance sa photographie et sa trame sonore. Dommage qu'il s'entête à autant singer le cinéma de David Lynch. Car Lost River n'est au final rien d'autre qu'un exercice de style lourd et prétentieux, qui frise le ridicule à force de vouloir être pris au sérieux. **

lundi 11 mai 2015

Film du jour: No Way Out

Sidney Poirier crève l'écran dans No Way Out de Joseph L. Mankiewicz, où il incarne un jeune docteur qui est accusé d'avoir tué un détenu blanc. Si le film a un peu vieilli, son sujet social est toujours d'actualité. Et il n'est pas difficile de se perdre au sein de ces beaux personnages complexes et de quelques scènes fortes qui hantent aisément. ****

dimanche 10 mai 2015

Film du jour: The Bad Sleep Well

Imaginez Hamlet dans un film noir sous fond de corruption. C'est ce que propose Akira Kurosawa avec son trop peu connu The Bad Sleep Well. Verbeux, surprenant et mis en image avec soin, ce drame qui prend son temps à se déployer ne manque surtout pas de complexité et de rigueur. Peut-être pas un chef-d'oeuvre, mais un opus à découvrir, ça c'est certain. ****

samedi 9 mai 2015

Sorties au cinéma : Ex Machina, Amour fou, Maggie, Kurt Cobain : Montage of Heck, Far from the Madding Crowd, Le plancher des vaches

Lorsqu'on évite la grosse comédie américaine grasse, on se retrouve avec une semaine exemplaire sans anicroche majeure.

Les amateurs de science-fiction seront au septième ciel devant Ex Machina d'Alex Garland, un film angoissant et intelligent qui fait beaucoup avec peu de choses. ***1/2

Plus statique mais tout aussi passionnant est Amour fou de Jessica Hausner, une comédie romantique tordue qui surprend avec son esthétisme démesuré. ***1/2

Les zombies s'affichent différemment dans le très atmosphérique Maggie d'Henry Hobson où Arnold Schwarzenegger trouve son rôle le plus émouvant en carrière. Oui, oui, ça se peut. ***

Fascinant documentaire qui perd toutefois de sa vigueur à cause de sa trop longue durée, Kurt Cobain: Montage of Heck de Brett Morgen ravira les fans de l'artiste par son ton intimiste.

Nouvelle adaptation d'un classique de la littérature, Far from the Madding Crowd de Thomas Vinterberg ne vaut peut-être pas la version des années 60, mais elle séduit par sa riche photographie et ses comédiens convaincus. ***

La transmission est au coeur du documentaire Le plancher des vaches d'Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, un essai louable qui manque toutefois de finition. ***

Film du jour: Black Sea

Les chasses aux trésors qui tournent mal ont données de grands films sur la condition humaine, que ce soit The Treasure of the Sierra Madre et Le salaire de la peur. Sans être original, Black Sea livre la marchandise. Cette exploration des fonds marins de la mer Noire est réalisée avec vigueur par Kevin Macdonald et Jude Law y trouve un de ses meilleurs rôles depuis des lunes. C'est sans doute invraisemblable et un peu trop long, mais le scénario séduit par ses éléments sociaux. ***

vendredi 8 mai 2015

Retour sur Brève histoire d’amour (TFO)

Adapté de son Décalogue, Brève histoire d'amour est possiblement le premier "chef-d'oeuvre" conçu pour le cinéma du virtuose Kieslowski. Comme cette immense oeuvre trop peu vue est diffusée aujourd'hui à TFO, je vous livre mes impressions sur le sujet. Mon texte se trouve ici.

Film du jour: The Seven Year Itch

Parfait pour la fin de semaine est The Seven Year Itch de Billy Wilder où Marilyn Monroe trouve son rôle le plus emblématique: le fantasme de son voisin qui tente de freiner ses ardeurs pendant que sa famille est en vacances. En soulignant ses origines théâtrales, la production fait encore plus ressortir la satire des situations. Et même si le récit finit par épuiser ses gags, sa bonne humeur s'avère communicative. ***1/2

jeudi 7 mai 2015

Film du jour: Cheatin'

Terminant sa trop courte carrière au cinéma aujourd'hui, Cheatin' est le dernier délire de Bill Plympton, qui offre un nouveau dessin animé tordu qui ne ressemble à rien d'autre. Cette histoire d'amour muette, très tendre au demeurant, devient de plus en plus sombre et érotique, surprenant constamment par son originalité et sa poésie. ***1/2

mercredi 6 mai 2015

Film du jour: Gran Casino

Entre ses premiers classiques et ses derniers chefs-d'oeuvre, Luis Bunuel a un peu erré, n'étant pas toujours encouragé par ses producteurs. Pour Gran Casino, son premier long métrage mexicain, il offre une sorte de film noir musical et politique sous fond d'amour et de kidnapping. Le récit est loin de tenir toute ses promesses et le classicisme d’ensemble peut surprendre pour le cinéaste. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble est plutôt distrayant. ***

mardi 5 mai 2015

Nouveautés en DVD : Selma, Mr. Turner, De prisons en prisons, Brasserie romantique, Black or White, Parenthood : Complete Series

On souligne cette semaine le grand film ignoré de la dernière cérémonie des Oscars, qui débarque en format DVD et Blu-ray.

Il s'agit de Selma d'Ava DuVernay, ce drame formidable qui évite l'écueil du biopic pour offrir une véritable proposition de cinéma. L'interprétation est forte et quelques scènes chavireront l'âme et le coeur. ****

Plus classique, plus lent mais tout aussi soigné (surtout sur le plan esthétique), Mr. Turner de Mike Leigh redonne ses lettres de noblesse à un peintre britannique grognon mais fascinant. ***1/2

Douloureux documentaire sur la réinsertion, De prisons en prisons de Steve Patry ne manque pas d'audace et de souffle dans sa façon de filmer le réel. ***1/2

Sympathique comédie romantique à numéro dont le charme fait presque excuser ses nombreux défauts, Brasserie romantique de Joël Vanhoebrouck en fera sourire plus d'un. ***

Parler du racisme est une bonne chose, sauf qu'il faut le faire sans faire la morale. Et même si ça passe par Kevin Costner, le Black or White de Mike Binder sent le cours didactique à plein nez. **

On retrouve également la série complète de la cocasse émission Parenthood qui est disponible pour des heures et des heures de plaisir. Pourquoi s'en passer?

Film du jour: The Ruling Class

On s'amuse beaucoup devant The Ruling Class de Peter Medak, cette adaptation d'une pièce de théâtre sur un homme riche et influent qui se croit la réincarnation de Jésus. L'humour noir n'épargne rien ni personne, il y a des surprises à la tonne et en prime, un délicieux Peter O'Toole dans un de ses meilleurs rôles en carrière. La charge n'est pas subtile et ce n'est pas plus grave tant le délire est incommensurable. ****

lundi 4 mai 2015

Film du jour: Entre le ciel et l'enfer

S'il sera toujours associé aux films à costumes (à cause de Rashomon et les 7 samouraïs), Akira Kurosawa a composé de grandes oeuvres contemporaines. Suspense qui n'a rien à envier à ceux d'Hitchcock, Entre le ciel et l'enfer développe les dilemmes moraux d'un riche industriel qui hésite à se ruiner pour sauver le fils kidnappé de son chauffeur. Mis en scène avec minutie et développant son intrigue plus longtemps que la plupart des maîtres du genre, cet opus au rythme endiablé et à l'interprétation dévouée passionne de bout en bout. ****

dimanche 3 mai 2015

Film du jour: Robinson Crusoe

Luis Bunuel qui transpose Robinson Crusoe, c'est un peu David Lynch s'attaquer au Petit Prince. C'est tellement étrange et normal à la fois que l'on ne peut qu'en ressortir déboussolé. Surtout que le cinéaste utilise la couleur pour la première fois, envahissant l'écran d'animaux et se perdant dans la folie de son personnage principal. Le résultat, sans être marquant, s'avère plus que satisfaisant. ***1/2

samedi 2 mai 2015

Sorties au cinéma : Les derniers hommes éléphants, Le commerce du sexe, L’art de la fugue, Fucké, Preggoland

Oui, cela se peut. Voir toutes les sorties de la semaine et se garder de découvrir le second Avengers. Ce sera pour plus tard. Alors, qu'est-ce qu'on va voir?

Certainement Les derniers hommes éléphants, ce fascinant documentaire de Daniel Ferguson et Arnaud Bouqet sur une tribu qui cherche à protéger les pachydermes et leur forêt. Touchant, mystique et extrêmement cinématographique, cet ovni exerce un fort pouvoir d'hypnose et de fascination. ***1/2

D'ordre plus télévisuel, Le commerce du sexe d'Ève Lamont demeure très pertinent pour son propos et ses intervenants qui font passer par toute la gamme des émotions. ***

Très français dans son approche et plutôt superficiel, L'art de la fugue de Brice Cauvin qui relate les problèmes de coeur de trois frères s'avère un divertissement recommandable. On y va principalement pour les comédiens et le mélange de comédie et de drames. ***

Documentaire peu orthodoxe de Simon Gaudreau sur des individus qui habitent un immeuble insalubre de Montréal, Fucké privilégie le cinéma direct, piquant la curiosité pour lasser avant la fin. Il y a des images très fortes, mais on se questionne parfois sur certaines scènes retenues dans le montage final. **1/2

Farce irritante de Jacob Tierney sur le culte de la grossesse, Preggoland s'apparente à un Judd Apatow des pauvres (donc Canadien), qui multiplie les gags scabreux et répétitifs ainsi que les interprétations grossières. De quoi en ressortir ennuyé. **

Film du jour: La Terra trema

Avant ses grandioses fresques à costumes, Luchino Visconti s'est fait un nom avec La Terra trema, un chef-d'oeuvre du néoréalisme italien. Dans ce classique des années 40, des pêcheurs tentent de s'affranchir de leurs terribles conditions de travail. Mêlant acteurs non-professionnels, situations fortes et réflexions sur la forme, l'opus chavire constamment. ****1/2

vendredi 1 mai 2015

Entrevue avec le réalisateur de Fucké

Douloureux documentaire sur des êtres qui habitent dans un appartement défavorisé d'un quartier bourgeois de Montréal, Fucké permet au cinéaste Simon Gaudreau de verser dans le cinéma direct sans artifice. J'ai pu discuter de ce projet qui ne laissera personne indifférent avec son metteur en scène. Mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Hukkle

Étrange est le meilleur terme pour décrire le Hukkle de Gyorgy Palfi. En faisant défiler des images d'une nature idyllique sur le hoquet d'un vieil homme, la sensation d'être déboussolée est grande. Et c'est bon signe. Car il y a plein de chose en toile de fond, dont un tueur en série qui rôde et de l'humour à la tonne. De quoi vouloir revenir régulièrement à cette oeuvre muette qui se révèle à petite dose. ****