samedi 31 janvier 2015

Sorties au cinéma : A Most Violent Year, Félix et Meira, Ceux comme la terre, Wild Card, Black or White, Project Almanac

Un film énorme prend l'affiche cette semaine. Ainsi que deux longs métrages québécois recommandables et trois productions américaines douteuses.

Grand oublié des Oscars cette année, A Most Violent Year de J.C. Chandor est une magnifique chronique sur le capitalisme sauvage. À partir d'un sujet déjà vu, le cinéaste met tout ce qui est en son pouvoir (les interprètes, la photographie, la musique) pour marquer les esprits. ****

Oeuvre la plus accessible de Maxime Giroux (Demain, Jo pour Jonathan), Félix et Meira est une belle romance pour adultes, un peu trop symbolique mais magnifiquement jouée par deux excellents comédiens. ***1/2

Documentaire plutôt intéressant sur un peuple d'autochtones trop peu connu du Canada, Ceux comme la terre de Nicolas Paquet séduit avec ses jolies images et ses sujets plein de courage. ***

Lorsque l'action (spectaculaire au demeurant) manque dans un film avec Jason Statham, il y a un problème. C'est ce qui arrive au verbeux Wild Card de Simon West qui porte sur un homme qui est dépendant au jeu. **

Mélodrame bien attentionné mais chargé et trop près du téléfilm, Blark or White de Mike Binder fait la morale sur le racisme. Kevin Costner y trouve toutefois un rôle à sa mesure. **

Michael Bay offre en pâture aux adolescents la machine à voyager dans le temps avec Project Almanac, que le nouveau venu Dean Israelite réalise un peu n'importe comment. Répétitif et clinquant. **

Film du jour: Himizu

Entre Fantasia et le FNC, on a l'impression que tous les films de Sion Sono sont montrés à Montréal, à défaut de sortir dans les salles régulières. Mais ce n'est pas le cas. En 2011, il a offert Himizu, son long métrage le plus émouvant en carrière, qui a fait la joie des cinéphiles de Venise et de Toronto. Se déroulant après le tsunami et basée sur un manga, cette sombre histoire sur une jeunesse qui est incapable de se relever est marqué par les excès de son créateur (de violence, d'humour, de digression et de scènes grotesques). On le trouve toutefois en pleine possession de ses moyens, développant des thèmes forts et universels, tout en dirigeant ses comédiens à la perfection. C'est toujours trop long, excessif et un peu simpliste, mais quelle claque au visage que le spectateur reçoit! **** 

vendredi 30 janvier 2015

Entrevue avec le compositeur d'A Most Violent Year

Pour accompagner la sortie de A Most Violent Year, voici une entrevue avec son compositeur Alex Ebert. Lauréat d'un Golden Globe pour la trame sonore de All is Lost et peut-être plus connu comme son travail de chanteur dans le groupe Edward Sharpe and the Magnetic Zeros, ce musicien émérite fait un travail formidable pour le dernier film de J.C. Chandor.

Mon entretien se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Margin Call

Avant d'aller voir le superbe A Most Violent Year, pourquoi ne pas se replonger dans le très bon Margin Call, qui est le premier long métrage du réalisateur J.C. Chandor? Aucun film ne parle de la dernière crise économique avec autant d'intelligence. Le scénario, très verbeux, fait accepté ses nombreux thèmes techniques grâce à une maîtrise du médium et une distribution impeccable. Si l'on peut parfois s'y perdre, il est difficile de ne pas en ressortir admiratif. Et dire que le meilleur restait à venir pour le cinéaste. ***1/2

jeudi 29 janvier 2015

Entrevues Félix et Meira

Pour la sortie de Félix et Meira, cette très jolie histoire d'amour entre deux êtres qui tentent de s'extirper de leur communauté, je me suis entretenu avec son réalisateur Maxime Giroux et sa vedette masculine Martin Dubreuil.

Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Waiting for August

Imaginez une mère qui quitte la demeure familiale pendant plusieurs mois pour gagner sa croûte à l'étranger (comme dans Ilo Ilo) et les enfants qui restent derrière, avec l'aînée qui s'occupent de ses nombreux frères et soeurs (un schéma que l'on retrouvait dans Nobody Knows). C'est le canevas au coeur du documentaire Waiting for August de Teodora Ana Mihai, qui est présenté ce soir à l'Excentris dans le cycle Docville. Ce très bel essai, universel même s'il se déroule en Roumanie, en est un de patience et de délicatesse, alors que notre pauvre héroïne sacrifie pratiquement ses études et son avenir pour ne pas que la famille en souffre. Un regard éclairant sur la jeunesse et les choix que l'on fait. ***1/2

mercredi 28 janvier 2015

Retour sur les nominations des Jutra

Les nominations des Jutra ont été annoncées plus tôt cette semaine et c'est sans surprise que Mommy de Xavier Dolan mène le bal. 

Je me permets de revenir sur ce processus avec une analyse qui inclut mes pronostics, mes choix personnels, ma liste d'oublis et de surprises.

Mon texte se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: The Gatekeepers

Superbe documentaire composé d'entrevues avec six anciens directeurs des services secrets israéliens, The Gatekeepers de Dror Moreh est ce type de long métrage essentiel, passionnant de la première à la dernière image et qui en dit long sur le monde dans lequel on vit. Qu'on le prenne de façon historique, politique, sociologique ou philosophique, il est impossible de ne pas avoir le goût d'en connaître encore davantage. ****

mardi 27 janvier 2015

Nouveautés en DVD: Tu dors Nicole, Why Don’t You Play in Hell?, L’amour est un crime parfait, The Book of Life, The Kingdom of Dreams and Madness, The Judge, Open Windows

L'humour mène le pas cette semaine au rayon des sorties dvd et blu-ray.

Il est absurde et mélancolique chez Stéphane Lafleur, qui offre avec Tu dors Nicole une superbe hallucination en noir et blanc sur une femme qui est peut-être en train de rêver son été. Du bonbon. ****

Il est complètement fou chez Sion Sono qui propose avec Why Don't You Play in Hell? un délirant et sanglant opus mince comme un fil qui se savoure à petite dose. ***

Plus ironique et sarcastique, L'amour est un crime parfait des frères Larrieu s'apparente à une satire des films policiers parsemés d'invraisemblances. Et dans l'ensemble, ça fonctionne! *** 

Il y a également beaucoup d'humour derrière le satisfaisant The Book of Life de Jorge R. Gutierrez, cette animation qui offre le mythe d'Orphée mais à la sauce mexicaine! ***
Ma critique complète

Beaucoup plus tendre et instructif est le documentaire The Kingdom of Dreams and Madness de Mami Sunada qui raconte le processus de création du grandiose Le vent se lève d'Hayao Miyazaki. ***

Au niveau des déceptions, il y a de The Judge de David Dobkin, cet interminable récit sur une famille dysfonctionnelle. C'est lourd, moralisateur et appuyé malgré la présence de bons comédiens. **1/2

C'est tout de même moins ennuyant que Open Windows de Nacho Vigalondo, un thriller informatique boursouflé qui sabote en un rien de temps son intrigante prémisse. **

Film du jour: Passing Fancy

Mi-comédie de situations, mi-drame familial, Passing Fancy porte indéniablement la touche de Yasujiro Ozu, décrivant mieux que personne les relations d'amour-haine entre un père qui n'est pas toujours à son affaire et un fils qui est loin d'être un enfant de choeur. Alternant entre l'humour qui fait mouche à chaque coup et le mélo un peu fabriqué, cet essai de 1933 était un excellent terrain de jeu à l'expérimentation. Déjà là, c'était vraiment pas mal. ***1/2

lundi 26 janvier 2015

Film du jour: Upstream Color

9 ans. C'est le temps qu'il aura fallu au cinéaste Shane Carruth pour offrir son second long métrage. Si Primer était une oeuvre viscérale et fascinante sur le voyage dans le temps, Upstream Color s’apparente plutôt à une copie brouillonne du chef-d'oeuvre Tree of Life. Autant la réalisation est superbe et parsemée de flashs prodigieux, autant on sent que le cinéaste verse allègrement dans l’esbroufe et l'exercice de style, accouchant d'un scénario boursouflé sur l'addiction et les parasites. De quoi en ressortir un peu irrité et ce, même si le talent est indéniable. **1/2

dimanche 25 janvier 2015

Film du jour: Comment ça va

L'image, les communications, les médias, le fascisme, l'Histoire: Jean-Luc Godard multiplie les liens dans son essai Comment ça va, alors qu'il réunit deux personnes qui repensent la façon de concevoir un reportage vidéo. Redondant, l'exposé peut paraître abrupte pour les novices, mais il trouve tout son sens dans la filmographie de son auteur, qui y insuffle un degré d'humour insoupçonné. *** 

samedi 24 janvier 2015

Sorties au cinéma : Still Alice, Cake, The Humbling, Strange Magic

Il y a des semaines comme ça où la majorité des sorties au cinéma ne méritent tout simplement pas le détour.

La seule exception est Still Alice, ce drame de Richard Glatzer et Wash Westmoreland sur une femme qui est atteinte d’Alzheimer. Julianne Moore y est tellement extraordinaire qu'on accepte mieux sa réalisation qui manque un peu d'assurance et cette musique beaucoup trop présente. ***1/2

Jennifer Aniston livre également une belle performance dans Cake, où elle est affligée de cicatrices. Sauf que le film de Daniel Barnz baigne allègrement dans le mélo et les personnages n'ont pas l'épaisseur souhaitée. **1/2

Sorte de Birdman de second ordre, The Humbling de Barry Levinson qui est offert en vidéo sur demande offre enfin un rôle en or à Al Pacino qui en avait bien besoin. Il fait l'impossible pour sauver cette bouillie parsemée de fantasmes et d'une quête de rédemption et il n'y arrive qu'à moitié. **1/2

Strange Magic est un croisement entre Star Wars et Beauty and the Beast qui vise une clientèle féminine, avec son lot de chansons à la mode et de morales douteuses. Une animation sans queue ni tête qui ne convaincra personne. *1/2

Film du jour: Les Bronzés

Pour combattre le froid, la neige et le manque de lumière, il n'y a rien de mieux que de se replonger dans Les Bronzés de Patrice Leconte. Pas que ce film soit transcendant ou particulièrement innovant avec son histoire à numéros. Sauf qu'il comporte tellement de gags désopilants, de situations tordantes et de personnages attachants qu'on lui pardonne toutes les faiblesses du monde, dont celui d'avoir particulièrement mal vieilli. Mais cela demeure tout de même culte. ***

vendredi 23 janvier 2015

Film du jour: Blue Caprice

Récit d'apprentissage qui tourne mal, Blue Caprice d'Alexandre Moors est un très intéressant film indépendant américain sur deux hommes qui pénètrent dans un énorme cycle de violence. Atmosphérique sans être explicatif, multipliant les ellipses et une finale qui glace le sang, le long métrage captive malgré quelques moments d'égarement. ***1/2

jeudi 22 janvier 2015

Film du jour: Revenge for Jolly!

Grosse comédie volontairement énorme, Revenge for Jolly! de Chadd Harbold avait tout pour séduire: une histoire niaise où un homme cherche à venger le meurtre de son chien, de la grosse violence stéréotypée et un casting quatre étoiles qui comprend Kristen Wiig, Elijah Wood, Ryan Phillippe et Oscar Isaac qui est irrésistible en psychopathe stupide. Malheureusement, le film étire une bonne idée beaucoup trop longtemps, se perdant dans une mer de longueurs et de répétitions. Si seulement le tout était le moindrement drôle ou même intéressant... **

mercredi 21 janvier 2015

Film du jour: Une partie de plaisir

Plus on réalise de film, plus on risque d'en faire des moins convaincants. C'est arrivé à Woody Allen, à Jean-Luc Godard et à Claude Chabrol. Bien que ce dernier soit dans son élément naturel avec Une partie de plaisir, il n'exploite pas le plein potentiel du sujet. Pourtant, il y avait matière à faire avec cette histoire tordue d'un couple qui se proclame libre de multiplier les aventures extraconjugales, mais dont monsieur ne cesse de jalouser les comportements de son épouse. On égratigne la bourgeoisie et l'émancipation des femmes, on passe constamment du drame à la comédie noire et au suspense. Malgré tout, le résultat n'est pas très concluant. La mise en scène manque d'assurance et l'interprétation, de direction. Dommage... mais cela se laisse tout de même regarder sans trop d'ennui. **1/2

mardi 20 janvier 2015

Nouveautés en dvd : The Green Prince, A Walk Among the Tombstones, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, The Boxtrolls, White Bird in a Blizzard, Lucy, Jessabelle, Annabelle, Half of a Yellow Sun, Sous les jupes des filles, Wolves, Tusk

Qui a dit que c'était la saison morte? Alors que les films à Oscars et ceux de Cannes déferlent dans les cinéma, les sorties DVD et Blu-ray sont plus nombreuses que jamais.

On retient principalement cette semaine The Green Prince, un documentaire haletant et passionnant de Nadav Schirman sur un homme qui pourrait être un espion. Mais est-ce réellement le cas? ***1/2

Liam Neeson est encore un bon acteur. Si, si. Et si A Walk Among the Tombstones de Scott Frank n'est pas révolutionnaire, ce suspense sous fond de meurtres et de disparitions fonctionne. ***

Adaptation du roman à succès, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Felix Herngren est une comédie noire efficace mais épuisante, qui fait tout de même passer un bon moment. ***

Le studio derrière Coraline et ParaNorman remet ça avec The Boxtrolls, une histoire prenante mais peut-être trop sombre pour les enfants et trop moralisatrice pour les adultes. ***

Il faut parfois plus que des bons comédiens et une excellente trame sonore. Bien qu'il soit signé Gregg Araki, White Bird in a Blizzard n'offre rien de bien nouveau dans sa riche filmographie. **1/2

Luc Besson qui croise Tree of Life avec Limitless? Cela donne Lucy, une superproduction stupide mais pas désagréable pour deux sous, menée tambour battant par Scarlett Johansson. **1/2

Film d'horreur qui aurait pu être bon, Jessabelle de Kevin Greutert accumule les idées intéressantes sans toutefois les rendre opérantes. Une certaine tension ressort malgré tout du lot. **1/2

Énorme succès commercial, Annabelle de John R. Leonetti est un dérivé peu satisfaisant de Insidous. Le traitement réaliste est potable, sauf qu'aucun réel frisson ne ressort du lot. **

Biopic classique sur un moment clé mais trop peu traité de l'Histoire, Half of a Yellow Sun de Biyi Bandele ne sait jamais quoi faire de son sujet. Dommage, parce que les interprètes demeurent solides. **

Une tonne d'actrices connues ne font pas un film choral. Cela explique la déroute Sous les jupes des filles d'Audrey Dana qui dérange plus qu'il n'éclaire sur la condition féminine. **

Sorte de téléfilm bâclé et risible qui aimerait bien lancer sur une nouvelle franchise, Wolves de David Hayter est l'exemple même de la production ennuyante construite à la chaîne. *1/2

Il y a pourtant pire. Comme Tusk du déjà pertinent Kevin Smith, qui navigue entre l'horreur et la comédie absurde et qui passe à un cheveux d'être un navet. C'est tout de même indigeste. *1/2

Film du jour: Godzilla

Avec toutes ses suites, ses remakes et ses dérivés, il peut être bénéfique de revenir au Godzilla original, celui qu'Ishiro Honda a réalisé en 1954, pour mieux comprendre son impact sur le Japon. Métaphore du nucléaire, cette superproduction n'a pas perdu de son pouvoir d'évocation même si ses effets spéciaux peuvent paraître aujourd'hui rudimentaires. Il y a du souffle, des surprises, des grands rires et un désir de traiter de choses sérieuses à travers le grand spectacle. Celui qui est irrésistible et qui n'épargne personne. ***1/2

lundi 19 janvier 2015

Film du jour: A Man for All Seasons

Lauréat de six Oscars (dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur), A Man for All Seasons de Fred Zinnemann est un drame historique exceptionnel, sur le refus d'un important homme religieux (Paul Scofield, qui tenait le même rôle dans la pièce théâtrale) à donner son accord au divorce d'Henry VIII. Avec ses dialogues qui fondent dans la bouche et ses interprètes hors pairs, cette superbe missive sur la morale et la conscience trouve encore écho aux troubles qui se déroulent à notre époque. ****1/2

dimanche 18 janvier 2015

Film du jour: Tout va bien

L'argent, le cinéma, l'engagement politique: il y a tout ce que Jean-Luc Godard aime dans Tout va bien, et bien plus. Avec l'aide de Jean-Pierre Gorin, il offre une réflexion grinçante sur la France d'hier qui ressemble toujours au monde d'aujourd'hui. Ses longs plans verbeux et son humour noir en font un délire plutôt accessible, surtout qu'il propose dans ce cas-ci une véritable synthème de sa vision qui n'a fait que prendre de l'expansion au fil des décennies suivantes. ****

samedi 17 janvier 2015

Film du jour: Mr. Arkadin

Orson Welles n'ayant jamais eu le dernier mot sur le montage final de Mr. Arkadin, il doit bien exister une demi-douzaine version de ce long métrage maudit, où l'intrigue brouillonne sur un homme puissant qui embauche un détective privé pour enquêter sur son passé n'est qu'un prétexte à une multiplication de scènes baroques. Ce qui aurait pu être l'ultime film noir devient un suspense extrêmement intéressant et divertissant, hilarant et captivant de bout en bout, qui se savoure à différents niveaux (seulement cinématographiques, politiques, etc.). ****

vendredi 16 janvier 2015

Sorties au cinéma : Sommeil d’hiver, Force majeure, American Sniper, Escobar: Paradise Lost, The Wedding Ringer

On a encore affaire à une belle semaine de cinéma avec la sortie d'un chef-d'oeuvre et d'un très bon film.

Dernière Palme d'Or et classique en devenir, Sommeil d'hiver est certainement la création la plus maîtrisée de Nuri Bilge Ceylan, qui propose 3h16 minutes de grand cinéma sur la condition humaine. Oui, c'est parfois verbeux et ces échanges entre les personnages semblent sans fin, mais le résultat est tout simplement exceptionnel. ****1/2

Hilarante chronique familiale sur un père qui est près à sauver son cellulaire plutôt que ses enfants, Force majeure de Ruben Östlund pose d'excellentes questions sur le couple et l'engagement. Dans la verve des fresque d'Aki Kaurismäki, mais avec encore plus de symboles. ***1/2

S'il y a une oeuvre surestimée, c'est bien le American Sniper de Clint Eastwood, qui plonge le très bon Bradley Cooper dans l'enfer de la guerre. Pas que le films soit mauvais. C'est simplement qu'il s'agit d'une copie inférieure et superficielle de The Hurt Locker. Et dire que le long métrage a obtenu plein de nominations aux Oscars... **1/2

Une fiction réaliste sur le baron de la drogue Pablo Escobar et l'amoureux candide de sa nièce, cela aurait pu donner quelque chose d'intéressant. Escobar: Paradise Lost d'Andrea Di Stefano accumule malheureusement les clichés. Malgré une forte composition de Benicio del Toro, l'effort n'est pas très bien réalisé et il manque d'impact dramatique. **1/2

Énième comédie sur les duos mal assorties, The Wedding Ringer est une immense leçon de morale sur la nécessité d'avoir des amis et de vivre pleinement sa vie. Entre deux clins d'oeil (à Speed et The Usual Suspects), il y a un récit laborieux, des comédiens qui cabotinent et des gags qui font à peine sourire. **

Je n'ai malheureusement pas pu insérer Paddington et le Black Hat de Michael Mann dans mon horaire, mais je me promets d'en parler sur ce blogue avant leurs sorties en DVD et en Blu-ray.

Film du jour: The Life of Oharu

Lars von Trier doit être un grand fan de The Life of Oharu, ce récit malheureux d'une femme d'un certain rang social qui finit par vendre son corps pour survivre. Cet opus concocté de mains de maître par Kenji Mizoguchi offre une de ses plus belles réalisations en carrière tout en lui permettant d'explorer à nouveau ses obsessions personnelles et artistiques. On plonge dans ce classique oublié avec volupté, grâce et effroi, en voulant à tout prix sauver la pauvre héroïne de son sort. ****1/2

jeudi 15 janvier 2015

Film du jour: The Southerner

Jean Renoir n'a rien perdu de sa maîtrise du réalisme social lors de son exode aux États-Unis. Il le prouve avec The Southerner, ce récit souvent malheureux de fermiers qui tentent de survivre coûte que coûte. La beauté des paysages et de la photographie est indirectement proportionnel au climat de violence qui découle des situations, et si un léger humour évite de justesse le mélo, les leçons de vie s'inscrivent magistralement dans l'ordre des choses. ****

mercredi 14 janvier 2015

Film du jour: Street of Shame

Ultime film de Kenzi Mizoguchi, Street of Shame traite à nouveau de ces femmes fortes qui n'ont aucun autre choix que de verser dans la prostitution pour survivre. Sans totalement se renouveler, son approche ici est encore plus globale, chorale et politisée, dévoilant avec une maîtrise totale différents fils d'Ariane qu'il recoud un à un, au sein d'une logique implacable. ***1/2

mardi 13 janvier 2015

Nouveautés en dvd : Gone Girl, Love is Strange, Jimi – All Is by My Side, Honeymoon, Men, Women and Children

En attendant les nominations des Oscars qui seront dévoilées ce jeudi, place au rattrapage avec deux des films les plus intéressants de 2014.

Superbe satire du couple et des médias, Gone Girl de David Fincher est une oeuvre drôle et jouissive sur une femme qui disparaît et sur son mari qui est accusé de l'avoir éliminé. La mise en scène frôle la perfection et on ne s'ennuie pas une seconde. ****
Ma critique complète

Oeuvre lente mais touchante sur deux amoureux qui se redressent les manches afin de retrouver une habitation à New York, Love is Strange d'Ira Sachs enchante par ses interprètes justes et ses beaux sentiments qui évitent les excès. ***1/2

Documentaire conventionnel qui réserve bien peu de surprises, Jimi - All Is by My Side de John Riley ne fait qu'égratigner le mythe d'Hendrix, ne pouvant même pas utiliser sa musique pour lui rendre justice. **1/2

Énième ersatz de Shining qui n'exploite pas pleinement son grand potentiel, Honeymoon de Leigh Janiak réserve au final bien peu de sursauts dans cette lune de miel dans les bois. **

Aurait-on perdu Jason Reitman à jamais? Après une série d'échecs, le cinéaste canadien signe avec Men, Women and Children son pire essai en carrière: un film choral indigeste et moralisateur, où l'on semble suivre des robots et pas des humains. **

Film du jour: Coldwater

Il y a beaucoup de Full Metal Jacket dans le Coldwater de Vincent Grashaw, ce drame intense où des jeunes hommes violents sont envoyés dans des camps de redressement. Ce n'est pas du tout le même calibre et la première partie traîne en longueur, mais une fois que les choses sont placées, le long métrage peut finalement prendre son envol. Et il trouve tout son sens dans la dernière demi-heure, infernale à souhait. **1/2

lundi 12 janvier 2015

Retour sur les Golden Globes 2015

Qu'est-ce qu vous avez pensé des Golden Globes et du sacre de Boyhood? L'animation était-elle à la hauteur de vos attentes? Et les gagnants?

Je traite de ces questions en détails dans mon article qui se trouve sur le site de Cineplex.

Pour se retrouver dans Inherent Vice

Quoi, vous êtes perdu dans Inherent Vice et vous balayez du revers de la main le travail d'orfèvre effectué par Paul Thomas Anderson? Eh bien, je vous donne quelques clés pour s'y retrouver et découvrir plein d'éléments qui rajoutent beaucoup à ce film culte en puissance.

Mon article sur le sujet se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Elena et les hommes

Dernier tome de la trilogie de Jean Renoir sur le spectacle, Elena et les hommes est peut-être l'épisode le plus faible du lot, ce qui ne l'empêche pas de divertir constamment. Magnifiquement coloré et doté d'une conclusion d'un cynisme féroce, cette histoire d'une princesse en exil qui fait tourner la tête de tous les hommes amuse beaucoup, mettant parfaitement à l'avant-plan le charme unique de l'illustre Ingrid Bergman. ***1/2

dimanche 11 janvier 2015

Tout sur les Golden Globes (prédictions, choix personnels, oubliés)

C'est ce soir que se déroulera la 72e cérémonie des Golden Globes. Qui sera les grands gagnants et perdants? Est-ce que le gala va enfin retrouver sa respectabilité? Dans tous les cas, on risque de s'amuser beaucoup des gags des animatrices.

Afin de tout savoir sur le sujet, je vous propose un texte sur mes choix personnels, mes prédictions et les oubliés de ce gala glamour. Mon article se trouve sur le site de Cineplex.

Bonne chance Birdman, Foxcatcher, Selma, The Grand Budapest Hotel, Gone Girl et Ida!

Film du jour: The Bird With the Crystal Plumage

Dès son premier long métrage, Dario Argento avait tout compris au film horrifique. L'important c'est le pouvoir de la suggestion, l'atmosphère qui hante à jamais, la musique qui demeure en thème, des crimes violents, des scènes fortes et une fin imprévisible. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de The Bird With the Crystal Plumage, ce suspense extrêmement efficace sur un étranger de passage en Italie qui devient le témoin d'un crime violent. La machine est parfaitement huilée et malgré des détours un peu plus discutables, le genre - le giallo - fonctionne aisément. ***1/2

samedi 10 janvier 2015

Film du jour: Women of the Night

L'immense cinéaste Kenzi Mizoguchi qui forge son style selon le néoréalisme italien, cela donne Women of the Night, un bouleversant opus sur quelques femmes qui tentent de survivre en se prostituant. Derrière le sujet difficile et quelques lourdeurs se cache un traitement humaniste et des actrices exquises. Avec sa caméra très fluide, le réalisateur filme l'essentiel, et il offre une dantesque conclusion symbolique pleine de rage et de noirceur. Le genre de scène qui sera impossible à oublier. ****

vendredi 9 janvier 2015

Sorties au cinéma: Deux jours une nuit, Selma, Inherent Vice

Mis à part Taken 3 que l'on a décidé de bouder après deux navets consternants, il y a trois films extrêmement recommandables qui prennent l'affiche cette semaine.

Il y a longtemps que les frères Dardenne n'avaient pas offert quelque chose d'aussi fort et renversant que Deux jours, une nuit. Dans cette course contre la montre où une femme doit convaincre ses collègues de travail de renoncer à leur prime afin qu'elle puisse garder son emploi, il y a toute l'injustice de la société et l'individualisme du genre humain. Une grande oeuvre sociale avec une Marion Cotillard extraordinaire. ****1/2

Presque aussi puissant est Selma d'Ava Duvernay, un biopic pas comme les autres sur trois marches importantes de Martin Luther King. Le long métrage exemplaire qui brûle de ses thèmes fédérateurs, de ses interprètes dévoués et de sa mise en scène à fleur de peau. En espérant que les Oscars le remarquent... ****

Sans palper le chef-d'oeuvre comme dans There Will Be Blood et The Master, Paul Thomas Anderson fait beaucoup rire dans Inherent Vice, une histoire impossible à suivre mais tellement fascinante sur un détective qui se perd dans une de ses enquêtes. Une oeuvre culte en devenir. ***1/2

Film du jour: French Cancan

French Cancan est certainement le film le plus coloré et divertissant de Jean Renoir. Pas son meilleur, pas son plus profond, mais il est impossible de demeurer de marbre face à cette recréation flamboyante du Moulin-Rouge, alors que Jean Gabin change constamment de muses pour espérer toucher le bonheur. Il y a du Pygmalion derrière cette histoire de pauvre fille qui s'émancipe et sans être totalement nouvelle, le discours sur l'artiste touche aisément des cordes sensibles. À voir seulement pour le numéro final, un classique du genre. ****

jeudi 8 janvier 2015

Film du jour: Les félins

On ne s'ennuie pas une minute dans Les félins, cette oeuvre rocambolesque où Alain Delon fuit des malfrats, pour mieux tomber entre les griffes de Jane Fonda. Malgré toutes ses invraisemblances, la mise en scène de René Clément est sans temps mort, la chimie entre les comédiens est palpable et là où le maniérisme n'est pas évité, il y a un certain jeu de pouvoir qui est le bienvenu. Ce n'est pas Jeux interdits ou Plein soleil, mais on s'y amuse pourtant beaucoup. ***1/2

mercredi 7 janvier 2015

Film du jour: Le carrosse d'or

Marquant à bien des égards (notamment dans son utilisation de la couleur et du son), Le carrosse d'or de Jean Renoir est le premier tome d'une trilogie sur le spectacle. Se déroulant en Amérique latine pendant le 18e siècle, ce magnifique chassé-croisé entre gens de différentes classes sociales enchante au plus haut point. Il s'agit d'un spectacle fulgurant et inoubliable, où la fusion entre le cinéma et le théâtre laisse complètement béat et où l'art permet de recréer les rêves les plus fous tout en divertissant et en traitant de choses sérieuses tout à la fois. ****1/2

mardi 6 janvier 2015

Nouveautés en DVD: Boyhood, The Guest, The Skeleton Twins, Get On Up, Salvo, Dark Valley, The Good Lie, The Scorpion King 4, Left Behind

Les Fêtes sont terminées. Le meilleur moyen de le savoir est de constater le nombre croissant de sorties en DVD et en Blu-ray.

Le titre le plus intéressant est certainement Boyhood de Richard Linklater, cette très jolie chronique où l'on voit les personnages grandir réellement de 12 ans à l'écran. Le scénario a beau être un peu superficiel, l'exercice qui a rarement été fait mérite le détour. ****

Sorti directement en DVD et en Blu-ray au Québec, The Guest d'Adam Wingard est une jubilatoire satire des séries B, qui arrive à critiquer les dernières guerres américaines tout en rendant hommage à John Carpenter. Et quelle trame sonore! ***1/2

Entre le drame et la comédie se dresse The Skeleton Twins de Craig Johnson, où la famille est un peu malmenée par de bons acteurs qui oeuvrent généralement dans des productions drôles et légères. Le décalage opère malgré les nombreuses baisses de régime. ***

Biopic trop long et extrêmement conventionnel sur le père de la Soul James Brown, Get On Up est dynamité par la prestation saisissante de Chadwick Boseman et la mise en scène fluide de Tate Taylor, qui arrive presque à faire oublier tous les clichés liés au genre. ***

Film de gangsters qui débute dans l'action pour finir dans l'introspection, Salvo de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza transcende ses origines (The Killer de John Woo???) pour poser des questions intéressantes sur la condition humaine. ***

Visuellement splendide mais un peu vide et superficiel, Dark Valley d'Andreas Prochaska est un western allemand/autrichien hivernal sous fond de vengeance, par un homme qui a regardé un peu trop de Sergio Leone. **1/2

Ce ne sont pas tous les cinéastes québécois qui réussissent à Hollywood. Malgré son grand talent, Philippe Falardeau a offert avec The Good Lie une histoire vraie sirupeuse et moralisatrice sur des orphelins de guerre qui tentent leur chance aux États-Unis. Les bons sentiments sont nombreux, sauf que la charge est lourde. **1/2

Avait-on vraiment besoin de The Scorpion King 4? Bien sûr que non. Le résultat, purement alimentaire, est une insulte aux amateurs de cinéma popcorn. Quand ce n'est même pas divertissant, il y a un gros problème. *1/2 

C'est tout de même moins pire que l'horrible Left Behind de Vic Armstrong, de la propagande religieuse abjecte où Nicolas Cage incarne un pilote d'avion en danger. Le genre de navet à bannir de tous les écrans de cinéma... et même de cinéma maison. *

Film du jour: Man Hunt

Film de propagande anti-nazi de la part de Fritz Lang, Man Hunt a tôt fait de tenir en haleine: un chasseur qui a failli assassiner Hitler est arrêté par les Allemands, avant d'être torturé et chassé à son tour. La première partie, magistrale autant d'un point de vue technique que dramaturgique, voit une baisse de régime survenir une fois que le héros retourne en Grande-Bretagne, s'apparentant trop au classique schéma hollywoodien. Reste que l'on retrouve toutes les obsessions de son auteur et que le vénérable Walter Pidgeon offre toute une prestation. ***1/2

lundi 5 janvier 2015

Les films québécois les plus attendus de 2015

Maintenant que les festivités du Nouvel An sont terminées, passons aux choses sérieuses: quel film québécois avez-vous le plus hâte de voir en 2015?

Mes préférences se trouvent sur le site de Cineplex. N'hésitez pas à me faire part de vos choix.

Film du jour: La mariée était en noir

Principale inspiration des Kill Bill de Quentin Tarantino, La mariée était en noir est un exercice de haute-voltige de la part de François Truffaut, qui rend hommage à Hitchcock au sein de ce suspense totalement maîtrisé où une femme décide d'assassiner les cinq hommes qui ont tué son mari tout juste après son mariage. Sensuel, érotique, d'une féminité incroyable, le thriller tient en haleine tout en posant de judicieuses questions sur la vengeance et même la place de la femme dans la société. Dans le rôle titre, Jeanne Moreau livre une féroce prestation. ****

dimanche 4 janvier 2015

Film du jour: Quartet (1981)

Film d'époque qui mélange les classes sociales et qui ne se termine pas bien: Quartet est bel et bien un effort du réalisateur James Ivory et du producteur Ismail Merchant. Sans être un grand fait d'arme, cette histoire de rectangle amoureux qui se déroule en France garde éveillé par l'interprétation impeccable des comédiens (Isabelle Adjani, Maggie Smith) qui donnent un souffle à leurs personnages un peu schématisés. Bien entendu, la mise en scène ne manque de classe et les dialogues, d'impacts décisifs. ***

samedi 3 janvier 2015

Film du jour: The Woman in Black: Angel of Death

Seule et unique sortie au cinéma cette semaine (du moins, au Québec), The Woman in Black: Angel of Death est une suite convenue et inutile d'un long-métrage à succès qui était déjà très peu recommandable. Se déroulant toujours dans un manoir hanté mais cette fois pendant la Seconde Guerre mondiale, ce récit réalisé anonymement par Tom Harper cumule tous les lieux communs et les sursauts attendus. Là où il y avait pu y avoir une réflexion intéressante sur le passé qui traumatise et les horreurs de la guerre, il n'y a qu'une production sans réel attrait qui vampirise tous les The Uninvited (la version de 1944, bien entendu) de ce monde. **

vendredi 2 janvier 2015

Ce qu'il faut surveiller en 2015

2015 s'annonce une année particulièrement bien remplie au niveau des films, autant les grosses productions que les suites attendues que les longs métrages à prix et ceux qui captiveront les cinéphiles.

Voici une petite liste non exhaustive de ce qui risque de marquer 2015. Ma sélection se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: The Browning Version (1951)

Les films sur les professeurs sont pratiquement un genre en soi. Pourtant, ou oublie trop souvent l'extraordinaire The Browning Version, la version qu'Anthony Asquith a tiré de la pièce de Terence Rattigan. Triste, mélancolique et très révélatrice du genre humain, cette histoire simple mais si profonde sur un éducateur qui pense avoir raté sa mission offre une vision différente du métier. Dans le rôle principal, Michael Redgrave offre une performance renversante, qui a été récompensé à Cannes cette année-là (au même titre que le scénario, superbement rédigé). ****

jeudi 1 janvier 2015

Les temps forts du cinéma québécois de 2014

Avant d'oublier complètement 2014, revenons sur les moments les plus marquants du cinéma québécois.

Mes choix se trouvent sur le site de Cineplex.

Film du jour: Sisters of the Gion

Il y a déjà un souffle presque mythique qui ressort des premiers films du légendaire cinéaste Kenji Mizoguchi. Dans Sisters of the Gion, qui suit le destin malheureux de deux soeurs geishas, il afferme sa mise en scène, créant des moments marquants, développant une intrigue simple mais tragique qui met évidemment  des femmes fortes en vedette. Sans parler d'immense fresque, cette création à l'avance sur son époque séduit amplement. Et dire que le meilleur était encore à venir. ****