mardi 30 septembre 2014

Nouveautés en dvd : Laylou, Cold in July, Chef, Words and Pictures, La petite reine, Brooklyn Nine-Nine : Season One, Defiance: Season Two

Pas de Transformers 4 pour nous cette semaine. Seulement des films plus modestes mais beaucoup plus intéressants, dont quelques-uns qui valent leur pesant d'or.

C'est le cas du Laylou de Philippe Lesage, un essai sans narration sur la jeunesse, qui souffle et hypnotise par la beauté de ses images et de ses plans séquences. ***1/2

Il y a également beaucoup d'atmosphère et de bonne musique dans Cold in July de Jim Mickle, un hommage assez réussis aux séries B des années 80. ***

Appétissant mais assez oubliable, Chef de Jon Favreau est un énième film de bouffe qui rappelle les vertus de la simplicité et de la famille. Sympathique comme tout. ***

Words and Pictures de Fred Schepisi rappelle que des bons interprètes (Clive Owen et Juliette Binoche) et un sujet engageant (des combats d'esprit entre les mots et les images) peuvent presque sauver une oeuvre quelconque qui est réalisée mollement. **1/2

Laurence Leboeuf se défonce dans La petite reine, le dernier et meilleur film d'Alexis Durant-Brault. Dommage que ce biopic sur une cycliste dopée sent la formule et les clichés à plein nez. **1/2

Pour se remonter le moral, il y a la première saison de Brooklyn Nine-Nine qui fait beaucoup rire, ainsi que le second tour de piste de Defiance qui n'a pas beaucoup évolué depuis ses débuts.

Film du jour: 20h17 rue Darling


Présenté ce soir à la Cinémathèque québécoise, 20h17 rue Darling de Bernard Émond est un drame sensible, rigoureux et hantant sur un homme qui a tout perdu et qui doit accepter de vivre pour la première fois depuis des lunes. Avec son style qui lui est propre, le cinéaste peint méthodiquement une superbe étude de milieu, conférant à Luc Picard un de ses plus beaux rôles en carrière. L'ensemble n'est pas sans faux pas, mais son charme austère opère et il transporte tout entier. ***1/2

lundi 29 septembre 2014

Film du jour: Altiplano

Trop peu connu des cinéphiles, Altiplano de Peter Brosens et Jessica Hope Woodworth est un film extrêmement délicat sur la souffrance de deux femmes. Lent, envoûtant et parsemé de symboles, le long métrage captive avec sa photographie extraordinaire et le jeu bouleversant de ses interprètes. Il faut bien entendu être alerte pour ne pas décrocher avant la fin, mais le jeu en vaut largement la chandelle. ****

dimanche 28 septembre 2014

Skylark!

!!! Très hâte à The Interview, qui sort sur les écrans pour Noël. Avec de la chance, ce sera la comédie de l'année...

Film du jour: Half of a Yellow Sun

Film de clôture du Festival Black, Half of a Yellow Sun de Biyi Bandele est une oeuvre conventionnelle et consensuelle sur la guerre civile au Nigéria en 1960 et ses conséquences sur deux soeurs. Réalisé de façon anonyme et suivant un arc dramatique attendu et sans surprise, il n'y a rien de vraiment intéressant qui ressort de ce portrait. Thandie Newton et Chiwetel Ejiofor livrent néanmoins d'honnêtes performances. **

samedi 27 septembre 2014

Sorties au cinéma: 20 000 Days on Earth, Le mystère Macpherson, The Notebook, The Skeleton Twins, La ritournelle, 2 temps 3 mouvements, Pride

Il y a des semaines comme ça où aucune nouveauté au cinéma n'est réellement mauvaise. Rien de mémorable pour autant, mais lorsqu'il n'y a pas de déception, tout va bien.

Au sein des nombreuses sorties, la plus intéressante du lot s'avère 20 000 Days on Earth, ce fascinant documentaire d'Iain Forsyth et Jane Pollard qui porte sur Nick Cave, son processus de création et l'art en général. Du véritable bonbon, que l'on soit fan ou pas du musicien. ***1/2

Tout aussi intriguant est Le mystère Macpherson de Serge Giguère, lettre d'amour au cinéma d'animation, à Félix Leclerc et à ces ancêtres étrangers qui ont peuplé le Québec. Encore là, l'essai se savoure à différents niveaux. ***1/2

Même s'il n'arrive pas à la cheville de son chef-d'oeuvre littéraire, The Notebook (Le grand cahier) de Janos Szasz demeure un essai très intéressant sur la folie de la guerre qui transforme des êtres humains en bêtes sauvages. ***

Mélange assez réussi de drame et de comédie, The Skeleton Twins de Craig Johnson est un surprenant effort, pas tout à fait au point mais qui bénéficie grandement de la chimie entre Kristen Wiig et Bil Hader. ***

Détournant la plupart de ses clichés pour offrir un pensum léger sur la routine et la nécessité de se réinventer, La ritournelle de Marc Fitoussi amuse avec ses personnages joyeusement caricaturaux et son ton léger qui fond dans la bouche. ***

Premier long métrage qui n'évite pas tous les pièges des "films d'adolescents tourmentés", 2 temps 3 mouvements de Christophe Cousin mérite toutefois le détour par la façon dont le réalisateur arrive à créer des images fortes et des ambiances maussades. ***

Il y a beaucoup de morales collantes et de facilités scénaristiques qui ressortent du Pride de Matthew Warchus, un espèce de biopic sur un mouvement gai qui est venu en aide à des travailleurs anglais dans les années 80. Mais les personnages sont si colorés et attachants qu'on veut savoir ce qui va leur arriver. ***

Film du jour: Mother of George

Parmi tous les films présentés au Festival Black, Mother of George d'Andrew Dosunmu est une des oeuvres les plus magnifiques. Son histoire manque peut-être de cohésion et de rythme (une femme mariée fait l'impossible pour être fertile), mais ses images sont à couper le souffle. Lorsque l'ambiance, l'atmosphère et l'interprétation font toute la différence. ***

vendredi 26 septembre 2014

Entrevue La ritournelle

Il y a quelques années, le réalisateur Marc Fitoussi et l'actrice Isabelle Huppert étaient de passage à Montréal pour discuter du film Copacabana. C'est d'ailleurs là que j'ai pu les rencontrer pour jaser cinéma. Pour leur nouvelle collaboration La ritournelle, je me suis entretenu avec le réalisateur en l'appelant en France.

Mon entretien se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Des étoiles

Présenté au Festival Black aujourd'hui, Des étoiles de Dyana Gaye est un joli film choral qui se déroule entre Turin, Dakar et New York, alors que quelques personnages cherchent à améliorer leur sort. Minutieux, sensible et interprété avec classe, voilà un long métrage plus que satisfaisant qui sort toutefois difficilement du lot. ***

jeudi 25 septembre 2014

Entrevue 2 temps 3 mouvements

Pour son premier long métrage 2 temps 3 mouvements, le cinéaste français Christophe Cousin porte son regard sur un adolescent en déroute, en quête de quiétude et de racines.

J'ai pu discuter de ce film avec son réalisateur lors d'une entrevue téléphonique. Mon entretien se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Godzilla (2014)

Chose promise, chose due. Je m'étais juré de voir le Godzilla de Gareth Edwards et je me rattrape pour sa sortie en Blu-ray. Sans parler d'un grand crû (bonjour les longueurs et les stéréotypes), il faut avouer que cette version n'est pas mauvaise. L'introduction et la dernière demi-heure sont extraordinaires et s'il ne se passe pas grand-chose le reste du temps, le cinéaste sait comment créer un climat angoissant avec beaucoup d'humour et de clins d'oeil. En espérant que la suite soit encore plus noire et maîtrisée... ***

mercredi 24 septembre 2014

En attendant le Festival du nouveau cinéma

C'est hier qu'était dévoilée la programmation de la prochaine édition du Festival du nouveau cinéma. De nombreux films intéressants seront projetés, dont les derniers opus de Dumont, Miike, Sono, Honoré, Takahata, Godard, Gitai et Falardeau.

Pour tout savoir sur l'événement, place à mon texte sur le sujet

On reviendra évidement sur ce festival d'exception en temps et en lieu...

Film du jour: Macbeth

Disponible en Criterion depuis hier, Macbeth est certainement le film le plus surprenant de Roman Polanski, où il se permet d'exorciser la mort de sa femme en revisitant cette mythique tragédie et en la rendant encore plus violente, malsaine et dérangeante. Jon Finch glace le sang dans le rôle titre qui évoque par la bande un certain Charles Manson et il y a plusieurs scènes d'hallucinations qui rendent le visionnement tout simplement passionnant. Il y a de quoi s'en rappeler très longtemps. ****

mardi 23 septembre 2014

Nouveautés en DVD : IDA, The Rover, Neighbors, The Signal, Les conquérants, Amazonia, We are the Best!, God’s Pocket, I’ll Follow You Down, Un été en Provence, Hannibal: Season Two

Oyé, oyé! Un des meilleurs films de l'année sort cette semaine en DVD et il ne faudrait surtout pas le manquer!

Il s'agit du sublime Ida de Pawel Pawlikowski, ce superbe récit en noir et blanc sur une future soeur qui s'intéresse à l'histoire de sa famille. C'est magnifiquement joué et interprété dans un style que Bergman n'aurait pas renié. ****

Connu pour son glaçant Animal Kingdom, le cinéaste David Michôd est de retour avec The Rover, un western apocalyptique hyper stylisé sur un homme qui tente de récupérer sa voiture. La réalisation est incroyable, au même titre que les performances de Guy Pearce et de Robert Pattinson. ***1/2

Les fous rires sont nombreux devant Neighbors de Nicholas Stoller, alors qu'une famille part en guerre contre la fratrie qui s'est installée à côté à côté de chez eux. Le scénario n'est pas toujours mature, sauf qu'il y a des scènes cultes et des comédiens qui s'amusent énormément. ***1/2

On avait beaucoup aimé Love, le précédent long métrage de William Eubank. Sans être aussi convaincant, The Signal demeure de la science-fiction assez passionnante malgré un dernier tiers un peu bâclé. ***

Il y a beaucoup de fantaisie qui ressort de Les conquérants de Xabi Molia qui confronte deux demi-frères aux derniers vœux de leur père décédé. Tout n'est pas toujours au point (les effets spéciaux...), mais l'ensemble est léger et savoureux comme tout. ***

Documentaire qui se passe de dialogues, Amazonia de Thierry Ragobert nous plonge dans les découvertes incroyables d'un singe domestiqué qui doit apprendre à vivre seul dans la jungle. De quoi vouloir se perdre encore et encore en famille. ***

Esprit punk et naïveté enfantine font plutôt bon ménage dans We are the Best! de Lukas Moodysson, un long métrage plutôt divertissant sur une amitié entre adolescente marginales. ***

La seule raison de s'attarder au God's Pocket de John Slattery est pour la performance fine du regretté Philip Seymour Hoffman, car le récit, sans être mauvais, s'éparpille et se veut assez vide et quelconque. **1/2

Sorte de téléfilm verbeux qui comporte quelques bonnes idées sur le voyage dans le temps, I'll Follow You Down de Richie Mehta manque d'envergue et de moyens pour convaincre réellement. **1/2

Autant Un été en Provence de Rose Bosch donne le goût de voyager, autant la production où deux générations d'une même famille se rapprochent se veut incroyablement moralisatrice et parsemées de lourds clichés. **

Encore plus excitante que la première saison, Hannibal: Season Two confronte notre pauvre héros emprisonné et son méchant adversaire en liberté à un labyrinthe de manipulations. C'est toujours aussi sanglant et intelligent mais cette fois, on se retrouve en mode plus intimiste. ****

Film du jour: Hope

Film d'ouverture de la 10e édition du Festival International du Film Black de Montréal (qui se déroule du 23 au 28 septembre), Hope de Boris Lojkine mélange adroitement fiction et documentaire dans sa façon de présenter ses héros africains qui rêvent de l'Eldorado européen. Ce qui est en ressort n'est peut-être pas inédit, mais le traitement ne manque pas de sincérité et l'ensemble se veut plutôt convaincant. ***

lundi 22 septembre 2014

Entrevue The Boxtrolls

Prenant l'affiche ce vendredi, The Boxtrolls est la nouvelle animation du studio qui nous avait offert le sublime Coraline et le beaucoup plus ordinaire ParaNormal

Je me suis aventuré sur le studio de doublage québécois, où on était en train d'interpréter une chanson qui jouera un rôle primordial dans le film. Pour en savoir plus, c'est ici.

Film du jour: Les climats

Véritable Antonioni moderne, Nuri Bilge Ceylan sonde l'âme et la lassitude humaine dans Les climats, où deux anciens amoureux sont incapables de reconnecter au monde qui les entoure. Doté d'un rythme lent et patient qui épouse les saisons en changement et de paysages d'une illustre beauté, ce long métrage porté par des acteurs sidérants de vérité et par une réalisation d'une précision incroyable sera difficile à oublier et ce, même si le maniérisme n'est pas totalement évacué. ****

dimanche 21 septembre 2014

Entrevue Dr. Cabbie

Satire du rêve américain à mi-chemin entre le cinéma hollywoodien et bollywoodien, Dr. Cabbie est une comédie canadienne réalisée par Jean-François Pouliot (La grande séduction).

Pour en savoir plus sur ce projet hors norme, j'ai pu discuter avec son réalisateur. Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Man is Not a Bird

Il y a vraiment plein de belles trouvailles dans Man is Not a Bird, le premier long métrage du cinéaste yougoslave Dusan Makavejev. Si l'on reconnait sa passion pour le documentaire et le côté social de ses personnages (les travailleurs des mines), c'est lorsque le réalisateur se permet des envolées lyriques, poétiques et absurdes qu'il surprend et détonne. À partir d'une intrigue simple qui peut faire écho aux premiers efforts de Godard (deux hommes vivent des histoires d'amour difficiles), le metteur en scène part dans des folies légèrement brouillonnes mais extrêmement originales, offrant au passage des superbes images et des idées plein la tête sur le communisme et l'être humain. ***1/2

samedi 20 septembre 2014

Film du jour: Shadows in Paradise

Pour passer un samedi matin sous le signe de l'humour, de l'amour, de la mélancolie et de la tendresse, il n'y a rien de mieux que le cinéma d'Aki Kaurismäki. Même si les jours sont gris et que les conditions de travail ne vont pas en s'améliorant, l'espoir et l'ironie apparaissent au tournant. C'est le cas de son très réussi Shadows in Paradise qui portent sur les amours difficiles d'un éboueur et d'une employée de supermarché. Le ton est fin, le mélange de légèreté et de gravité parfaitement au point et s'il n'y a rien d'inédit dans sa démarche, le prisme de la condition humaine se dévoile avec bonheur au fil de ce petit film où il ne semble rien se passer. ***1/2

vendredi 19 septembre 2014

En attendant Les maîtres du suspense

De tous les films québécois qui vont prendre l'affiche d'ici la fin de l'année, Les maîtres du suspense est certainement celui qui a le plus de chance de rallier le public. Même si le long métrage ne prend pas l'affiche avant trois mois, je me suis permis de discuter avec son réalisateur Stéphane Lapointe, question de se donner encore plus l'eau à la bouche.

Mon entrevue et des bandes-annonces se trouvent sur le site de Cineplex.

Film du jour: Le mariage de Maria Braun

Présenté ce soir seulement au Cinéma du Parc, Le mariage de Maria Braun est le premier tome d'une trilogie de Rainer Werner Fassbinder qui porte sur l'Allemagne de l'après guerre, où une femme est prête à tout pour assurer à ses fins. Dans ce monde malsain où le réalisme côtoie l'artifice, les brillants interprètes nagent comme des piranhas dans l'eau, mordillant des répliques cultes par-ci, devenant de véritables métaphores du pays par là. Le regard qui en ressort ne manque pas de cruauté et d'ironie. ****

jeudi 18 septembre 2014

Sorties au cinéma : Mommy, Love is Strange, Metro Manila, Alexandre Tharaud - Le temps dérobé, This is Where I Leave You, Dr. Cabbie, Remembrance

Outre les deux gros films américains qui finiront certainement 1er et 2e au box office (The Maze Runner et A Walk Among the Tombstones), voici une plongée rapide sur toutes les autres nouveautés qui prendront l'affiche dès demain dans les cinémas québécois.

La sortie la plus intéressante est Mommy, où Xavier Dolan prouve enfin qu'il a de la graine de grand cinéaste. Il ne s'est peut-être pas débarrassé de tous ses tics (c'est trop long, répétitif, maniéré et l'utilisation de la musique laisse à désirer), sauf que cette cohabitation houleuse entre une mère et son fils est parsemée de scènes fortes, de prestations brillantes et d'émotions à fleur de peau. Surtout, le réalisateur joue avec son art et sa caméra, créant habilement une poésie qui est très rafraîchissante. ***1/2

Trop peu connu au sein des meilleurs metteurs en scène indépendants des États-Unis, Ira Sachs continue son bonhomme de chemin avec Love is Strange, une étude faussement conventionnelle sur l'amour et l'appartenance. Ici, ce n'est pas tant l'histoire qui est importante que le traitement cinématographique, la candeur qui en ressort et les prestations de comédiens chevronnés. ***1/2

Présenté à Fantasia, Metro Manila de Sean Ellis est un effort étonnamment mature sur un couple qui doit trouver des emplois dangereux afin de survivre. Réalisé avec soin et s'avérant haletant à défaut d'être original, le long métrage convainc même s'il abuse des symboles et des scènes explicatives. ***

Présenté ce soir au Cinéma du Parc et toute la semaine au Cinéma Quartier, Alexandre Tharaud, le temps dérobé d'Aellig Régnier est un documentaire éclairant et toute en finesse sur ce pianiste de génie. S'il faut adorer la musique pour être interpellé par ce court mais chargé essai, ce portrait fait de l'intérieur mérite le détour. ***

Sorte d'August Osage County à la sauce comique (la mort d'un père oblige le reste de la famille à se rapprocher), This is Where I Leave You de Shawn Levy se veut un divertissement honorable, un peu bancal mais drôle et attendrissant où la distribution sauve souvent la mise. ***

Il ne faut surtout pas prendre Dr. Cabbie au premier degré. Sinon cette production canadienne façon Bollywood de Jean-François Pouliot sur un médecin indien qui doit conduire le taxi à son arrivée à Toronto horripilera plusieurs. Mais en terme de satire et de parodie du rêve américain, l'ensemble se laisse regarder avec un certain plaisir. **1/2

Une autre histoire d'amour qui se déroule dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale? Oui. Sans réellement ennuyer, Remembrance d'Anna Justice ne convainc jamais totalement. La réalisation est mécanique (ouch, le montage...) et les acteurs manquent de souffle. La leçon d'histoire demeure toutefois nécessaire. **1/2

Film du jour: Fires on the Plain (1959)

Les films anti-guerre sont à la mode, mais pratiquement aucun n'ont la même puissance évocatrice que le Fires on the Plain de Kon Ichikawa qui se déroule à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour une rare fois, on ressent la violence, la cruauté, la laideur et le manque d'humanité de ce portrait d'un soldat japonais malade qui tente de retourner chez lui. Les images en noir et blanc frappent l'esprit et si quelques scènes paraissent un peu datés, d'autres traumatisent par leur puissance et leur forte intensité dramatique. Une plongée dans l'Enfer qui ne laisse pas indemne. ****

mercredi 17 septembre 2014

Films du jour: El Djazaïr mon amour

C'est ce soir à Québec que le collectif El Djazaïr mon amour présente leurs cinq premiers courts métrages. Après un vernissage photographique qui se déroulera à 17h00 au Diamant, on pourra voir le travail cinématographique de Michaël Pineault, Yannick Nolin, Guillaume Fournier, Elias Djemil et Samuel Matteau. Réalisés en 2013, ces oeuvres de fiction et de documentaires représentent des lettres d'amour envers l'Algérie, le pays et son histoire, mais également ses gens et le football. Ludiques, authentiques, personnelles et sincères, ces essais certes inégaux ne manquent surtout pas d'attrait et de talent. Qui sait où le vent portera ces jeunes réalisateurs. ***

mardi 16 septembre 2014

Nouveautés en DVD : Ilo Ilo, The Fault in Our Stars, Meetings With a Young Poet, The Grand Seduction, Think Like a Man Too

Comme le froid se fait ressentir depuis quelques jours, on se doit de rester au chaud à la maison et de regarder des films.

Parmi les nouveautés DVD et Blu-ray du jour, Ilo Ilo d'Anthony Chen se démarque du lot par la sensibilité de son regard. Cette histoire d'amitié entre un adolescent turbulent et une aide-ménagère va droit au coeur. Une Caméra d'Or bien méritée. ****

Bluette sentimentale kitsch, mélodramatique mais pas dénuée d'intérêt sur deux amis qui sont touchés par la maladie, The Fault in Our Stars de Josh Boone convainc grâce à ses comédiens. Faut-il encore rappeler le grand talent de Shailene Woodley? ***

Oeuvre de fiction sur une conversation entre un poète et le dramaturge Samuel Beckett, Meetings With a Young Poet de Rudy Barichello se veut un récit bien interprété et généralement intéressant. Quelques détours plus quelconques et une mise en scène un peu trop conventionnelle empêchent toutefois l'ensemble de s'élever et de marquer les esprits. **1/2

Remake largement inférieur d'un film culte québécois, The Grand Seduction de Don McKellar ne peut compter sur l'humour ou sur la fraîcheur de ses sujets pour sauver la mise. Il y a néanmoins Brendan Gleeson et de beaux paysages pour passer le temps. **1/2

Suite inutile et assez horripilante d'une comédie à succès, Think Like a Man Too de Tim Story amène nos inséparables amis à Las Vegas, dans la ville du vice. Ce qui leur arrive a toutefois été vu des centaines de fois, avec plus d'efficacité et sans ce côté moralisateur. **

Film du jour: Eraserhead

Disponible aujourd'hui dans la prestigieuse édition Criterion, Eraserhead est le premier long métrage de David Lynch et il demeure encore à ce jour une de ses plus belles créations. Ce cauchemar poétique sur un homme qui cherche à s'évader de son quotidien par le rêve est parsemé de trouvailles brillantes et d'images inoubliables. Comme carte d'entrée, il s'est difficilement fait mieux. ****1/2  

lundi 15 septembre 2014

Film du jour: Fearless

Mis à part The Fisther King, c'est probablement dans le Fearless de Peter Weir que Jeff Bridges offre sa meilleure performance en carrière. Intense, nuancée et toute en finesse, l'acteur est impeccable dans la peau d'un homme qui se croit immortel après avoir survécu à un terrible accident d'avion. Dotée d'un casting impeccable (Isabella Rossellini, John Turturro, Benicio del Toro et surtout Rosie Perez), cette oeuvre prenante sur la vie et la mort bouleverse et hante longtemps malgré un symbolisme un peu trop évident. ****

dimanche 14 septembre 2014

Spécial Idris Elba!

Sortie américaine la plus importante cette semaine au cinéma, No Good Deed est un suspense sur un homme qui tient en otage une femme et ses deux enfants.

Pour en savoir plus sur le sujet, voici mon dossier sur son héros Idris Elba.

Film du jour: Villa Paranoïa

En jonglant avec plusieurs thématiques lourdes, Villa Paranoïa n’arrive pas toujours à atteindre cet équilibre escompté entre le mélodrame et le feel good movie. Mais aussi longtemps que les poules seront de la partie, le sourire ne sera jamais très loin!

Aussi séduisant qu’irritant, ce film danois d’Erik Clausen (Rocking Silver) semble fort populaire un peu partout sur la planète. S’il est vrai que l’héroïne de Villa Paranoïa peut ressembler au personnage fétiche de Jean-Pierre Jeunet, l’ensemble s’avère toutefois beaucoup plus sombre et, malheureusement, moins intéressant.

Jorgen (Erik Clausen) est un éleveur de poules solitaire. Au lieu de s’occuper de son père handicapé, muet et taciturne, il cherche à améliorer le sort de sa compagnie par l’entremise de publicités douteuses, tout en désirant trouver l’âme sœur grâce à des agences spécialisées. Pour venir en aide à son paternel (Frits Helmuth, décédé depuis), il engage une comédienne (Sonja Richter) à l’ego un peu proéminent. Récalcitrante au début, celle-ci découvre graduellement que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent êtres. Non seulement son patient n’est peut-être pas aussi malade qu’il le présume, mais les secrets qu’il dissimule pourraient sans doute changer plusieurs existences.

Œuvre nettement imparfaite, Villa Paranoïa ne tarde pas à déployer son charme. Par l’entreprise de ses personnages, crédibles et développés, le processus de séduction se crée progressivement. Après un début quelconque, où tous les protagonistes semblent assez antipathiques, le réalisateur de Casablanca Circus déploie son talent de directeur d’acteurs. De son propre personnage, Jorgen, le fils indigne qui cherche à améliorer son sort en détruisant celui de son entourage. Mais encore plus en basant son nouveau long métrage sur deux fondations immuables : Sonja Richter et Frits Helmuth. La première, femme-enfant autant que manipulatrice-séductrice au grand cœur, s’avère la joie et la vie de toute cette entreprise. C’est la renaissance de l’âme, qui redore les souvenirs en un seul regard. Pour donner la force nécessaire à cette lumière, l’actrice de Open Hearts s’inspire de modèles récents (Audrey Tautou), et anciens (Audrey Hepburn) qui combine la naïveté, la fragilité, la beauté, la détermination, la séduction et la fraîcheur. Pas toujours original, mais indéniablement sympathique. Face à elle, Helmuth (Memories of a Marriage) se veut plus sobre et effacé. Très physique, son jeu mélancolique évite quelque peu les archétypes et s’avère l’élément le plus inoubliable de ce récit.

Clausen arrive également à combiner plusieurs thématiques sans donner la nausée ou perdre son fil conducteur. D’un film sur la solitude, Villa Paranoïa bifurque rapidement sur des chemins plus sombres (le droit des aînés, le suicide assisté), avant de se terminer dans la légèreté et la bonne humeur. Cette étude sur la condition humaine est également doublée d’une incessante exploration théâtrale, où le canevas de l’histoire se superpose à la pièce Le malade imaginaire de Molière, que plusieurs personnages secondaires sont en train de monter.

Sauf qu’à force d’injecter du soleil dans cette noirceur, il est facile d’être victime d’une overdose. Trop présents et appuyés, les sentiments (bons ou mauvais) sont livrés avec peu de subtilités. Tous les protagonistes ont beaucoup soufferts et ces torts sont amplifiés par la trame sonore dégoulinante de Kim Huttel, où le piano et les violons cherchent à soutirer le maximum de larmes. Surtout que la dichotomie à ce mélodrame est, bien entendu, la force de l’amour. Ce poncif, appuyé encore et encore, exaspère profondément et laisse un arrière-goût un peu terne à un petit film qui cherchait à devenir majeur.

En forçant un peu trop la note, Villa Paranoïa perd de cette aura humaniste qui semblait le destiner au départ. Incapable de s’inscrire parmi les grands réalisateurs danois (Carl Theodor Dreyer, Lars Von Trier, Bille August) qui traitent de sujets graves avec maestria et hermétisme, Erik Clausen préfère demeurer l’homme du peuple et proposer des longs métrages sympathiques, mais facilement oubliables. C’est son droit! ***

samedi 13 septembre 2014

Sorties au cinéma: The Dog, Lulu femme nue, Dolphin Tale 2

Il s'agit d'une autre semaine tranquille au niveau des sorties au cinéma, alors que les nouveautés se font très rares.

On retrouve tout de même le très intéressant documentaire The Dog d'Allison Berg et Frank Keraudren qui porte sur le héros du film culte Dog Day Afternoon: un homme qui a fait un vol de banque extrêmement médiatisé pour payer l'opération de changement de sexe de son amoureux. Un essai éclairant sur la condition humaine. ***

Moins marquant mais tout de même assez agréable est Lulu femme nue de Solveig Anspach, ce portrait doux amer d'une mère de famille qui cherche à s'extirper de son quotidien en "renaissant" dans une ville côtière. C'est charmant et bien interprété par Karin Viard qui évite ses mimiques d'usage. ***

Ressemblant beaucoup à son prédécesseur, Dolphin Tale 2 de Charles Martin Smith est une autre histoire vraie plein de sirop, de morales et de bons sentiments sur un dauphin dépressif et son entourage qui tente d'en prendre soin. Les enfants risquent de trouver leur compte, mais certainement pas leurs parents. **1/2

Film du jour: The Mosquito Coast

Au rayon des grands films de jungle, il ne s'est rien fait de mieux que Apocalypse Now et Aiguirre. The Mosquito Coast de Peter Weir est cependant un récit très intéressant, où un inventeur fantasque tente de fuir la civilisation pour se partir une société nouvelle avec sa famille. Visuellement magnifique et mis en scène avec inventivité, ce long métrage scénarisé par Paul Schrader est assez fascinant même s'il y est difficile de s'y agripper. De quoi demeurer un peu en retrait et admirer la mécanique, qui bénéficie de la musique du grand Maurice Jarre et où Harrison Ford trouve probablement son rôle le plus complexe et difficile en carrière. ***1/2

vendredi 12 septembre 2014

Entrevues Mommy

C'est la semaine prochaine que prend l'affiche le surprenant Mommy, le dernier film de Xavier Dolan qui s'est mérité le Prix du jury au dernier Festival de Cannes.

En attendant de finalement voir la bête, j'ai pu m'entretenir avec le cinéaste et les membres de la distribution. Mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Dog Day Afternoon

Quelle bonne idée du Cinéma du Parc de repasser Dog Day Afternoon, ce film culte de Sidney Lumet! Cette incroyable histoire vraie d'un homme qui décide de voler une banque pour payer le changement de sexe de son amoureux est toujours aussi efficace, autant du côté de la satire jouissive de la société que du drame très humain qui pousse les moins nantis à prendre les armes pour changer leurs conditions de vie. Al Pacino et John Cazale campent les deux pauvres bougres avec un parfait mélange de rage et de stupidité et la mise en scène experte de son auteur élève le long métrage au statut d'oeuvre maîtresse des années 70. ****1/2

jeudi 11 septembre 2014

Film du jour: Le baiser de Tosca

Pour célébrer son 30e anniversaire,  Le baiser de Tosca de Daniel Schmid retourne au cinéma à partir de demain, gracieuseté du Cinéma du Parc. Ce documentaire qui porte sur d'anciennes gloires de l'opéra qui résident dans une maison de retraite est particulièrement touchant et émouvant. La mise en scène sensible met les sujets à l'honneur, où la musique et le chant dictent encore leur existence, s'avérant même le guide de cet essai qui fait flirter avec quelques-unes des plus grandes beautés de l'univers. ***1/2. 

mercredi 10 septembre 2014

Film du jour: Bedknobs and Broomsticks

Disponible depuis peu en format Blu-ray, Bedknobs and Broomsticks que Robert Stevenson a réalisé en 1971 est une tentative de refaire un nouveau Mary Poppins. Si la sauce n'a pas le même goût, elle n'en demeure pas moins potable pour autant. Cette histoire d'orphelins pris en charge par une apprentie sorcière pendant la Seconde Guerre mondiale est peuplée de moments magiques et il comporte suffisamment de délires animés, de chansons et de danse pour passer un bon moment. ***

mardi 9 septembre 2014

Nouveautés en DVD : Attila Marcel, Captain America – The Winter Soldier, The Double, Palo Alto, Crossbones : Season One, Chicago P.D. Season One

Pendant que la planète cinéma a les yeux tournés sur Toronto, les sorties dvd et blu-ray se déroulent normalement.

La nouveauté la plus intéressante de la semaine se nomme Attila Marcel et il s'agit du premier film avec des acteurs réels de Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville, L’illusionniste), qui n'en perd pas pour autant son esthétisme de bande dessinée dans sa façon de raconter ce retour à la vie d'un homme muet qui vit avec ses tantes. C'est tendre, léger, touchant, drôle et assez éphémère. ***

Énorme succès commercial, Captain America - The Winter Soldier d'Anthony et Joe Russo mélange le film d'espionnage et celui de super-héros, ce qui donne un résultat assez satisfaisant malgré ses longueurs, ses répétitions et ses conventions. ***

Nouvel essai sous fond de dédoublement de personnalité qui arrive malheureusement après le supérieur Enemy de Denis Villeneuve, The Double de Richard Ayoade est une farce qui tourne rapidement à vide sur un employé de bureau qui se sent persécuté par son double. **1/2
Ma critique complète

Premier long métrage de Gia Coppola, Palo Alto est un autre effort sur cette jeunesse trouble, où l'ambiance est plus importante que la trame narrative qui ne lésine pas sur les clichés. **1/2

Les amateurs de télévision à la maison riront beaucoup devant la première saison de About a Boy (***), ils verront John Malkovich s'ennuyer un peu dans Crossbones: Season One (**1/2) et ils assisteront au retour des pompiers de Chicago Fire Season Two et l'initiation des policiers de Chicago P.D. Season One.

Film du jour: Paris, Texas

Projeté gratuitement ce soir à la Place de la Paix à Montréal, Paris, Texas demeure encore à ce jour un des meilleurs films de Wim Wenders. Dans cette histoire simple d'un père qui renoue avec son frère et sa famille, c'est toute l'histoire de l'Amérique que le cinéaste allemand dépeint, avec une bonne dose d'humour, de chaleur et d'émotions. La trame sonore puissante et la photographie sublime en font une grande oeuvre universelle qui n'a toujours pas pris une ride. *****

lundi 8 septembre 2014

Film du jour: A Letter to Three Wives

Même si les cinéphiles se rappellent davantage de ses films que de son nom, le cinéaste Joseph Mankiewicz a offert de nombreuses oeuvres de grande qualité, dont A Letter to Three Wives en 1949. Ce récit féministe sur trois femmes qui repensent à leur couple en tant de crises ravit par la modernité de son sujet, la finesse de sa mise en scène et la justesse de son interprétation. Le réalisateur marche constamment sur ce mince fil entre drame et comédie, gravité et légèreté, s'en sortant haut la main. ****

dimanche 7 septembre 2014

Film du jour: Wu Ji

Continuant dans la lignée fantastique des combats volants engendrés par Ang Lee et Zhang Yimou, le réputé cinéaste Chen Kaige perd légèrement de son lustre en offrant Wu Ji, la légende des cavaliers du vent, un magnifique divertissement baignant un peu trop dans l’eau sucrée et les morales.

Les ravages de l’amour sont perceptibles à toutes les époques. Seule et désespérée, la jeune Qingcheng fait un troc avec la Déesse du Destin Manshen : elle échange ses plaisirs amoureux futurs contre la richesse, la beauté et la sécurité. À l’âge adulte, de nombreux conquérants se battent pour son cœur. Il y a le protégé du roi, le Général Guangming (Hiroyuki Sanada), un être affable et puissant, et le Duc du Nord Wuhuan (Nicholas Tse), un individu méchant et vil qui n’hésite pas à tout détruire sur son passage. Entre les combats qui font rage et les nombreuses trahisons, c’est à se demander comment l’esclave Kunlun (Jang Dong-Gun), qui vient du Pays des Neiges, pourra faire pour rompre le charme et le sort de la personne habitant ses pensée : la jolie et énergique Quingcheng (Cecilia Cheung).

En 2000, Ang Lee a popularisé le Wuxia en Amérique du Nord avec son acclamé Crouching Tiger, Hidden Dragon. Cette histoire amoureuse se déroulant à un autre siècle comportait des combats épiques qui défiaient toutes les lois de la logique pour en mettre plein les yeux et les sens. Si le public occidental était séduit par ce rythme et ce style hors norme, ce genre de long métrage était courant en Chine. Une fois la porte de Pandore ouverte, un peu tout le monde exploitait la recette sans réel savoir faire, mais des artistes mondialement connus pour leurs drames empruntaient cette voix pour surprendre au passage. C’est le cas de Zhang Yimou avec son superbe Hero. Aidé par un casting époustouflant, il cherchait à atteindre la perfection en alliant lyrisme philosophique et décors poétiques. Un coup de maître qu’il n’a pas totalement réussi à reproduire avec son plus léger House of Flying Daggers.

Au sein de cette galère, l’empressement de retrouver Chen Kaiger derrière une œuvre du même type pouvait surprendre. Qu’est-ce que ce réalisateur d’exception, créateur d’ouvrages mémorables comme Adieu ma concubine et Terre jaune, pouvait bien y gagner? Sauf qu’en regardant ses derniers projets (Killing me Softly, Together), il est évident que l’homme derrière Roi des enfants cherchait à se racheter. À travers un divertissement honnête, il pouvait séduire. Mais son Wu Ji, la légende des cavaliers (en version originale Mo Gik et en anglais The Promise) n’est rien d’autre qu’un fantastique feu d’artifices pour les yeux sans réel intérêt pour le cerveau.

Visuellement, son dernier joujou est un chef-d’œuvre, quoique nettement inférieur à Hero. Les couleurs demeurent vives, les pétales sont de tous les instants et la qualité des effets spéciaux est plus qu’appréciable. La rétine est sans cesse dorlotée au fil de situations incroyables et de revirements qui laissent béats. La musique transpose parfaitement les émotions et les scènes d’action sont chorégraphiées de mains de maîtres. De ce côté, difficile de demander mieux.

C’est plutôt au niveau de l’histoire que Wu Ji, la légende des cavaliers du vent manque d’attrait et de saveur. Elle est sommaire, sans grande originalité et très linéaire. Le film semble souvent s’adresser aux enfants avec ces divinités et ces fantômes provenant des contes d’Homère ou de Ji Yun. La trame narrative manque de souplesse, l’importance accordée aux sentiments amoureux est encore plus horripilante que dans House of Flying Daggers et ces messages apparaissant à tous les tournants (le destin peut être changé) sont à peine supportables. Il y a également ces acteurs qui jouent un peu n’importe comment et qui n’arrivent pas à insuffler assez de magie ou de mystère à leurs personnages.


Le dernier Chen Kaige ressemble donc par moment à une version simplifiée et encore plus édulcorée de son précédent The Emperor and the Assassin. Ça crie, ça bouge dans tous les sens et il est difficile de s’ennuyer tant les sens sont exploités. Un gros divertissement à regarder avec beaucoup de pop-corn tout en prenant soin de laisser son cerveau à l’entrée de la salle. **1/2 

samedi 6 septembre 2014

Film du jour: Adoration

Pour se réconcilier avec Atom Egoyan, il faut absolument revoir son mésestimé Adoration, où un adolescent décide de régler le cas de sa famille à l'aide d'un exposé scolaire. Intelligent, minutieux et d'une précision chirurgicale, ce récit bien verbeux à la réalisation étudiée et à l'interprétation solide demeure peut-être ce que le cinéaste canadien a fait de mieux ces neufs dernières années. ***1/2

vendredi 5 septembre 2014

Sorties au cinéma : Aimer boire et chanter, The Captive, Zulu, Supercondriaque

Devant l'absence totale de superproductions américaines (tout le monde doit être à Toronto pour profiter du TIFF), un film française s'impose cette semaine au sein des nouveautés au cinéma.

Il s'agit d'Aimer, boire et chanter, l'ultime long métrage d'Alain Resnais. Même en mode mineur, cet effort ludique et spirituel sur un groupe de gens qui tentent d'aider un ami condamné par la maladie fait beaucoup sourire avec ses répliques vives, sa mise en scène soignée et ses délicieux interprètes. ***1/2

Vilipendé par la majorité des critiques, The Captive n'en demeure pas moins le meilleur film d'Atom Egoyan depuis Adoration en 2008. Même si le sujet n'est pas neuf (un rapt d'enfant) et que la finale est ratée, on sent le cinéaste canadien s'amuser à détourner les clichés, jouant allègrement avec sa réalisation peuplée d'ellipses et avec les attentes du spectateur. ***

Film de clôture de l'édition 2013 du Festival de Cannes, Zulu de Jérôme Salle est un suspense musclée où l'épée de Damoclès de l'Apartheid n'est jamais bien loin. Dommage que le sujet politisé est rapidement évacué, car les scènes d'action sont solides, tout comme le casting (Forest Whitaker, Orlando Bloom). **1/2

Il est toujours dommage de voir un acteur talentueux s'enfoncer de plus en plus dans les farces et les niaiseries insipides. C'est pourtant ce qui arrive à Dany Boon qui réalise et interprète le rôle principal de Supercondriaque, une comédie insipide sur un médecin qui tente de caser son patient hypocondriaque. C'est lourd, moche et terriblement convenu. **

Il y a également du côté IMAX la possibilité de revoir l'illustre Forrest Gump, le dernier très bon film de Robert Zemeckis, où Tom Hanks y trouve son rôle le plus emblématique en carrière. L'apologie de la stupidité peut faire sourciller dans cette chronique d'un simple d'esprit qui vit quelques-uns des éléments les plus importants des États-Unis, mais comme seul objet de cinéma, le résultat est très convaincant. ****

Film du jour: Head-On

Head-On, le grand gagnant de l’Ours d’or de Berlin en 2004, est une délicieuse étude de mœurs sur des humains qui feront tout pour vivre pleinement leur vie.

Les relations humaines sont houleuses et difficiles dans ce film de Fatih Akin. D’un côté il y a Cahit (Birol Ûnel), un quadragénaire allemand blasé qui passe son temps à boire et à se droguer. De l’autre côté du spectre se trouve Sibel (Sibel Kekilli), une fringante jeune femme turque étouffée par les convictions religieuses de sa famille. Lorsque ces deux âmes brisées se rencontrent à l’hôpital après des tentatives de suicide, un pacte est lié : ils vont organiser un faux mariage afin de s’affranchir de leurs chaînes distinctives et de toucher cette liberté si désirée. Au départ, l’accord est parfait. Cahit continue à courtiser une ancienne copine, alors que Sibel peut enfin expérimenter les joies du sexe et de la promiscuité. Mais lorsque les sentiments amoureux voient le jour, les cartes risquent de se mélanger à jamais.

Voilà un film fort sympathique qui allie humour décapant et drame sensible grâce à un rythme très soutenu. Le montage, effréné par moment, demeure subtil, car les effets sont distillés et non utilisés encore et encore. Même si la deuxième partie du long métrage tend à s’essouffler, il y aura toujours une ou deux touches de magie pour séduire.

Ces éléments sont maximisés par une trame sonore éclectique exceptionnelle. De la musique world aux rythmes pop dansants, rien n’est laissé au hasard. Le I Feel You de Depeche Mode, ode sublime à l’auto-destruction, apparaît comme un leitmotiv évident. Tout comme ces transitions sur plan fixe d’un orchestre tzigane qui annonce, à l’aide de différents airs, si les situations sont légères ou tragiques.

Malgré les nombreuses thématiques abordées (l’affranchissement, le sens de la vie après la perte d’être chers, la question identitaire au sein d’une nation ciselée de plus en plus mondialisée, le rôle contesté de la religion, etc.), Akin arrive à surprendre sans se perdre. En proposant plus qu’en démontrant, l’homme derrière In July laisse respirer ses personnages. Lorsque la fin, un peu attendue, survient, le spectateur ne peut rester insensible face aux destins si attachants de ces êtres non conventionnels.

Tous parfaits, les rôles secondaires se font toutefois facilement éclipser par les protagonistes principaux. Birol Ûnel, particulièrement convaincant en individu pathétique, fait rire aux larmes tant quelques-unes de ses répliques s’avèrent décalées. Mais c’est surtout la pétillante Sibel Kekilli qui attise l’attention et le désir dans toutes ses scènes. Sauf qu’il ne faudrait pas se méprendre sur son joli minois et son jeune âge. Cette fille, découverte dans un centre d’achat, montre un savoir-faire indéniable dans l’art de bien transmettre les émotions.

En compagnie de son fantastique De l'autre côté, il s'agit clairement de son meilleur en carrière. En espérant que sa nouvelle offrande, The Cut qui met en vedette Tahar Rahim, débarque rapidement sur nos écrans. ****

jeudi 4 septembre 2014

Film du jour: The Gold Rush

Charlie Chaplin a fait tant de classiques qu'il est difficile de déterminer son meilleur. Il a d'ailleurs frappé fort avec The Gold Rush en 1925, où il s'intéressait au rude métier de chercheur d'or avec ses numéros qui le caractérisent tant, ce qui implique beaucoup d'humour, de la tendresse, un regard très humain sur cette condition sociale et, bien entendu, des scènes cultes (la danse des petits pains!). L'antidote par excellence à une nouvelle triste ou à une humeur maussade. *****

mercredi 3 septembre 2014

Film du jour: Les fiancés

Traiter du social en demeurant constamment centré sur l'humain. C'est la grâce qu'arrivait à faire le cinéaste italien Ermanno Olmi dans ses plus grands films. Les fiancés est un de celui-là, alors que l'on suit attentivement un homme qui délaisse son amoureuse pour faire plus d'argent dans une ville voisine. Méthodiquement, le réalisateur dresse les fils de cette société où le retard économique se fait de plus en plus ressentir et où des sacrifices pour une meilleure vie s'effectuent dans l'ombre. Le climat qui en ressort est poignant et mélancolique, bercé par un lent spleen qui laisse le temps de respirer et de vivre ce qui arrive au protagoniste. ****1/2

mardi 2 septembre 2014

Nouveautés en DVD: They Came Together, Fed Up, Fermières, Chasse au Godard d’Abbittibbi, Draft Day, Anticosti- La chasse au pétrole extrême

Le mois de septembre s'ouvre avec une belle nouveauté en dvd et quelques documentaires intéressants.

Satire jouissive des comédies romantiques, They Came Together de David Wain utilise tous les clichés du genre pour faire rire énormément. Une très belle surprise, où le couple Paul Rudd et Amy Poehler fonctionne à plein régime. ***1/2

Essai engagé qui dénonce les mauvaises habitudes alimentaires, Fed Up de Stephanie Soechtig convainc même s'il ne prend pas de gants blancs. À montrer d'urgence dans toutes les écoles. ***

Documentaire touchant sur le Cercle des fermières du Québec, Fermières d'Annie St-Pierre présente des femmes touchantes et colorées. Un récit vivant, un brin superficiel mais néanmoins intéressant. *** 

Si l'on peut faire fi de son énorme côté référentiel (à la Nouvelle Vague, la fin des années 60, JLG et compagnie), Chasse au Godard d'Abbittibbi d'Éric Morin qui porte sur les déchirements d'une jeune femme se révèle assez divertissant. ***

Sorte de Moneyball des pauvres sur un directeur gérant qui tente de bien choisir son homme au repêchage, Draft Day d'Ivan Reitman s'adresse surtout aux fans de football. Les autres s'ennuieront devant ces joutes verbales où brille néanmoins Kevin Costner. **1/2

Anticosti - La chasse au pétrole extrême de Dominic Champagne bouillonne d'idées importantes. Sauf que ce brûlot finit un peu par prêcher dans le désert en étant parfois trop lourd et sensationnaliste. Mais au niveau du sujet, l'effort est nécessaire. **1/2

Film du jour: Twenty-Four Eyes

Rires et larmes déferlent de Twenty-Four Eyes, ce superbe film de Keisuke Kinoshita qui arrive à exorciser les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à travers la dévotion et le courage d'une enseignante japonaise. Peu importe ses quelques lourdeurs, l'oeuvre va droit au coeur, séduisant amplement par sa poésie du quotidien, ses interprètes bien dirigés, la beauté de ses images en noir et blanc et l'utilisation des chansons. ****

lundi 1 septembre 2014

Film du jour: Berlin Alexanderplatz

Oeuvre monumentale de la télévision du 20e siècle, Berlin Alexanderplatz est peut-être le chef-d'oeuvre de Rainer Werner Fassbinder, qui se sert du livre d'Albert Döblin pour réfléchir sur l'humanité à travers d'un homme qui vient de sortir de prison entre les deux grandes guerres. Le récit morcelé qui va et divague à coup de nombreuses transgressions mérite beaucoup d'attention du spectateur tout au long de ces 14 épisodes. Mais quel coup au visage il recevra de cette déflagration à la réalisation éblouissante et à l'interprétation magistrale. Et après, on vient dire qu'il se fait de la bonne télévision à notre époque. C'est rien comparativement à ce sommet du début des années 80... ****1/2