lundi 31 mars 2014

Film du jour: Family Nest

Premier long métrage de Bela Tarr, Family Nest expose déjà une thématique principale de son cinéma: l'Enfer se trouve auprès des gens qui sont incapables de vivre ensemble. Utilisant une mise en scène qui rappelle le documentaire, son récit sur des individus d'une même famille qui ont de la difficulté à vivre sous le même toit est parsemé de scènes difficiles et d'une vision sombre du communisme. Le cinéaste n'en étant pas encore dans ses grandes recherches formelles au niveau de la forme, ce film n'en demeure pas moins influencé par le travail de Cassavetes. ****

dimanche 30 mars 2014

Film du jour: The Wrestler

The Wrestler de Darren Aronofsky offre un retour inespéré : celui de Mickey Rourke dans l’arène du septième art. L’ancien comédien qui a longtemps été comparé à Marlon Brando et à Robert De Niro trouve son plus beau rôle en carrière dans un long métrage aussi incisif qu’un uppercut.

Il est toujours difficile d’innover dans le récit de lutte ou de boxe. Soit le héros est un jeune premier qui grandira au contact d’un entraîneur aguerri, soit il est une ancienne vedette sur le déclin qui cherche à redorer son blason. The Ram (Rourke) fait partie de la seconde catégorie. Icône des petits et des grands dans les années 1980, ce lutteur à la tignasse dorée aimerait donner un sens à son existence. Pour y arriver, il reprend l’entraînement et les affrontements malgré un cœur défaillant, désirant du même coup se rapprocher de sa fille (Evan Rachel Wood). Lors de ses combats quotidiens, il peut néanmoins compter sur Cassidy (Marisa Tomei), une strip-teaseuse qui désire ardemment changer de peau.

Pour plusieurs cinéphiles, le cinéaste Darren Aronofsky sera le prochain Stanley Kubrick. Le metteur en scène est réputé pour la perfection de ses plans et sa rigoureuse direction d’acteurs. Dès son premier opus Pi en noir et blanc, les comparaisons entre les deux hommes fusent et ce n’est pas un hasard. L’électrochoc est venu en 2000 avec la sortie du chef-d’œuvre en puissance Requiem for a Dream, probablement un des meilleurs films de la décennie. Ce sommet encore inégalé chez le réalisateur américain a créé des attentes incommensurables dont le prochain ouvrage ne pouvait que décevoir. Après une attente infernale de six ans, The Fountain a été vilipendé à tort alors qu’il s’agissait d’un magnifique pensum sur l’amour et le temps qui passe.

Pour se relever de ce faux pas qui n’en n’est pas vraiment un, n’importe qui aurait été dans la direction opposée. Contrairement à ses précédents essais, The Wrestler s’éloigne des exercices de style, du montage apocalyptique et des plans léchés qui ont fait la marque de commerce d’Aronofsky. Le traitement naturaliste rappelle plutôt le Dogme et le cinéma des frères Dardenne, avec cette omniprésence du grain et cette caméra tremblante qui se colle sur la sueur du protagoniste. Le réalisme est de tous les instants, chavirant l’estomac lors de séquences difficiles où le sang et la douleur se mélangent.

À priori, l’histoire ne casse rien. C’est le retour à la vie du phœnix, une romance amoureuse entre deux laissés-pour-compte et une escapade dans le temps où un homme apprend à être père sur le tard. Ce schéma parsemé de hauts et de bas à la finale bouleversante mais attendue bénéficie cependant d’un scénario intelligent où des séquences drôles et surprenantes s’attardent au pathétisme de cet ancien lutteur. Cette figure imposante – et celle de la danseuse – représentent la dépendance et la déchéance si chères au réalisateur. C’est le sacrifice du présent pour faire revivre un passé troqué, un suicide à petit feu pour s’approcher d’une sérénité qui sera presque impossible à atteindre.

Le rêve américain en prend donc pour son rhume dans cet anti-Rocky plus engagé qu’il en a l’air. Ces gloires d’hier personnifiant les États-Unis ne font tout simplement plus le poids dans la dure réalité astreignante du quotidien. Pour évoluer et continuer, il faut accepter l’état des choses et ne pas faire l’autruche, une maxime que ne mettent nullement en pratique les anti-héros, rapprochant nettement ce film d’exception de Million Dollar Baby et de Raging Bull et non de The Hurricane et Cinderella Man.

De ce portrait sombre d’un pays sans repère émane Mickey Rourke dont la carrière se superpose étrangement au destin de son personnage, devenant la principale raison de payer son prix d’entrée. Il est tout simplement parfait avec ses mimiques attendrissantes et son corps parsemés de cicatrices. Sa relation avec l’aussi touchante et crédible Marisa Tomei amène une dimension tragique et humaine à l’ensemble.

Du mythe des lutteurs naît la normalité, souvent triste et amère, qui engendre une soif de reconnaissances, des efforts inestimables pour une existence meilleure. Ces sacrifices se font vers les promesses de beaux lendemains ou les rêves antérieurs, condamnant ou sauvant le présent. Une fascinante plongée dans la condition humaine d’un univers impitoyable en compagnie de deux magnifiques acteurs et d’un réalisateur chevronné qui ne craint pas de toucher à tous les genres. ****

samedi 29 mars 2014

Nouveautés au cinéma: Ariel, Tom à la ferme, The Returned, Fiston

Outre l'excellent Noah de Darren Aronofsky, il y a d'autres sorties au cinéma qui méritent le détour.

C'est le cas d'Ariel, ce joli documentaire de Laura Bari qui porte sur son frère qui rêve de remarcher un jour. La construction du récit n'est pas sans répétitions, mais la chaleur humaine qui en ressort est loin d'être négligeable. ***

Après trois histoires d'amour, Xavier Dolan plonge dans le suspense psychologique avec Tom à la ferme, où il a pris du gallon en tant que réalisateur et acteur. Cette prémisse de relations tordues entre deux êtres est peut-être parsemée d'invraisemblances et d'une trame sonore trop suggestive. Reste que le réalisateur arrive à faire pardonner son précédent et décevant Laurence Anyways. ***

Un autre essai qui met en scène des zombies? Eh oui! Sauf que The Returned de Manuel Caballo fait ressortir de ses nombreux clichés des trouvailles intéressantes, misant d'abord sur l'amour mélancolique et non pas les frissons d'usage. **1/2

Des humoristes comiques ne font pas toujours des bons films. Parlez-en à Franck Dubosc et Kev Adams qui font à peine sourire dans Fiston de Pascal Bourdiaux, où le premier apprend les rudiments de la séduction au second. Entre des séances de cabotinage et d'autres plus moralisatrices, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. **

Film du jour: Requiem for a Dream


Petite confession: Requiem for a Dream de Darren Aronofsky est un de mes films préférés à vie. Il est impossible de compter le nombre de fois où j'ai pu voir cette triste histoire du rêve américain qui implose sous le poids des rêves. De la mise en scène hallucinante à la musique inoubliable, en passant par l'interprétation parfaite et le maelstrom d'émotions qui découle du sujet, ce cauchemar cinématographique atteint continuellement le nirvana, révélant des nouvelles facettes de sa personnalité à chaque nouveau visionnement. Seulement le fait d'écrire quelques lignes sur ce chef-d'oeuvre me donne le goût de me le refaire... *****

vendredi 28 mars 2014

Critique Noah

Prenant l'affiche aujourd'hui, Noah est probablement le film le plus ambitieux de Darren Aronofsky, complétant une sorte de symbiose avec son précédent et mésestimé The Fountain.

J'ai eu la chance de voir le long métrage qui, s'il est excellent, risque grandement de diviser le cinéphile. Pour quelles raisons? Je vous invite à lire ma critique.

Film du jour: Pi

En attendant de pouvoir assister à son excellent Noah, on revoit toujours avec la même joie le premier film de Darren Aronofsky, Pi. Si cette histoire inutilement complexe sur un homme qui cherche à percer le secret du chiffre 3,14 peut paraître embryonnaire dans la filmographie du cinéaste, on y trouve tout ce qui a fait sa marque de commerce: un héros obsédé, une réalisation unique en son genre, des choix musicaux exemplaires et un scénario plus complexe qu'il ne le laisse paraître. ***1/2

jeudi 27 mars 2014

En attendant Fiston

Prenant l'affiche ce vendredi sur les écrans québécois, Fiston est une comédie sur l'art de séduire, où Franck Dubosc forme un drôle de duo avec Kev Adams.

Pour en savoir davantage sur le sujet, place à mon reportage.

Film du jour: The Fountain

Radicalement différent de ses précédents opus et nécessitant une concentration accrue du spectateur, The Fountain de Darren Aronofsky est une œuvre maîtresse et renversante, aussi universelle qu’est l’amour chez les âmes.

Les sentiments amoureux et la mort sont les sources rédemptrices de trois histoires se déroulant dans des lieux et des temps différents. Au 16e siècle, Tomas (Hugh Jackman) cherche à trouver la fontaine de jouvence pour acquérir l’immortalité. Dans le monde présent, un jeune scientifique délaisse son épouse malade (Rachel Weisz) au profit de son métier. Quelque part en 2600, un astronaute traverse l’espace pour trouver un sens à l’existence. Ensemble, ces trois figures forment l’évolution des humains : individualistes dans les époques sombres, remplis de remords lorsque les situations ne tournent pas bien et spirituels devant la dévotion.

Attendu depuis des lustres par une horde de cinéphiles, tourné à Montréal il y a quelques années avant de disparaître de la surface de la planète, longtemps reporté après le désistement de Brad Pitt et de Cate Blanchett qui sont allés tourner l’inférieur et suffisant Babel, amputé de la moitié de son budget : c’est un miracle si The Fountain est arrivé à se pointer le nez sur les écrans. Si la pression après les immensément cultes Pi et, surtout, Requiem for a Dream se fait ressentir, il faut avouer que cette troisième réalisation de Darren Aronofsky (qui s’occupe également du scénario et qui agit en tant que producteur) déboussole complètement les sens tant elle est différente des précédentes. Le climat est toujours aussi noir, quelques scènes sont des hommages directs et il y a toujours une troublante Ellen Burstyn, mais le reste est une rupture presque complète et uniforme.

Ce nouveau sommet est un poème lent et contemplatif, à mi-chemin entre le 2001 de Kubrick et le Solaris de Tarkovsky. Les prémisses se réunissent au centre d’un trou noir qui s’accapare des émotions et des desseins des personnages. Les répétitions, aussi nombreuses que nécessaires, montrent comment la vie se répète et que l’évolution ne peut s’effectuer que par l’entremise de sacrifices. Grâce à un montage expert, des séquences deviennent légèrement moins floues, quoique le film mérite d’être visionné à différents moments de l’existence, une façon de toujours saisir des éléments nouveaux et significatifs.

Le rythme vaporeux et le manque total d’action physique risquent de poser plusieurs problèmes à un public non averti qui ne veut pas trop s’activer les neurones et à ceux qui ont des attentes proéminentes. The Fountain est une nouvelle forme de religion, aussi riche qu’inaccessible. Les magnifiques décors font titiller la rétine, béate devant des visons hallucinantes de l’au-delà. La trame sonore du fidèle complice Clint Mansell est teintée d’atmosphères lugubres et mélancoliques, triomphantes aux endroits les plus insoupçonnés. Matières volatiles aux motivations troubles, Hugh Jackman et Rachel Weisz forment un couple à la limite de la perfection. Le premier est taillé dans un roc qui se désagrège au contact de la pression et des réminiscences. La seconde n’aura jamais paru aussi belle, aussi majestueuse en tant que céleste créature, source d’existence et d’éternelles soumissions.

Rigoureux sans être trop verbeux, magnifiquement évasif devant cette raison qui se dérobe, le récit regorge de métaphores puissantes. L’amour est au centre de tout et s’en libérer s’avère pratiquement impensable. Ce sujet, maintes fois traité, s’avère ici incroyablement juste, jamais trop mièvre. Devant tant de beauté, impossible de rester insensible. Des gens pourront en rire, d’autres ne rien comprendre. La plupart seront émus devant cette expérience inoubliable, jamais trop précieuse ou présomptueuse. ****1/2

mercredi 26 mars 2014

Entrevue avec Xavier Dolan pour Tom à la ferme

Après avoir fait la tournée des festivals, Tom à la ferme de Xavier Dolan prend finalement l'affiche ce vendredi au Québec.

J'ai pu m'entretenir avec le cinéaste québécois afin de lui parler de ce film qui est inspiré d'une pièce de Michel Marc Bouchard.

Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Salò ou les 120 journées de Sodome

Possiblement le film le plus controversé du septième art, Salo ou les 120 journée de Sodome de Pier Paolo Pasolini prend le risque de transférer une histoire de marquis de Sade pour la situer pendant le régime nazisme italien de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si le récit fondé sur des humiliations sexuelles et physiques est toujours aussi difficile à voir (malgré ses touches d'humour noir), sa thèse demeure brillante. En fin de compte, c'est l'image du capitalisme sauvage qui défait tout sur son passage, ayant le dessus sur Dieu et les valeurs «normales», transformant l'être humain en simple bête sauvage. ****

mardi 25 mars 2014

Nouveautés en DVD: The Wolf of Wall Street, Le passé, Delivery Man

Bien que les nouveautés DVD et Blu-ray soient peu nombreuses cette semaine, il y a deux films à voir (louer ou acheter) absolument.

Il y a tout d'abord The Wolf of Wall Street, cette hilarante satire du rêve américain où Leonardo DiCaprio trouve son meilleur rôle en carrière. C'est drôle et brillant tout à la fois et s'il y avait eu plus de temps pour peaufiner le montage (qui a été fait en quelques semaines seulement), il s'agit certainement du meilleur long métrage de Martin Scorsese depuis Casino. ****

Il y a ensuite Le passé d'Asghar Farhadi qui, à l'instar de son précédent Une séparation, explore à nouveau les secrets et mensonges qui unissent une famille. Derrière un traitement un peu trop explicatif émerge un scénario puissant et de fabuleux interprètes, dont Bérénice Bejo qui n'a pas volé son prix d'interprétation à Cannes. ****

Remake très fidèle de Starbuck sur les déboires d'un homme qui est père de plus de 500 enfants, Delivery Man qui est toujours signé Ken Scott n'a pas vraiment amélioré les fautes de son prédécesseur (la mie en scène manque de tonus, il y a peu de profondeur) et on sent que le goût de la guimauve est encore plus prononcé. Au moins, il y a Vince Vaughn qui n'a rien à envier à Patrick Huard. **1/2

Film du jour: Gonzo : The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson

Hunter S. Thompson a été un des plus grands écrivains et journalistes du 20e siècle. Le film Gonzo: The Life and Work of Dr. Hunter S. Thompson que lui consacre le réputé documentariste Alex Gibney retrace ses exploits les plus marquants. Si on regrette parfois le ton trop sage utilisé pour traiter un sujet aussi coloré, l'ensemble ne manque pas d'intérêt et même ses fans les plus invétérés risquent de découvrir quelque chose. ***1/2

lundi 24 mars 2014

Film du jour: The Boss of It All

Besoin de s'aérer l'esprit après le diptyque Nymphomaniac qui est loin d'être les meilleurs films de Lars von Trier? Le meilleur moyen d'y parvenir est de se replonger dans son oubliable mais cocasse The Boss of It All, cette comédie noire sur le monde du travail. Si son habituelle verve féroce est ici limitée à sa plus simple expression, on s'amuse à voir des gens se faire manipuler et humilier. Et on peut passer le temps à déceler tous ces problèmes de raccord intentionnels. ***
Critique

dimanche 23 mars 2014

Film du jour: Continental, un film sans fusil

En attendant le gala des Jutra qui se déroule ce soir, pourquoi ne pas regarder un film québécois qui a récolté les honneurs suprêmes il y a quelques années? C'est le cas du toujours désopilant Continental, un film sans fusil, cet excellent premier long métrage de Stéphane Lafleur sur la déroute de quatre âmes. Avec ses comédiens en or et ses dialogues souvent cultes, il y a de quoi passer un très bon moment de cinéma. ****

samedi 22 mars 2014

Film du jour: Fantastic Mr. Fox

Wes Anderson a retrouvé la fougue de ses premiers films avec Fantastic Mr. Fox, une animation irrésistible et charmante peuplée de personnages uniques aux destins plus comiques que tragiques.

Depuis 2001 et son exquis The Royal Tenenbaums, il était normal de douter de Wes Anderson. Sans être inintéressants, ses The Life Aquatic With Steve Zissou et The Darjeeling Limited tournaient rapidement à vide, ne sachant jamais où aller avec leurs histoires plutôt limitées. Le voilà reprendre du poil de la bête avec un de ses projets les plus ambitieux.

Monsieur (voix de George Clooney) et madame renard (Meryl Streep) aimeraient bien vivre tranquillement avec leurs fils Ash (Jason Schwartzman). Quelques temps après la visite du neveu trop parfait Kristofferson (Eric Anderson), le père de famille décide de laisser libre cours à son animalité. Avec un complice, il part piller trois fermiers qui décident de s’unir pour lui rendre la monnaie de sa pièce.

2009 était reconnu comme l’année des animations. Après les fantastiques Coraline, Ponyo et Mary & Max, c'était au tour du roman pour enfants de Roald Dahl d’être transposé à l’écran. En retenant l’animation image par image, le réalisateur n’a pas eu peur d’offrir un univers kitsch mais extrêmement coloré et détaillé, dont les trouvailles techniques sont combinées à une jolie partition musicale d’Alexandre Desplat qui est parsemée de tubes des Beach Boys et d’une chanson expressément écrite par Jarvis Cocker de feu Pulp.

C’est toutefois la vision si particulière d’Anderson qui attire principalement l’attention. Les dialogues y sont constamment décalés, ironiques, peuplés de doubles sens et d’allusions savoureuses à la société de consommation. Son trait vif et unique se décèle aisément chez les personnages, dont sa famille de cinéma (Jason Schwartzman, Owen Wilson, Bill Murray) ouvre la porte à plusieurs nouveaux. Dans le lot, Michael Gambon soutire de nombreux sourires, le rat psychopathe de Willem Dafoe vole rapidement la vedette et George Clooney campe un mémorable héros poilu.

Obsessif du moindre détail, obligeant ses techniciens à se baser sur les textes narrés par les comédiens pour fabriquer les animations (alors que c’est généralement le contraire), le créateur du culte Rushmore continue toutefois à avoir de la difficulté à trouver son rythme de croisière. Comme c’est trop souvent le cas, son histoire fait du surplace après une heure, et au lieu d’innover et de surprendre constamment, elle se rabat sur des clins d’oeils plus évidents, notamment aux westerns et à Quentin Tarantino, reprenant parfois un peu trop la trame narrative de l’excellent Chicken Run.

Ces quelques faiblesses ne sont pas suffisantes pour se priver du plaisir délectable et libérateur émanant de Fantastic Mr. Fox, un récit intelligent et riche qui procure beaucoup plus de plaisir – et de profondeur - que plusieurs comédies ou animations qui prennent régulièrement l’affiche. Bien que les attentes soient élevées et que le résultat aurait pu être encore plus merveilleux, ces animaux si intrigants ont tout pour faire sensation auprès des petits et, surtout, de leurs parents. ***1/2

vendredi 21 mars 2014

Nouveautés au cinéma : The Grand Budapest Hotel, The Muppets Most Wanted, Divergent, Nymphomaniac Volume 1-2, Maïna

Quatre films très attendus de genre complètement différents prennent l'affiche cette semaine dans un cinéma près de chez vous.

Le plus réussi est certainement The Grand Budapest Hotel, un autre délire hallucinant de Wes Anderson qui plonge sa grande famille de cinéma dans l'Europe de l'entre deux guerres. La mise en scène d'une précision chirurgicale s'accorde parfaitement au rythme enlevé et à cet humour fécond qui rend le coeur plus léger et ce, même s'il aurait pu y avoir plus de profondeur. ****

Beaucoup moins frais et mémorable que son prédécesseur, The Muppets Most Wanted de James Bobin qui se déroule également en Europe et souvent dans un train (comme le Wes Anderson!) comporte suffisamment de situations cocasses, de chansons enlevées et de caméos pour vouloir qu'on s'y attarde. En espérant toutefois que la sauce ne s'étire pas davantage. ***

Aussi satisfaisant qu'un épisode de Hunger Games malgré un scénario qui sent le réchauffé (les héroïnes déterminées du futur sont nombreuses), Divergent de Neil Burger met assez bien la table à une future série conçue pour un public adolescent. On ne s'attend à rien de mémorable, sauf que confier le rôle principal à la toujours excellente Shailene Woodley est une idée du génie. **1/2

Mais que se passe-t-il avec Lars von Trier? Après avoir offert son brillant Melancholia, le voici de retour avec Nymphomaniac, un diptyque prétentieux et barbant sur l'émancipation sexuelle d'une femme. S'il y a un ton intriguant et de bons interprètes, le résultat demeure lourd et verbeux, alors que l'humour noir et le désir de provocation sont inopérants. Serait-ce la faute du montage qui est celui des producteurs? **1/2 

Adapté d'un roman à succès, Maïna de Michel Poulette est une épopée visuellement et sonorement splendide sur la rencontre entre deux peuples amérindiens. Si le récit ponctué d'action, d'aventure et de romance finit par lasser par ses répétitions, ce n'est pas la faute des comédiens, généralement convaincus. **1/2

Film du jour: Antichrist

Pour bien se préparer aux deux volets de Nymphomaniac qui prennent l'affiche aujourd'hui, il est bon de revoir Antichrist qui s'y rapproche fortement. Plus stylisé, terrifiant et au final satisfaisant, ce cauchemar signé Lars von Trier n'évite pas certains tics propre à son auteur (le symbolisme lourdaud, par exemple). Le cinéaste se rachète pourtant en signant une oeuvre brillante et hallucinante, campée par deux comédiens exceptionnels et mis en scène avec un rare talent pour l'atmosphère angoissante. C'est parfois trop violent, mais le voir plus d'une fois a ses vertus afin de découvrir de nombreux éléments insoupçonnés. ****

jeudi 20 mars 2014

Entrevue avec le réalisateur de Maïna

À l'affiche à partir de demain, Maïna de Michel Poulette est l'adaptation cinématographique du roman à succès de Dominique Demers, qui porte sur la rencontre entre deux peuples avant l'arrivée des Blancs en Amérique du Nord.

J'ai pu m'entretenir avec le cinéaste hier soir lors de la première du long métrage. Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: En chair et en os

Film de transition dans la carrière de Pedro Almodovar, En chair et en os (1997) allie son côté kitsch et absurde avec des préoccupations plus dramatiques, où la romance se mêle à la tragédie grecque et le sexe au mélo... mortel. Tout cela est possible à travers un triangle amoureux assez classique entre une femme et deux hommes où les morales, douteuses, sont emportées par une mise en scène sans temps mort et une interprétation assez intense. ***1/2

mercredi 19 mars 2014

Entrevue avec Guillaume Gallienne

Présentement à l'affiche au cinéma, Les garçons et Guillaume, à table! est cette douce comédie qui a coiffé La vie d'Adèle à la dernière cérémonie des César, remportant cinq prix dont celui du meilleur film.

J'ai pu m'entretenir avec son réalisateur (scénariste, acteur...) Guillaume Gallienne lors de son passage à Montréal. Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Los Olvidados

Los Olviados est un des films les plus durs de Luis Bunuel. Dans un bidonville près de Mexico, des enfants se battent pour survivre en faisant des mauvais coups. Ce qui n'aurait pu être qu'un banal mélo teinté de néoréalisme est amplifié par une charge poétique et surréaliste propre à son auteur, qui apporte au récit une certaine tendresse qui aide à mieux accepter la noirceur ambiante. Les magnifiques images en noir et blanc sont accompagnés de cauchemars hallucinants et de prestations exceptionnelles de tous les interprètes. Vraiment un grand crû de la part du cinéaste qui en a beaucoup à son actif. ****1/2

mardi 18 mars 2014

Nouveautés en DVD: Frozen, American Hustle, Vic+Flo ont vu un ours,Elle s’en va, Saving Mr. Banks, Il était une fois les Boys

L'hiver semble sans fin cette année et pour mieux accepter notre sort, il y aura toujours quelques nouveautés en Blu-ray et en DVD.

Petits et grands passeront un très bon moment devant Frozen de Chris Buck et Jennifer Lee, la meilleure animation à provenir des studios de Disney depuis The Lion King. Les chansons peuvent saouler, mais cette histoire de soeurs rivales demeure très intéressante et la beauté des dessins est incroyable. En plus, il y a plein de suppléments qui méritent le détour. ***1/2

Divertissement haut de la gamme doublé d'une fascinante étude de personnages, American Hustle de David O. Russell séduit amplement dans sa façon de décrire le quotidien mélancolique de quelques individus qui tentent de s'élever socialement. La reconstitution d'époque (les années 70) est parfaite et la distribution s'avère irréprochable, excusant ces quelques faiblesses au niveau du rythme. ***1/2

Nouveau conte maculé d'humour noir signé Denis Côté, Vic+Flo ont vu un ours suit la difficile remise en liberté d'une ancienne détenue et sa peur de voir son destin la rattraper à chaque moment. Pierrette Robitaille est saisissante dans cette oeuvre un brin trop écrite qui réserve son lot de surprises... dont un des plus grands méchants du cinéma québécois. ***1/2

Catherine Deneuve crève l'écran dans Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, un long métrage frais et vivant sur les remises en question d'une femme qui passe son temps à fumer. Un sentiment de liberté plane sur ce projet inspiré de la Nouvelle Vague, dont la conclusion semble cependant arrangé avec le gars des vus... ***1/2

L'histoire derrière la création de Marry Poppins est le sujet de Saving Mr. Banks de John Lee Hancock, un mélodrame appuyé et moralisateur qui comporte quelques moments touchants. Emma Thompson exaspère dans son cabotinage, mais Tom Hanks est toujours aussi juste. **1/2

Plus dramatique que les épisodes précédents, Il était une fois les Boys de Richard Goudreau revient sur la genèse de cette amitié masculine. Ce n'est pas toujours bien joué et filmé, mais un certain charme se dégage des situations. **1/2

Film du jour: La forteresse cachée

Disponible à partir d'aujourd'hui en format Blu-ray chez Criterion, La forteresse caché est un des films les plus divertissants d'Akira Kurosawa. Avec ses séquences d'action spectaculaires, son humour bon enfant, son utilisation impressionnante des images, ses excellents interprètes physiquement impliqués et ses riches thèmes humanistes, cette histoire un brin trop longue mais toujours formidable sur deux mercenaires qui finissent par protéger une princesse est à l'origine de Star Wars tout en créant sa propre mythologie. Comme initiation à cet important cinéaste, il n'y a rien de mieux. ****

lundi 17 mars 2014

Film du jour: Epidemic

Le diptyque Nymphomaniac ne sortant pas avant quelques jours au Québec, il est encore temps de faire une razzia des films de Lars von Trier. Un de ses longs métrages les moins connus est Epidemic qui ressasse une épidémie en Europe... qui pourrait très bien venir de l'imagination d'un scénariste. À la fois une oeuvre sur la peur des pandémies, sur les affres de la création et sur le capitalisme qui détruit tout, l'essai regorge de thèmes fascinants, de flashs ingénieux (la fin, par exemple) et d'une atmosphère angoissante (le jeu sur l'image et le son est réellement intéressant). Pourtant, on sent que le cinéaste ne sait pas trop quoi faire de sa belle matière première, racolant son intrigue de peine et de misère. Entre prétention et l'humour noir, il est facile de passer continuellement de l'un à l'autre. ***

dimanche 16 mars 2014

Entrevue avec Bertrand Tavernier pour Quai d'Orsay

Monument du cinéma français, le cinéaste Bertrand Tavernier était à Montréal pour parler de son nouveau film Quai d'Orsay, cette jouissive comédie politique sur un homme qui est embauché pour écrire le «langage» d'un ministre.

Je me suis entretenu avec le volubile réalisateur à qui l'on doit des longs métrages importants comme Que la fête commence, Coup de torchon et Capitaine Conan. Mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Bottle Rocket

Le nouveau film de Wes Anderson prend l'affiche dans moins d'une semaine. L'occasion est idéale de faire une rétrospective de son oeuvre en revenant à la source avec son premier long métrage, Bottle Rocket, qui raconte l'histoire incroyable d'amis qui tentent de faire des vols qui ne fonctionnent jamais. Très original malgré une histoire très mince qui s'étire à mi-chemin, l'essai est ponctué de personnages savoureux et de situations décalées. Oui, le meilleur restait à venir dans le cas du cinéaste, mais cette introduction demeure extrêmement sympathique et recommandable. ***

samedi 15 mars 2014

Nouveautés au cinéma: Miron – Un homme venu d’en dehors du monde, Quai d’Orsay, Les garçons et Guillaume à table!, Enemy, Autoportrait sans moi, Stay, Need for Speed, Veronica Mars, The Single Moms Club

Deux excellents films, un intéressant exercice de style, une fantaisie sucrée et plusieurs longs métrages décevants: voilà ce qui compose la semaine au niveau des nouveautés au cinéma.

Se situant aux antipodes de son précédent et très bon documentaire Godin, Simon Beaulieu propose avec Miron-Un homme venu d'en dehors du monde un essai fascinant, où les mots du célèbre poète sont accompagnés d'un jeu constant sur la forme (autant visuelle que sonore) à l'aide d'archives probantes, alors que la temporalité est joyeusement bousculée. Cela donne un opus brillant, déstabilisant et hypnotisant, où la mémoire d'un homme et d'un pays en devenir ne forme qu'un. À voir absolument avant les prochaines élections. ****

Meilleur film de Bertrand Tavernier depuis des lunes, Quai d'Orsay est une satire politique assez jouissive sur un novice qui est embauché pour écrire les discours d'un ministre. La mise en scène dynamique, le scénario intelligent, quelques dialogues cultes et l'interprétation hallucinante de Thierry Lhermitte font de ce projet la meilleure comédie des dernières années. ***1/2

Adapté de son one-man showLes garçons et Guillaume, à table! est une sorte d'autobiographie à saveur théâtrale, où Guillaume Gallienne parle de son alter-ego, un jeune homme que tout le monde soupçonne d'être gai. Les belles trouvailles y côtoient les clichés éculés, l'interprétation dans le tapis permet de mieux accepter certaines facilités scénaristiques et si l'humour ne touche pas toujours la cible, on en ressort le coeur plus léger. Cependant, il n'y avait aucune matière à remporter autant de prix (dont le César du meilleur film, devant le chef-d'oeuvre La vie d'Adèle). ***

Tourné avant Prisoners et adapté d'un livre de José Saramago, Enemy de Denis Villeneuve est un petit film sur un homme qui rencontre sans double. Malgré un excès de symbolisme (l'araignée) et un scénario qui refuse d'explorer la valeur psychologique de son sujet, on s'amuse généralement beaucoup devant ce bel exercice de style, brillamment réalisé, interprété avec conviction par Jake Gyllenhaal et où l'atmosphère rappelle Lost Highway et La moustache. ***

Différentes personnes parlent à la caméra de tout et de rien, d'amour et d'animaux, mais également d'enfances difficiles de mort. L'idée est prometteur. Sauf que le documentaire Autoportrait sans moi de Danic Champoux se veut rapidement répétitif. Surtout que l'ensemble est beaucoup trop long et que le traitement est terriblement statique. **1/2

Stay de Wiebke von Carolsfeld est l'exemple parfait de l'effort où la valeur de ses parts n'arrivent pas à créer un fond uniforme. Car s'il y a une intrigue potable (des gens à la croisée de leur vie qui cherchent à mieux repartir), des beaux paysages et des acteurs compétents, le traitement conventionnel finit par ennuyer. Tout comme ce sentiment de se retrouver devant une propagande pro-vie. **1/2

Les amateurs de Fast and Furious risquent d'aimer Need for Speed, l'adaptation d'un jeu vidéo à succès où l'intrigue sans queue ni tête n'est qu'un prétexte à une avalanche de poursuites. Si les cascades sont tournées à l'ancienne sans trop d'effets spéciaux, le tout manque cruellement d'originalité et il n'y a aucun réel attachement qui se fait envers les personnages. **

La transposition au cinéma de la populaire émission de télévision Veronica Mars de Rob Thomas n'est pas du cinéma, mais seulement un long épisode qui s'adresse uniquement aux fans. Les autres seront un peu perdus devant cet univers décalé et préfabriqué, peuplé d'insides jokes et de situations cousues de fils blancs, où la réalisation et le jeu des comédiens laissent grandement à désirer. **

Nouveau mélo collant de Tyler Perry tourné à la manière d'un banal téléfilm, The Single Moms Club s'intéresse au sort de cinq femmes monoparentales qui, ensemble, arrivent à devenir de meilleures mères et à trouver l'homme idéal. Un autre tas de niaiseries qui insultent l'intelligence du spectateur. *1/2

Film du jour: Le diable probablement

Tant décrié à l'époque pour avoir montré une jeunesse perdue qui n'hésite pas à prendre les armes pour enfin ressentir quelque chose devant tant de désastres environnementaux et amoureux, Le diable probablement se trouve dans une classe à part dans la riche filmographie de Robert Bresson. S'il questionne toujours l'apport du sacré dans la vie de tous les jours, l'effort politiquement et socialement engagé ressemble plutôt à un essai de Godard, avec ces personnages qui semblent errer et réciter leurs textes comme des zombies. Cela donne un long métrage troublant, un brin irritant mais toujours fascinant. ***1/2

vendredi 14 mars 2014

Entrevue Miron – Un homme venu d’en dehors du monde

Fascinant documentaire sur un des poètes les plus importants du Québec, Miron - Un homme venu d'en dehors du monde est un essai hors norme, qui bouscule les idées préconçues.

J'ai pu m’asseoir avec son réalisateur Simon Beaulieu pour parler de cet effort singulier et de l'importance du message de l'artiste dans notre société.

Mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Nightfall

Oeuvre trop peu connue de Jacques Tourneur, Nighfall est un film noir de classe, dont le manque de complexité et de profondeur de l'intrigue (un homme en fuite est récupéré par ses poursuivants qui cherchent une large somme d'argent) est constamment relevée par une mise en scène éloquente, une interprétation suave, beaucoup d'humour et une touche insoupçonnée de violence. S'il n'y a rien pour inscrire le long métrage parmi les classiques du genre, il est impossible de s'y ennuyer. ***1/2

jeudi 13 mars 2014

Entrevues avec le héros et le réalisateur de Need for Speed

Très attendue adaptation cinématographique du jeu vidéo à succès, Need for Speed débarque sur les écrans pour combler les amateurs d'adrénaline et de sensations fortes.

Pour l'occasion, j'ai pu me rentre à Toronto pour m'entretenir avec l'acteur Aaron Paul (Breaking Bad) et le cinéaste Scott Waugh (Act of Valor).

Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Daddy Nostalgie

Dernier film du grand acteur Dick Bogarde, Daddy nostalgie est le récit doux-amer d'un homme qui se sait condamné et de sa fille (Jane Birkin) qui l'accompagnera au crépuscule de sa vie. Touchant sans être mélodramatique, joué avec retenu et réalisé avec sobriété par Bertrand Tavernier, cette oeuvre très personnelle va droit au coeur. À regarder en famille et une boîte de kleenex. ***1/2

mercredi 12 mars 2014

Film du jour: Touch of Evil

Toujours dans la superbe rétrospective accordée aux oeuvres d'Orson Welles par la Cinémathèque québécoise, Touch of Evil fait office d'ultime film noir, où le pastiche n'est jamais très loin. Après une introduction mémorable (un des plus beaux plans séquences du septième art), l'histoire joyeusement alambiquée se dresse à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, au sein d'hommes de loi qui n'ont pas du tout la même façon de travailler. Autant la réalisation que l'interprétation sont géniales et on s'amuse follement à recoller toutes les pièces du casse-tête. *****

mardi 11 mars 2014

Nouveautés en DVD: Inside Llewyn Davis, Le météore, Out of the Furnace, Gabrielle, Le Nord au cœur, The Book Thief, La cicatrice, The Hunger Games – Catching Fire, The Last Days on Mars, Moroccan Gigolos, Barbie – The Pearl Princess

Les nouveautés en DVD et en Blu-ray se succèdent cette semaine. Quatre titres se démarquent particulièrement du lot...


Grand oublié des Oscars, Inside Llewyn Davis est un des meilleurs films des frères Coen. Un portrait fascinant et euphorisant de la musique folk avant Bob Dylan. ****

Véritable ovni cinématographique, Le météore de François Delisle émeut aux larmes dans sa façon de parler d'êtres qui souffrent. Et dire qu'il n'a aucune nomination lors des prochains Jutra... ****

Christian Bale brûle l'écran dans Out of the Furnace de Scott Cooper, une métaphore puissante et violente du rêve américain après la dernière crise économique. ***1/2
Critique

Hymne à la vie, au bonheur et à la musique, Gabrielle de Louise Archambault est un feel-good movie léger et très sympathique. ***1/2
Critique

Documentaire plutôt intéressant sur la nordicité, Le Nord au coeur de Serge Giguère captive sans toutefois laisser de souvenirs impérissables. ***

Conventionnel et larmoyant, The Book Thief de Brian Perceval qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale se laisse regarder pour sa musique et la performance de Sophie Nélisse. ***

Premier long métrage solidement défendu par de bons comédiens, La cicatrice de Jimmy Larouche qui traite de vengeance et d'intimidation s'éparpille rapidement et les dialogues manquent de conviction. **1/2

Reprenant sensiblement la même recette divertissante tout en appuyant ses éléments romantiques, The Hunger Games - Catching Fire de Francis Lawrence ne surprend guère. **1/2
Critique

Après une solide première demi-heure, The Last Days on Mars de Ruairi Robinson cumule les clichés et les scènes attendues, lorgnant vers ce que Alien et The Thing ont fait de mieux. **
Critique

Farce ratée qui est une insulte à ses créateurs, Moroccan Gigolos d'Ismaël Saidi est une comédie indigeste sur fond de prostitution masculine. On ne rit jamais. *1/2

Les très, très petites filles ne voudront pas manquer la sortie de Barbie - The Pearl Princess, autre produit dérivé d'une licence à succès. Les autres pourront revoir Le météore et Inside Llewyn Davis.

Film du jour: Après mai

Inédit au Québec (il a tout de même été présenté à deux reprises dans le cadre du Festival du nouveau cinéma... vive dans ce cas-ci les éditions américaines), Après mai d'Olivier Assayas est une oeuvre sur la jeunesse: celle qui décide de prendre les armes et de contester ou de rejoindre le modèle de la société établie. Faisant tout pour recréer à la perfection l'état d'esprit de la France en 1971, le long métrage en oublie parfois son récit, qui aurait gagné à être encore plus profond et complexe et moins éparpillé. Reste un beau portrait d'une époque, mis en scène et interprété avec conviction. ***

lundi 10 mars 2014

Film du jour: Prince Avalanche

Après une série de comédies douteuses, le cinéaste David Gordon Green revient aux films plus sérieux et dramatiques qui ont fait sa renommée. Bien que Prince Avalanche demeure une oeuvre légère, cocasse et assez superficielle, cette histoire de deux hommes qui vont repeindre les lignes d'une route abandonnée ne manque pas de flashs intéressants. Il est question de fantômes qui rôdent, d'un lieu détruit par le feu et d'histoires d'amour qui tournent mal. Il y a encore quelques facilités scénaristiques (ah, cette scène sous l'influence de l'alcool), mais également une réalisation maîtrisée, de jolis paysages, une trame sonore appropriée d'Explosion in the Sky et des compositions suaves de Paul Rudd et d'Emile Hirsch. *** 

dimanche 9 mars 2014

Film du jour: The Stranger

Présenté aujourd'hui à la Cinémathèque québécoise dans le cadre d'une rétrospective consacrée au grand Orson Welles, The Stranger est un suspense sur un criminel de guerre caché dans une petite ville américaine qui tente d'effacer ses traces et son passé. Bien que conventionnel, le récit peut compter sur une mise en scène maîtrisée et une performance terrifiante de Welles pour s'élever du lot. C'est déjà ça de pris. ***1/2

samedi 8 mars 2014

Entrevue avec Daniel Auteuil pour Avant l'hiver

Dernier film du romancier Philippe Claudel (Il y a longtemps que je t'aime), Avant l'hiver est un suspense psychologique sur un homme en pleine crise existentielle qui reçoit des fleurs d'une inconnue.

J'ai pu m'entretenir avec son héros Daniel Auteuil afin de parler de ce récit, de ses choix de carrière et d'un thème qui préoccupe à la fois le personnage principal et l'acteur: l'âge.

Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: The Trial

Meilleure adaptation du classique de Kakfa, The Trial est un très grand film d'Orson Welles. En plus de perdre le spectateur au sein d'une intrigue complexe et royalement absurde, le maître du septième art propose une mise en scène à couper le souffle, ponctuée de décors hallucinants et d'une atmosphère oppressante. Dans le rôle principal, Anthony Perkins livre une performance forte, étant bien entouré par Jeanne Moreau, Romy Schneider et Welles lui-même. À voir ce soir à la Cinémathèque québécoise, en 35 mm sur un écran géant. ****1/2

vendredi 7 mars 2014

Nouveautés au cinéma : Mr. Peabody & Sherman, Bunker, L’ange gardien, Marina, Alan Patridge, Avant l’hiver

Les petits films généralement intéressants se succèdent cette semaine dans une salle de cinéma près de chez vous.

Divertissement exemplaire pour les enfants et leurs parents, Mr. Peabody & Sherman de Rob Minkoff est une animation intelligente et parfois très drôle sur un chien et son fils adoptif qui font des voyages dans le temps. Le concept manque peut-être de munition, mais la démonstration est éloquente. ***

Huis clos sur deux hommes qui travaillent dans un Bunker, ce long métrage réalisé sobrement par Patrick Boivin et Olivier Roberge offre de beaux rôles à Martin Dubreuil et à Patrice Robitaille. Malgré une prémisse mince, les thèmes demeurent complexes, donnant ultimement des frissons dans le dos. ***

Suspense existentiel porté par le jeu incendiaire de Guy Nadon et de Marilyn Castonguay, L'ange gardien de Jean-Sébastien Lord s'améliore grandement après une entrée en matière assez inégale. La jolie trame sonore apporte beaux à l'atmosphère en place. ***

Biopic classique mais bien fait qui s'intéresse à l'enfance d'un populaire chanteur italien immigré en Belgique, Marina de Stijn Coninx traite du sort des sans-papier sans trop faire la morale. On se laisse sans trop de mal bercé par le climat des années 50. ***

Steve Coogan est disjoncté et hilarant dans Alan Patridge de Declan Lowney, une comédie satirique sur un animateur de radio qui est mêlé à une prise d'otages. Dommage que l'ensemble s'apparente à un épisode de sitcom et que les situations sentent le préfabriqués. **1/2

En cherchant constamment à détourner les codes du thriller, Philippe Claudel accouche avec Avant l'hiver d'un essai plat, pas inintéressant (cette remise en question du personnage incarné solidement par Daniel Auteuil offre quelques scènes convaincantes) mais trop lisse et superficiel. **1/2

Film du jour: No Blood Relation

Oeuvrant dans l'ombre d'Ozu, Mikio Naruse a offert au début de sa carrière de très beaux films muets, dont No Blood Relation en 1932. Ce mélo de grande classe sur une actrice qui décide de récupérer par la force la fille qu'elle a abandonnée en bas âge va droit au coeur, chamboulant les convictions. Un humour noir parfois absurde apporte une résonance particulière au récit qui peut s'essouffler avant la fin, mais que parviennent à élever ses interprètes convaincus et sa mise en scène soignée et mouvementée de son auteur. ***1/2

jeudi 6 mars 2014

Film du jour: St. Nick

Premier long métrage de David Lowery (Ain't Them Bodies Saint), St. Nick est la croisade de deux enfants qui errent dans le bois et dans des lieux abandonnés. À partir d'une prémisse extrêmement mince, le cinéaste offre une oeuvre visuellement et musicalement impressionnante, où les magnifiques paysages ne font qu'un avec le silence ambiant. L'exercice atteint rapidement ses limites, mais il s'agit tout de même une belle carte de visite où l'on sent déjà un véritable style. ***

mercredi 5 mars 2014

Entrevues Rhymes for Young Ghouls

Intéressant premier long métrage qui mélange douloureux réalisme social et fantaisie propre aux films de genre, Rhymes for Young Ghouls de Jeff Barnaby parle de la vie dans les réserves indiennes et du désir d'émancipation d'une jeune adolescente (incarnée par la magnifique Devery Jacobs).

J'ai pu rencontre le metteur en scène et l'actrice il y a quelques semaines. Mes entrevues se trouvent dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: The Long Day Closes

Un peu de la même façon qu'Alain Resnais, le cinéaste britannique Terence Davies propose avec The Long Day Closes (et pas mal tous ses films) une déconstruction de ses souvenirs d'enfance (le Liverpool des années 50). Cela donne un long métrage fascinant et déroutant, extrêmement soigné dans ses images et dans sa trame sonore, dont la mélancolie heurte et séduit tout à la fois. Un projet courageux et personnel, qui se bonifie encore et encore à chaque fois qu'on le regarde. ****

mardi 4 mars 2014

Retour sur les Rendez-vous du cinéma québécois

La dernière édition des Rendez-vous du cinéma québécois s'est terminée en beauté samedi soir avec la présentation de l'excellent documentaire Miron: Un homme revenu d'en dehors du monde de Simon Beaulieu.

Nouveautés DVD : 12 Years a Slave, Le démantèlement, Ender's Game, The Grandmaster, Oldboy

Quelques cinéastes importants livrent leur dernier film cette semaine... du moins en format DVD et Blu-ray.

Oeuvre nécessaire s'il en est une, 12 Years a Slave est le bouleversant portrait d'un esclave. Tout de la mise en scène à l'interprétation, en passant par la musique et l'émotion véhiculé mérite l'attention. L'intensité dramatique est telle que le cinéphile doit parfois détourner la tête devant tant de violence. Un très grand film, tout simplement. ****

Tout aussi fort et convaincant que son précédent Le vendeur, Le démantèlement de Sébastien Pilote suit un homme qui décide de démanteler sa ferme pour aider financièrement sa fille aînée. Porté par la composition magistrale de Gabriel Arcand, cet essai lent et sensible doté d'une photographie à couper le souffle touche amplement malgré quelques pointes plus moralisatrices. ***1/2

À la fois divertissement spectaculaire parsemé d'effets spéciaux et réflexion sur l'éducation et le militantisme, Ender's Game de Gavin Hood qui suit l'entraînement d'un jeune adolescent qui a le potentiel pour sauver l'univers est un effort plus que potable malgré ses conventions, où les sens sont constamment sollicités. ***
Critique

Cela fait des années qu'on n'a pas eu de nouvelles de Wong Kar-wai. Pourtant, ce n'est pas avec The Grandmaster qu'il reviendra dans nos grâce. Si ce récit qui raconte la vie de l'entraîneur de Bruce Lee est esthétiquement parfait, son scénario laisse grandement à désirer. Le montage est brouillon, la musique est loin d'être mémorable et on sent que le metteur en scène se parodie et se plagie allègrement. **1/2

Faire un remake de Old Boy est une très mauvaise idée. Même si on s'appelle Spike Lee et qu'on offre quelques variations intéressantes à l'histoire (celle d'un gars emprisonné pendant 20 ans qui est libéré pour retrouver ses kidnappeurs). Car on aura jamais le même souffle épique, le même soin apporté aux images et aux mélodies, la prestation formidable de ses acteurs et la richesse de son matériel dramaturgique. Au contraire, tout y est simplifié et sur-expliqué. **

Film du jour: La vie de bohème

Maître des comédies tragiques où le cinéphile est capable de rire et de pleurer dans la même scène, Aki Kaurismäki fait preuve de son grand talent dans La vie de bohème, où il suit trois artistes fauchés qui se mettent constamment dans le pétrin. Avec son univers qui évoque le cinéma français d'avant-guerre, ses fabuleux acteurs pince-sans-rire et ses thèmes qui se veulent à la fois engagés et humanistes, il se distille beaucoup de mélancolie de cette fable un peu mince mais toujours belle et enivrante. ***1/2

lundi 3 mars 2014

Retour sur la soirée des Oscars

Avec Ellen Degeneres à l'animation, la 86e édition des Oscars a sacré hier soir 12 Years a Slave, Gravity et Dallas Buyer's Club.

Voici mon retour sur cette soirée qui semblait parfois s'étirer en longueur.

Film du jour: Hiroshima mon amour

Alain Resnais, un des cinéastes les plus importants du cinéma, est décédé hier à l'âge de 91 ans. Il laisse une filmographie essentielle où, du long de sa longue carrière, il a toujours modernisé son art. De ses nombreux classiques, il y a bien entendu Hiroshima mon amour, ce pensum métaphysique sur l'amour, la guerre et la mémoire, où les mots de Marguerite Duras sont sublimés pour créer un chef-d'oeuvre absolu, qui offre sans cesse quelque chose de nouveau à chaque nouveau visionnement. Voilà l'exemple parfait de ce que l'art devrait être. *****

dimanche 2 mars 2014

Film du jour: Ain't Them Bodies Saints

David Lowery. Retenez bien ce nom, car monsieur sera bientôt un grand cinéaste. Du moins si l'on peut se fier à son dernier film Ain't Them Bodies Saints qui aurait facilement eu sa place aux Oscars et qui raconte l'histoire d'amour maudite entre une mère de famille et son époux en prison qui trouve le moyen de s'évader. Malgré une histoire conventionnelle et quelques longueurs, le réalisateur insuffle un souffle romanesque à son récit, évoquant allègrement le cinéma de Malick et celui des années 70. À ce chapitre, les images sont à couper le souffle et le duo formé de Casey Affleck et de Rooney Mara fonctionne plutôt bien. Lorsque l'atmosphère prend le dessus sur le reste. ***1/2