lundi 5 avril 2010

Le déclin du cinéma sud-coréen... au Québec


Un petit tour de quelques jours vers New York permet toujours de se rappeler comment, sur le plan cinématographique, Montréal, et surtout le Québec, n'est tout simplement pas dans le coup.

Prenez simplement un film assez populaire et tout de même médiatisé, qui a débuté son «baptême» en compétition officielle à Cannes, avant de prendre le chemin du festival. Tout le monde n'en avait que pour les derniers Tarantino, Audiard ou Haneke, mais le formidable Mother de Bong Joon-ho est une oeuvre dantesque, complètement imprévisible et souvent manipulatrice, concernant une mère qui cherche à sauver son fils d'une peine de prison. Du grand cinéma, à la fois dramatique et absurde, qui a été diffusé l'été dernier à Fantasia avant de disparaître complètement des radars.

À quand sa sortie en terres québécoises? Car voilà un titre qui serait parfait à l'AMC et au Cinéma du Parc, en plus de faire son chemin jusqu'à Sherbrooke et à Trois-Rivières, ce qui donnerait une alternative en ces temps fades dominés Clash of the Titans.

Il y a quelques années à peine, le cinéma de la Corée du Sud était sur toutes les lèvres, célébrant des cinéastes majeurs comme Park Chan-wook qui venait à peine d'offrir son sublime Old Boy. Maintenant, il est pratiquement absent sur les écrans, et il faut chercher très fort pour les trouver en DVD.

Grand admirateur du réalisateur Kim Jee-woon depuis son inoubliable A Tale of Two Sisters, les mauvaises nouvelles se multipliaient à son sujet. Ses longs métrages sortaient à peu près partout (France, États-Unis, etc.), mais jamais ici. J'ai pu rattrapper le temps perdu en me procurant ses deux derniers ouvrages, qui sont supérieurs à 75% de ce qui prend l'affiche à chaque fin de semaine.

Stylisé et élégant à souhait, A Bittersweet Life est une plongée attendue mais tout de même fascinante sur le crime organisé, où un ancien garde du corps est désapprouvé par son ancien patron. La mise en scène maîtrisée et les nombreuses scènes d'anthologie en font une bombe à retardement qui, contrairement à d'autres productions du coin, n'est pas trop bizarre pour un public nord-américain.

Il en va presque tout autant pour The Good, The Bad, The Weird, un western parodique et ultra kitch avec de l'action à plus finir, des poursuites et des confrontations musclées, mais également un soin de tous les instants consacrés à la caméra et au son, en plus d'enrouler quelques quiproquos politiques à ce qui n'était, finalement, qu'un gros divertissement d'été. Et cela fonctionne la plupart du temps malgré sa trop longue durée!

Mais pour attraper ces titres - et plusieurs autres -, faut-il nécessairement aller se balader dans la Grosse Pomme? Ou tout plaquer pour devenir distributeur comme les courageuses personnes d'Evokative Films? Il y a toujours Internet, ce qui, ironiquement, est probablement l'endroit le plus aux antipodes du septième art. Mais un simple refuge devant la passivité des propriétaires de salles d'ici qui ne prennent aucun risque devant des productions qui pourraient pourtant leur attirer une nouvelle clientèle.

5 commentaires:

  1. C'est vrai qu'on aime ça le cinéma coréen chez Evokative Films. Déjà disponible en DVD (et à prix nouvellements réduits): CRYING FIST, HANSEL & GRETEL et DAYTIME DRINKING.
    On espère sortir le DVD de ROUGH CUT avant lla prochaine édition de Fantasia.
    http://www.evokativefilms.com/fr/store

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  2. Petit erratum. Mother n'a pas été de Fantasia, mais bien du Festival de Toronto (TIFF). Je ne comprenais pas d'ailleurs pourquoi je l'aurais manqué à ce moment-là. Là, tout devient plus clair!

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  3. Mother a passé au dernier Festival du Nouveau Cinéma de Montréal également (là où je l'ai vu).

    Je ne sais pas s'il y a nécessairement un déclin des films coréens, puisque Chan Wook-Park pourrait difficilement faire plus jaser et il y avait une belle visibilité du pays à Fantasia également.

    Sauf que c'est vrai que les films asiatiques souffrent d'un problème de distributions et Evokative doit en écoper énormément.

    Reste à voir si Mongrel fera une sortie ciné/dvd digne de ce nom pour l'excellent Mother.

    Il faut dire que le public visé par ce genre de cinéma est assez restreint et qu'ils ont depuis longtemps compris qu'ils seraient mieux servis par les torrent, les stream et les lecteurs multi-régions que d'oser agacer les distributeurs de se plier.

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  4. En effet, Mother était au Festival du Nouveau Cinéma qui, avec sa date tardive (octobre), peut récupérer tout le stock des autres gros festivals (Cannes, Toronto, etc.), ce qui est un peu triste pour les plus petits festivals comme Fantasia.

    Pour Chan Wook-Park, ses derniers films ont eu de trop courtes vies en salles. Sa fantastique romance sur le cyborg n'est pas disponible ici, alors que son excellent film de vampires Thirst est resté quoi, 2-3 semaines à l'affiche, ce qui est dommage. Et en espérant tout de même qu'il retrouve l'aplomb de Old Boy et Lady Vengeance...

    Eh oui, reste à voir ce que fera Mongrel/Métropole avec Mother. Sauf que même si ce genre de films se trouve facilement sur les torrents et les streams, il faut absolument les voir en salles. Pour la beauté des images, le soin apporté aux couleurs et aux sons, etc. De toute façon, n'est-ce pas l'essence du septième art de «communier» et de former les cinéphiles de demain, même auprès des gens qui de veulent pas télécharger?

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  5. Mouais Cyborg était magnifique, dommage que Evokative ont manqué de timing et ne savent plus quand et comment ils vont le distribuer. C'est vrai que Thirst a été mal géré (le dvd laisse énormément à désirer) et QUEL film pourtant.

    Et je suis d'accord pour les films en salles, c'est un peu un chez moi, un repaire, je suis bien quand j'y suis, et rien ne fait autant vivre l'ambiance autant sonore que visuel. Effets qui font également amplifier l'ennui des véritables navets. Oups..

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